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Bolivie (16)

Bolivie

Tahuantinsuyu, Sur la route des Incas

Partir à deux, à la découverte des Andes d'hier et d'aujourd'hui, à travers l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili et l'Argentine.
Avec, pour balisage, les sites incas, pré-incas et les merveilles naturelles.

Bolivie Dubuis1La marche est un état d'esprit qui permet de vivre pleinement les événements du quotidien en gardant le temps pour soi. L'envie de réaliser un magnifique voyage à pied afin de nous faire plaisir en découvrant un autre monde que celui que nous connaissons, nous titillait depuis longtemps. En mai 2012, nous nous sommes lancés à pied à travers l'ancien et vaste Empire inca "Tahuantinsuyu". Un itinéraire de dix mois, long de 5 000 kilomètres qui s'étend des vallées peuplées et verdoyantes aux hauts plateaux désertiques et arides, jusqu'aux sommets des Andes, à 6 000 mètres d'altitude.

Sorti de notre imaginaire rêveur, cet itinéraire à travers le grand Empire inca est un mélange de sentiers mythiques, culturels, panoramiques, de sentiers perdus et parfois de routes... En Équateur, nous avons suivi la majestueuse "Allée des Volcans" au pied du Cotopaxi, de l'Antisana et du Chimborazo. Au Pérou, nous sommes partis sur les traces du Qhapaq Ñan, l'ancien chemin royal qui menait à Cusco.
De là, la Bolivie nous attendait.

Sur l'Altiplano bolivien. Du pied du volcan de Sajama, point culminant du pays à 6 542 mètres, l'Altiplano bolivien, a été une partie de notre traversée de l'Empire inca.
Ces quarante jours de marche ont été les plus éprouvants, avec 950 kilomètres de régions désertiques à une altitude moyenne de 4 000 mètres. Nous avons laissé derrière nous les vallées profondes et les hauts cols pour trouver d'immenses étendues plates où nous avons marché sur des kilomètres de lignes droites, sans un virage à l'horizon. Malgré ces longueurs interminables, nous avons traversé des paysages diversifiés qui ont égayé nos journées.

Des panoramas surréalistes. Nous avons serpenté entre salars, volcans, pampas, déserts de sable, villages à demi-abandonnés avec, parfois, le sentiment d'arriver au bout du monde.

Le village de Macaya et sa lagune au pied d'une cordillère reste, pour nous, l'ultime rempart de ce pays haut perché. À maintes reprises, nous avons été emerveillés par des panoramas surréalistes. Le salar de Coipasa, inondé à notre passage, que nous avons dû franchir les pieds dans l'eau, reflétait l'horizon comme un miroir. La magie a, de nouveau, opéré au volcan Thunupa, aux couleurs ocre, verte, rouge, noire qui resplendissaient de toutes parts. Depuis son sommet se dressait, face à nous, un blanc infini, le grand salar d'Uyuni.

La région du Sud Lipez a été une porte d'entrée vers un "autre monde" par ses couleurs et son ambiance. Des pistes sableuses nous ont accompagnés d'un lieu à un autre vers ce monde aux teintes inimaginables avec les lagunes Colorada, Verde...
Les volcans Ollagüe, Amarillo... Et les déserts qui sont venus enrichir cet univers irréel. Notre traversée de l'Altiplano s'est achevée, le souffle court, à 5 916 mètres d'altitude au sommet de Licancabur, récompensant nos efforts fournis ces quarante jours.

Malgré les obstacles imparables rencontrés dans ces immenses étendues vides, le vent violent, les fortes variations de températures, le manque d'eau, le relief accidenté... ce que nous gardons en mémoire c'est un éclatement de couleurs et un panorama unique, dont nous avons eu le temps de nous imprégner. Avec une bonne préparation, il est possible de "Partir Autrement" à la découverte des régions les plus isolées.
Bolivie Dubuis
Apprendre à partager. Si le fait d'être ensemble en permanence n'est pas toujours évident, il permet cependant le rapprochement. Dans les zones désertiques comme la Bolivie, ces contrastes s'accentuent. Le manque d'ouverture sur le monde, dans ces contrées lointaines, nous donne la sensation d'enfermement sur nous-mêmes. Perdus au milieu de ces grands espaces, il n'est pas aisé de satisfaire son besoin d'isolement personnel.

Si cette aventure s'est choisie et se vit à deux, elle contient une part d'individualisme où chacun perçoit à sa manière le moment présent, que nous sommes amenés à partager.

Pour Célia, la traversée de l'Altiplano était, entre autres, une revanche sur une longue maladie. Pour Simon, il s'agissait d'un itinéraire "royal" convoité depuis de nombreuses années. Dans ce contexte, où la limite physique est souvent atteinte, la fatigue morale peut survenir sans raison apparente. Dans le quotidien de la marche, nous avons appris à partager. Être à deux donne la force de pouvoir s'appuyer sur son compagnon. Savoir montrer ses moments de faiblesse, c'est accepter l'entraide. Être à deux, c'est aussi partager des moments inoubliables, des découvertes, des fous rires, des émerveillements et des moments de complicité...

La marche nous a apporté des moments de plénitude, nous a permis de nous évader et de laisser place à la réflexion. Associé au nomadisme, ce mouvement répétitif et perpétuel nous a projetés vers l'inconnu. Le plus important pour nous est d'avoir ce sentiment de liberté totale qui nous a transportés tel un condor volant au-dessus des Andes.

Texte et photos : Simon Dubuis (75)



Cordillère des Andes Enfer et paradis

Bolivie, pays de dualité. À Potosi se côtoient mineurs, précarité, culture quechua et couleur. À Uyuni, le salar majestueux, son immensité et les lagunas époustouflantes sont contrebalancées par la pollution et la véritable dépendance à l'économie apportée par les touristes.

Montagne désertique balayée par la force du vent, le Cerro Rico s'élève vers le ciel. Ce mont aux teintes orangées est comme un protecteur pour l'une des plus hautes villes du monde, Potosi (4 070 m). En quechua, langue indienne toujours pratiquée, Potosi signifie "tonnerre".

Dans la petite ville à l'architecture coloniale, le tonnerre ne vient pas du ciel mais de la terre.

La Pachamama, déesse de la terre, a caché ses trésors dans le Cerro Rico. Depuis des centaines d'années les hommes se relaient comme des fourmis pour extraire les richesses du sous-sol. Les sombres tunnels sont le royaume d'El Tio, un diable vénéré par les mineurs. Seuls les hommes ont le droit de descendre dans les profondeurs de la terre.
El Tio est l'amant de la Pachamama, et la déesse jalouse les femmes qui s'approchent de son amant.
Dans un recoin des boyaux qui descendent dans la montagne, une statue de terre d'El Tio.
Les mineurs viennent demander la protection du diable. Ils offrent au dieu de l'enfer des feuilles de coca, des cigarettes et de l'alcool à 96 degrés. Ils offrent aussi de l'alcool à la Pachamama avant de consommer eux-mêmes ce qui les aidera à tenir pendant parfois 24 heures de travail d'affilée.
La ville de Potosi rayonne à la lumière du jour. Ses maisons de couleurs et ses innombrables églises tranchent avec la vie de la mine.
Les hommes sont à la mine ce que les femmes sont au marché. Sur le sol ou au milieu des étals, elles vendent ce qu'elles ont.
Des hauts plateaux et des montagnes qui entourent Potosi, on se laisse vite tenter par les merveilles promises. Dans le bus qui mène à Uyuni, le clair de lune ne laisse apparaître que les silhouettes diffuses de la montagne. Rêve éveillé, des courbes délicates forment un paysage onirique.

On se réveille à Uyuni dans la réalité à l'état brut.

Un champ de sacs plastiques de plusieurs kilomètres cerne la ville. Une cité aux avenues de poussière, animée par la venue de nombreux touristes prêts à découvrir le salar d'Uyuni. Les petites agences de tourisme proposent le rêve à portée de main, photo à l'appui. Entre les merveilles promises à quelques kilomètres de là et la vie des gens d'ici, il y a le grand écart. Uyuni tente de survivre tout en répondant à la demande des touristes. Jamais, je n'ai vu une ville de Bolivie avec autant de pizzerias ni de files d'attente composées uniquement d'étrangers. J'embarque comme tout le monde dans un 4x4 avec quatre autres touristes. Nous partons en sens contraire des autres groupes, direction le Sud et la frontière du Chili, avant de terminer au Nord dans le grand salar d'Uyuni. La route s'étire dans des paysages presque désertiques. Seules de petites herbes pour nourrir les lamas, et le quinoa pour sustenter les hommes, arrivent à pousser. Soumise aux températures extrêmes et aux vents, c'est un miracle de voir de la végétation à une telle altitude.

Bolivie1Le sud-est bolivien regorge de beaucoup de petits miracles, telle la lagune Colorée, rouge et blanche, oasis improbable au coeur d'un monde qui ne l'est pas moins.
La profusion de flamants roses est d'autant plus étrange. Sur les terres inhospitalières de la cordillère des Andes, la vie donne une leçon et abonde là où tout semblerait impossible.
À l'aube du second jour, on se demande si la magie sera encore là aujourd'hui. L'odeur repoussante du soufre envahit l'espace. Dans une épaisse fumée grise, des geysers. Brûlant et imprévisible, l'enfer a trouvé le chemin pour venir sur terre. Mais là encore, on est irrésistiblement attiré. Le sol s'est paré des couleurs les plus improbables. Délicat mélange, d'une peinture surréaliste. Encore plus au sud, la lagune Verte, au pied du volcan Licancabur, à la frontière du Chili. Cette fois-ci, c'est une aquarelle que la Pachamama a peinte. Un subtil camaïeu de vert rehaussé par les couleurs vives des flamants roses. Pas le temps de rester en admiration, le vent nous fouette et le chauffeur nous presse. Direction le nord.
Des foisonnantes lagunes, nous passons au désert de sable et de pierre. Des rochers sculptés par l'érosion qui ont inspiré les tableaux de Dali. Il suffit d'escalader ces petits blocs de roche pour s'imaginer être les rois du monde.

Les rois que nous sommes paradent avec leur 4x4 tout confort dans les petits villages.

Nous passons là où les habitants n'ont même pas les moyens de se payer des vacances. Subvenir à ses besoins quotidiens est déjà difficile. Le tourisme est une manne financière pour la région mais tous n'en profitent pas et les villages pauvres voient défiler les richesses de pays lointains. Se mettent-ils à rêver ou voient-ils l'injustice de leur situation?
À l'aube du troisième jour de visite, le lac de sel nous apparaît enfin dans la lumière chaude du soleil levant. Une caravane de 4x4 défile dans l'immensité du désert d'Uyuni. Le ciel a fait la paix avec la terre. Ils se sont unis. La frontière de l'horizon a disparu, laissant place à l'infini. Imaginer qu'ici il y avait un immense lac. Imaginer qu'ici il y avait de la vie. Aussi sublime que terrible, le temps et la nature ont fait leur oeuvre.

Au milieu du salar, dans l'immaculée blancheur et sous un soleil torride, on réfléchit à sa place dans le monde. J'observe mes compagnons de voyage faire des photos humoristiques où ils baignent dans un verre de bière alors que, dans le village voisin, des petits enfants travaillent à 10 ans à peine. Nous n'avons pas le temps de nous demander ce qu'on pourrait apporter aux villageois. La caravane touristique ne s'arrête que pour montrer les merveilles du pays. Dans le Sud-Lipez, l'enfer et le paradis sont si proches qu'on ne peut les distinguer. Les splendides paysages nous feraient presque oublier que tout n'est pas rose dans le pays des flamants.

Texte et photos Sabrina Budon
http://cendrillons.over-blog.com/





Découvrir les Andes

Josefina, Alfonso, Juan et Roberto vivent au Pérou ou en Bolivie, à la ville, à la campagne ou dans la montagne. Qu'ils soient paysan, tisserand, muletier, écolier ou employé, Delphine et Samuel les ont croisés au détour de leur voyage.

Portrait de ces "gueules du coin".

Pérou Josefina

AndesjosephinaJosefina a 80 printemps, et vit à Chinchero, un petit village près de Cuzco.
Elle est campesina (paysanne) et habite avec trois de ses enfants. Les deux autres sont partis vivre à Lima. En ce moment, c'est l'époque des semis de patates à Chinchero.
Mais comme les cultures ne lui suffisent pas pour joindre les deux bouts, Josefina se rend plusieurs fois par semaine à Cuzco en bus, pour vendre ses tissages. Elle récolte la laine de ses moutons, la teint avec des colorants naturels fixés à l'eau bouillante, puis file la laine ainsi colorée. Le rouge est par exemple obtenu à partir d'une cochenille parasitant les cactus. L'insecte est écrasé et son sang colore les fils de laine. La couleur verte est obtenue à partir du mélange de deux plantes sauvages. Le bleu provient de la mullaca, une herbacée des hauts plateaux. Les racines de ratanhia confèrent aux tissus leur couleur marron.
Les graines de molle, un arbre péruvien, teintent la laine ou le coton en jaune. C'est la maman de Josefina qui lui a appris l'alchimie des couleurs, la complexité du tissage et les différents motifs. Mais comme Josefina ne sait ni lire, ni écrire, elle ne se souvient pas de tous les patrons ornant les précieux tissages. Certains modèles sont perdus à jamais, et elle le regrette.
Pour tisser une seule ceinture, la mamacita travaille neuf longues heures par jour, pendant deux journées consécutives. Elle s'assoit par terre, cale les fils assemblés avec son pied et tisse des ceintures colorées représentant des symboles de la cosmovision andine : condor, puma, canard... Puis elle déambule de place en place, toute la journée, pour proposer ses tissages chamarrés, qu'elle vend 35 soles (une dizaine d'euros), avant de reprendre le bus le soir pour Chinchero, exténuée par sa longue journée de marche.

Pérou Alfonso, l'arriero

AndesAlfonsoAlfonso, 60 ans, est arriero (muletier) depuis 35 ans. Il est né et vit toujours à Cashapampa, un pueblito quechua situé dans la Cordillère Blanche à 2 900 m d'altitude. Dans sa vie quotidienne, Alfonso parle le quechua. Il communique avec les gringos (étrangers) en espagnol. Fils de paysan, il cultive également la terre en dehors de son travail d'arriero : maïs, patate, kiwicha (céréale). Il a 5 burros (ânes) dont Francisco, 15 ans, qui nous a accompagnés sur un trek de 4 jours. Alfonso vit aujourd'hui seul, sa femme est partie avec un autre homme. Il a 5 enfants. Le plus jeune a 20 ans. Deux de ses filles sont restées vivre à Cashapampa. Ses autres enfants sont venus grossir les chiffres de l'exode rural pour Lima. Être arriero, c'est dur. Cela signifie partir plusieurs jours dans la montagne alors qu'il n'est pas équipé pour le froid. Il marche avec des sandales, dort dans une tente avec une simple couverture, est tributaire de ce que les gringos veulent bien lui donner à manger. Quand le trek est terminé, les touristes lui reprennent la tente pour la rendre à l'agence de location, alors qu'il a encore un long chemin à faire avec son âne pour rentrer chez lui. Il dort alors dans des grottes ou profite de la pleine lune pour effectuer les 14 heures de marche qui le séparent de son village. Alfonso envisage de travailler au moins jusqu'à 70 ans.
Il n'aura pas de retraite car il est à son compte (au Pérou, la retraite est réservée aux fonctionnaires). Il aimerait arrêter son difficile métier pour être cuisinier accompagnant les groupes de touristes.
Ainsi, il n'aurait plus besoin de ramener son âne à pied pendant de longues heures une fois le trek terminé. Alfonso "vit" la Cordillère Blanche. Il connaît tous ses sommets, tous ses dangers. Il sait le froid. Il sait la pluie et le brouillard. Ses pas ont foulé pendant 35 ans chaque brin d'herbe, chaque caillou. Il connaît chaque glacier. Il les voit fondre, et ne sait pas pourquoi.

Bolivie Roberto Chino, le muletier

AndesRobertoRoberto a 39 ans et vit dans le hameau aymara de Rakatiya, isolé à 3 900 mètres d'altitude dans la Cordillère royale. L'électricité est arrivée depuis peu à Rakatiya. Il faut dire que le village le plus proche est à trois heures de marche. Comme ses parents, Roberto parle la langue vernaculaire aymara au quotidien. Comme ses parents, Roberto est campesino. Il cultive la pomme de terre, seul légume pouvant pousser à de telles altitudes. Il élève aussi un petit troupeau de moutons. Pour assurer l'éducation de ses quatre enfants, il vend un peu de sa récolte et quelques-unes de ses bêtes à Sorata,
1 500 mètres plus bas, dans la vallée. Mais les temps sont durs, le prix de la pomme de terre a chuté dramatiquement et un mouton se vend aujourd'hui à peine cinquante bolivianos (5 €).
Alors, pour améliorer le quotidien, Roberto est aussi muletier et porteur. Il accompagne les touristes en haute montagne. Mais un pantalon en tergal élimé, un pull col roulé kaki datant de son service militaire et un fin blazer synthétique ne suffisent pas pour supporter les nuits glaciales à 5 000 mètres d'altitude. Alors, il a froid. Il dit qu'il est habitué. Comme il est habitué à porter un sac à dos mille fois raccommodé qui ne ferme plus et dont les sangles usées jusqu'à la corde menacent de se rompre.
Roberto est frêle et de petite taille, mais il porte dans son regard toute la détermination et la résistance des peuples de la montagne devant lutter quotidiennement pour leur subsistance.
Ses yeux expriment également tant de douceur, de bienveillance et d'humilité... Roberto touche. Roberto émeut. On voudrait tout lui donner. Dans la culture aymara, "l'Ajayu" représente l'âme, l'esprit d'une personne, sa force vitale. Roberto a une belle âme. Un "Ajayu" lumineux, coloré, essentiel. Tisse

Bolivie Max Villegas Sanchez

AndesmaxMax est employé de la Confiteria Eli's, un salon de thé situé à La Paz, ouvert en 1942 par Harry, un Juif new-yorkais. Ce petit monsieur digne et discret a eu une vie pour le moins atypique : à l'âge de cinq ans Max assiste à l'assassinat de ses parents.
Propriétaires terriens, ces derniers avaient sous leurs ordres 3 000 campesinos qui se sont soulevés lors de la révolution agraire de 1952. Max se cacha dans le trou d'un arbre et put ainsi échapper à une mort certaine. Orphelin, il devint enfant de la rue à La Paz. Harry, le patron du salon de thé, le prit sous son aile et Max commença à travailler pour ce dernier à l'âge de 8 ans. À 14 ans, Max fit une rencontre déterminante qui modifia, selon ses mots, le cours de son existence. Un jeune homme argentin de 28 ans, prénommé Omar, avait pris ses habitudes dans le salon de thé où travaillait Max, et ils sympathisèrent. Omar logea Max dans sa chambre pendant une année. Il le couvait comme un petit frère.
Ses jours de repos, Max se promenait avec Omar et mangeait des glaces. Ce dernier transmit à Max l'amour des livres. Il lui répétait souvent la nécessité d'être cultivé : - "Max, il faut que tu te cultives, la base fondamentale de l'être humain, c'est l'éducation." Il lui apprit l'autodiscipline, la fermeté dans ses décisions et la solidarité envers les nécessiteux. Omar raconta un jour à Max qu'il avait abandonné la carrière d'ingénieur pour des études de médecine, car il sentait le besoin intime d'aider les gens qui étaient le plus dans le besoin. Il était profondément humaniste, détestait l'injustice et trouvait les inégalités sociales insupportables. Durant la période où ils vécurent ensemble, Omar était très discret concernant ses activités.
Mais il était quasiment toujours là le soir pour venir chercher Max après son travail. Un jour,
Omar, qui appelait Max "mon compagnon d'âme", se sépara de ce dernier : - "Je m'en vais, je ne sais pas si nous nous reverrons, au mieux, c'est la dernière fois que nous sommes ensemble." Max ne comprit pas ces dernières paroles... Celui qui se faisait appeler Omar n'était autre que Ernesto "Che" Guevarra. Max a aujourd'hui 62 ans. Quand on lui pose des questions sur son passé, il sort avec fierté un article d'un journal récent parlant de sa rencontre avec son illustre compagnon de chambrée, et il va se recoiffer dans les toilettes du salon de thé avant de poser pour la photo.u

Bolivie Juan, le petit berger

AndesJuanJuan a 10 ans et vit dans une ferme isolée dans le massif du Condoriri au coeur de la Cordillère royale.
Une petite chaumière au mur de pierres grossières, à 4 500 mètres d'altitude, au milieu de la pampa.
La semaine, Juan va à l'école au village le plus proche situé à une heure de route !
Le week-end, le petit homme se transforme en berger et surveille le troupeau d'alpagas familial. Une vingtaine de bêtes, c'est du travail, car les pâtures ne sont pas grillagées et l'alpaga est coquin...
Heureusement, ses deux chiens le secondent bien dans son travail.
Pendant ce temps, son père surveille un peu plus haut dans la montagne un troupeau de moutons, et sa maman s'occupe de la maisonnée
Le plus difficile, c'est de surveiller le troupeau à la saison des pluies, du mois de novembre au mois de mars.
Il faut alors rester toute la journée sous une pluie battante !




Texte et photos Samuel Roche et Delphine Zamaine 



De Llica au lac Titicaca

Raoul_14Le départ de Llica était plein d´interrogations car je n´avais aucune idée de la manière de rejoindre le Salar de Coipasa et Colchane, la frontière chilienne. Il existe bien un itinéraire par l´est du Salar de Coipasa qui circule sur le net, mais il y est fait mention de grande portion ensablée où il faut pousser. Et j´ai horreur de cela. J´ai donc décidé de tenter ma chance par le coté ouest. A la sortie de Llica déjà, la piste multipliait les embranchements. Si je n´avais pas tout à fait compris vers où rouler, j´avais en tous cas compris quel chemin ne pas prendre : je ne devais pas longer la montagne trop longtemps.

La route était fort vallonnée et malheureusement pour moi, bien sableuse. J´ai donc fait comme tout le monde, j´ai poussé! J´arrêtais les rares véhicules passant par là pour me faire confirmer le chemin. J´ai fini par comprendre que je devais rouler vers Hizo, en passant par Challacollo. Et là, on m´a indiqué un village intermédiaire, Santa Victoria. Tous ces villages comptent une dizaine de maisons et sont en général déserts. Il faut crier dans la rue, pour espérer trouver une personne! Sur la route, un chauffeur de pick up m´a dit de tourner à droite à la prochaine intersection. Mais sur ces pistes, il y a des intersections tout le temps et je borne donc à suivre la piste principale, celle qui porte le plus de marque de passage. Le chauffeur m´a alors proposé de m´embarquer avec le vélo jusqu´à ladite intersection, ce que j´ai refusé. Il m´a alors gentiment dit qu´il y irait en voiture et m´y attendrait. Ce qu´il a fait ! Une heure plus tard, je le trouvais au volant de sa voiture, au milieu d´un croisement, sortant le bras pour me montrer vers où rouler.

Je suis donc bien arrivé dans le village de Hizo. J´y ai planté ma tente vite avant la nuit, devant l´école, pour me protéger du vent. Dans l´école, il n´y avait que la maîtresse et ses deux enfants. Et dans le village, une dizaine de personnes. J´ai découvert le plaisir de puiser l´eau dans un puits pour me faire cuire les pâtes. L´eau était trouble, mais une dame m´a dit qu´il n´y avait rien de mieux ici...

Raoul12De Hizo, il était simple de rejoindre le salar de Coipasa, mais la piste était difficile, entre sable et tôle ondulée. En se rapprochant du salar, le sel rendait la piste plus dure et plus lisse. Si le salar d´Uyuni est sec, celui de Coipasa est plus humide, surtout sur les bords. J´ai suivi des traces jusqu´à arriver à une exploitation de sel. Des habitants d´un village voisins extrayaient des plaques de sel avec des pics et des pelles. Puis, une femme réduisait ces plaques en grains, à l´aide d´une pioche. Travail très difficile car le blanc du salar réverbère la lumière et la chaleur. Les travailleurs ne pouvaient pas se découvrir pour avoir moins chaud, ils auraient brûlés. C´est donc emmitouflés des pieds à la tête qu´ils effectuaient leur labeur. Entre quatre et six jours pour arracher au salar assez de sel pour remplir un camion. Et par camion, une centaine de dollars de paie, pour six personnes. Le sel sert à la voirie, pour les rues d´Oruro.


En suivant mon instinct et ma boussole, je suis sorti du salar et j´ai rejoint le village de Colchane. J´espérais y trouver de la nourriture mais rien...L´hôtel de ce village faisait aussi bureau de change, et épicerie, mais on y trouvait que des petits gâteaux. Le lendemain matin, il n´y avait pas moyen d´acheter du pain dans ce village ! J´ai récupéré celui de la veille et de l´avant veille... Un peu maigre pour tenir les trois jours suivants ! J´ai quitté Colchane plein d´en train, filant vers les parcs naturels de Vicuna et de Lauca. Je savais que des beaux paysages m´attendaient, t je n´ai pas été déçu. Ca a monté durant un jour et demi, longeant des ruisseaux et des zones humides avec d´étranges oiseaux. J´ai atteint un col à plus de 4700 mètres, après un bivouac au pied de montagnes splendides. De nombreuses vigognes, cousines du lama en plus élégantes, couraient dans cet espace immense.


Raoul_14Je suis arrivé au Salar Surire en milieu de journée. Un petit salar entouré de volcans et peuplé de flamands roses, de vigognes et de vizcucha. Ce dernier est une sorte de lièvre à longue queue qui pourrait aussi faire penser à un petit kangourou. Le refuge où je comptais passer la nuit étant fermé, je me suis installé devant pour faire un festin en attendant les gardes. J´emporte toujours une boîte de bon foie gras lors de mes voyages. Je le réserve pour les moments exceptionnels. Et là, face à ces paysages exceptionnellement beaux, et après des efforts pas négligeables, c´était le moment idéal pour le savourer. J´ai fait griller le pain rassis sur mon réchaud et j´ai déguster mes cent gramme de foie gras ! Une vizcucha peu timide a d´ailleurs tenté de prendre sa part !


Le lendemain, j´ai suivi les conseils des gardes et ai chargé mon vélo dans un camion pour une cinquantaine de kilomètres. Depuis deux jours, je n´avais vu que trois voitures mais là il y avait un problème : une grosse entreprise exploite une partie du salar pour en extraire du sel de Bohr. Et on est loin des gens avec pelles et pioches du côté bolivien ! Ici, chaque matin, plus de cent camions roulent à toute allure sur la piste pour rejoindre l´usine de traitement. Des gros camions roulant vite sur une mauvaise piste, ca ne me disait vraiment rien, tant à cause de la poussière que du risque de passer sous leurs roues. J´ai donc fait le planton à l´entrée de la mine et après une heure, on a accepté de charger mon vélo dans un pick-up en panne, lui même chargé sur un camion.

A la descente de ce camion, un nouveau col à 4700 mètres m´attendait. Puis une descente vers la frontière où j´ai eu la joie intense de retrouver le bitume. On entre en Bolivie par une longue ligne droite forte pentue. J´y ai atteint 83 km/h ! A cette vitesse, je pensais arriver au village de Sajama très rapidement... Mais il fallait quitter la route principale pour onze kilomètres de piste. J´ai mis deux heures pour en venir à bout. Heureusement, je poussais au pied du volcan Sajama, il y a pire comme environnement. A l´hôtel, j´ai rencontré cinq alpinistes alsaciens qui m´ont conseillé de faire un "petit" sommet du côté de La Paz...

Raoul11Le lendemain, j´ai eu la chance d´arriver jour de marché à Curahuara. Il n´a lieu que tous les quinze jours. Beaucoup de stands de nourriture, des vêtements, et beaucoup de bière... J´ai ensuite continué à rouler jusque Patacamaya, dans de vraies montagnes russes. J´ai finalement plongé dans un profond canyon, où les lamas gambadaient le long de la rivière. Si la circulation était limitée jusque Patacamaya, à partir de là, sur deux voies, il y avait une file presque ininterrompue de voitures, bus, minibus et camions. Tous roulant le plus vite possible et ne craignant pas de se dépasser au risque de se retrouver à trois en parallèle. Les paysages étant monotones et moi même étant quelque peu malade, j´ai fait les cent kilomètres en bus jusque La Paz.

La Paz se trouve dans une cuvette. Depuis El Alto, une grande banlieue sur les hauteurs, on découvre la ville construite sur les flancs de cette cuvette. Les rues y sont assez étroites et très pentues. Les véhicule y crachent une fumée noire en montant, et sont au point mort en descente ! Ville peu aérée, sans verdure et sans arbres. Et il y a ici des germes qui traînent ! Dans mon hôtel, la moitié des clients semblaient avoir des troubles intestinaux.

Après quelques jours pour me vaincre moi même ces microbes, le moment était venu d´atteindre le but de la première partie de mon voyage. Cette "route vers le nord" depuis San Juan se termine au lac Titicaca. J´ai pris un taxi pour rejoindre El Alto puis j´ai rouler vingt kilomètres dans une circulation très gênante. Manque de chance pour moi, c´était le jour de l´amitié et tous les enfants de la Paz faisaient des excursions en bus vers le lac... Mais après quelques heures à respirer la fumée noire des bus et à faire de grands signes pour qu´ils ne me serrent pas trop, la circulation s´est faite plus rare et j´ai aperçu au loin le bleu du lac. Ce n´est que le lendemain que j´ai atteint Copacabana, dans une certaine euphorie. D´une part car cela était mon objectif depuis deux moi, mais aussi car les paysages étaient beaux, très différents de ceux que j´ai traversé jusque là. Beaucoup d´eau, je me suis cru en bord de mer, dans un paysage méditerranéen.

Pour fêter cette arrivée, j´ai acheté de la farine, des œufs et du lait, et je me suis fait une vingtaine de petites crêpes sur le balcon de ma chambre d´hôtel. Ce fut délicieux, digne de ce grand jour ! Le lendemain, j´ai pris un bateau pour rejoindre l´île du soleil, que j´ai traversé à pieds. Voilà, c´était là le point le plus au nord de mon voyage. J´ai revu en marchant toutes les belles montagnes traversées depuis début août, toutes les rencontres, dans les écoles et sur le bord des routes. Il était temps de retourner à La Paz pour un dernier petit plaisir avant de prendre le bus vers le sud...


Raoul Jehl
http://notesvagabondes.free.fr/


 



Au-dessus du salar d’Uyuni

L’ascension du volcan Tunupa : une excursion hors des sentiers battus sur le salar d’Uyuni et un effort physique réel récompensé par le panorama.

 

Nous voici face à des momies

 

Boliviegourgeot2Lors de notre excursion dans le Sud- Lipez, nous avions foulé le salar d’Uyuni, mais sous un ciel blanc-gris.

Nous avons souhaité y retourner sous un ciel bleu et en profiter pour gravir le volcan Tunupa qui domine la vaste étendue de sel blanc. Nous qui avions réalisé le tour de quatre jours à partir de Tupiza, en partie parce qu’il n’y a pas beaucoup de tour-opérateurs et que le choix est vite réalisé, nous voilà à courir une bonne dizaine d’agences à Uyuni. Le tour classique passe par l’hôtel de sel, la ville des travailleurs du salar ainsi que l’île du Poisson, sites qu’il ne nous intéressait pas de revoir, alors que ce que nous souhaitons est un peu spécifique : fouler le salar et faire du trekking sur le volcan Tunupa.

 

Départ 9 h... en théorie. Le chauffeur n’arrive qu’à 9 h 15 et passe faire les courses au marché pour le repas du midi. 9 h 30, nous voilà enfin partis... pour nous rendre chez lui : il doit chercher ustensiles de cuisine et couverts. Vu le temps à patienter dans la voiture, la vaisselle ne devait certainement pas avoir été faite ! Les trois-quarts d’heure de retard sont vite oubliés dès que le 4x4 arrive sur le salar. Un premier arrêt nous permet de réaliser des photos humoristiques. Car c’est bien l’une des attractions touristiques, au-delà de l’aspect géologique. Les touristes rivalisent d’imagination pour obtenir des photos dignes des trucages de “Chérie, j’ai rétréci les gosses”.

Le fond blanc dévoilé par la surface du salar ainsi que le fond bleu du ciel permettent des jeux de changement d’échelle. Nous partons ensuite en direction du volcan Tunupa. Tel un marin qui semble apercevoir une île à l’horizon, nous distinguons le volcan qui grossit à mesure qu’on l’accoste. Il semble si proche, pourtant nous roulons encore et encore, et il reste toujours aussi lointain. Une heure et demie de traversée du salar nous sont nécessaires pour atteindre la base du volcan.

 

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