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Carnet de route

Malenbaï redonner vie au désert.

Malenbai1Fin 2010, alors que Pascale et Daniel Lebon préparent un voyage au Rajahstan, la lecture d'un article du n° 134 de Globe-trotters ainsi que la visite des sites Internet associés, les décident à faire une étape chez Pabu et Capucine, le couple franco-indien fondateur de l'association
Malenbaï dont le but est de faire revivre l'artisanat de la caste des Bilhs.

De loin, nous apercevons quelques bâtisses, de vastes étendues de pierres noires comme brûlées par l'implacable soleil, incultes, dangereuses pour les pattes des chameaux et les pneus des rares véhicules qui s'aventurent jusqu'ici. Nous sommes chez Capucine et Pabu ! Un bâtiment en pierre taillée et pisé, à toit plat, prolongé par une vaste terrasse de bouse de vache et sable mêlés. À une cinquantaine de mètres, cinq huttes rondes couvertes de branches sèches solidement arrimées avec des cordages, le vent est, paraît-il, violent et fréquent.


Ces huttes sont disposées autour d'une terrasse de terre ocre dont le centre est occupé par les cendres d'un foyer. À 200 mètres, la première construction de Pabu, avant même celle de sa maison : un petit temple à l'intention de Malenbaï, la déesse locale du désert.
La magie opère. L'accueil est chaleureux. Dal, chapatis, bananes — apportées de la ville spécialement pour nous — et une tasse de chai constituent notre dîner. La plupart du temps, les habitants du désert sont végétaliens par nécessité. Comme tous les soirs d'hiver, un feu est allumé sur la terrasse et, assis en tailleur, emmitouflés dans des écharpes et couvertures, sous un ciel où brillent des millions d'étoiles, les hommes entonnent leurs chants de vie, de survie peut-être, interprètent à la flûte double, à la guimbarde, accompagnés de longues castagnettes, des morceaux traditionnels que, pour rien au monde, ils voudraient voir disparaître. La magie opère, nous devenons habitants du désert, nous partageons un peu la vie de ces

Malenbai2Bihls, Intouchables du désert de Thar. Après une nuit très fraîche, le soleil darde à nouveau ses rayons. Aujourd'hui encore, la température passera de 5 à 30 °C ! Avec un ami de la famille, ramassage de bois pour alimenter le foyer du matin, autour duquel les hommes s'agglutinent, discutent, se rasent mutuellement et celui du soir, équivalent peut-être à nos veillées d'avant l'électricité.
Faire revivre des villages déserts. Plus tard, nous allons voir, à quelques kilomètres, des villageois qui, aidés par Pabu et Capucine, réapprennent les ancestrales techniques de poterie et tissage et, ainsi, retrouvent fierté et maigres subsides. Ces incitations suffiront elles à faire revivre des villages quasi déserts, à limiter un exode vers la banlieue de Jaiselmer où les conditions de vie et de travail nous semblent encore plus pénibles ?

Le lendemain, une longue marche dans le désert nous conduit au village où se trouve l'école. Nous discutons avec les instituteurs et les élèves. Nous sommes tout aussi curieux qu'eux. Comment est organisée la scolarité ?
Combien gagnent les enseignants français ? Réponses nuancées par une comparaison sur le prix des denrées de base, le prix d'un journal... Le sujet est délicat, pose de très larges et épineuses questions. Visite du village, échange de quelques mots anglais avec les ados. Que nous sommes loin de notre monde occidental ! Et pourtant des problèmes sont communs même si leur acuité est plus criante ici : prix en hausse constante des produits alimentaires, problèmes de logement, prise de conscience écologique (gestion des sacs en plastique...).
Trouver dignité et perpétuer sa culture.

Malenbai3Bien sûr, tandis que Pascale discute longuement avec Capucine, je suis le plus souvent avec les hommes et avec Pabu : "Le monde des femmes côtoie rarement celui des hommes. Les habitantes du désert ont une vie très dure où seul le travail est leur façon d'exister. Ici, la plupart des jeunes femmes de vingt-cinq ans ont déjà sept enfants. Les bébés d'un an, ne pouvant plus être allaités sont nourris uni-quement de chapatis. Les carences alimentaires sont grandes. Il est urgent que des médecins viennent enseigner une contraception réfléchie et donner des conseils pour une bonne hygiène de vie. Je souhaiterais que des femmes plus âgées, plus disponibles, confectionnent divers objets artisanaux. L'idéal serait d'implanter près de chez nous un atelier accessible aux villageois. Pour les enfants du désert, l'école, quand elle existe, ne répond pas à leur désir d'apprendre. Ils n'y sont pas respectés, voire maltraités".
Le matin suivant, des bribes de conversation entrecoupées de rires nous parviennent.

Capucine nous annonce que Pabu et quelques amis ont tué une antilope. Manger de la viande est un événement et chez les Bihls, c'est l'occasion de partager les moments de bonheur.
Dans un nuage de poussière, surgit alors un 4x4 rutilant. En sortent quatre hommes à l'allure fière, hautaine voire méprisante. Sans plus d'introduction, ils prennent place à la table de pierre et se font servir les meilleurs morceaux.
Impuissants, nous voyons les hommes se rassasier en poursuivant leur discussion. Puis, après un dernier chai, ils se sont levés, et sans aucun remerciement ni même un regard pour Pabu et Capucine, ils ont disparu.

"Je ne supporte pas que nous soyons traités ainsi, que nous demeurions d'éternels serviteurs.
Je ne désire pas que Mohan, notre fils soit un jour bafoué, obligé de subir de continuelles injustices. La musique enseignée dans une école parallèle serait un bon remède pour eux. Chaque enfant pourrait se construire, trouver une dignité salutaire et perpétuer une culture encore bien vivante. Notre souhait le plus cher est d'apporter le plus possible à ces castes les plus basses, ignorées. Notre devise est de respecter le désert et sa population."

Ce séjour chez Capucine et Pabu nous a permis de mieux appréhender la réalité des Bilhs, les problèmes des castes, toujours si présents dans le désert du Rajasthan, castes pourtant supprimées il y a soixante ans, de partager, autant que possible, espoirs et déceptions de deux passionnés au grand coeur. Vivre notre voyage auprès des habitants, ne pas nous contenter de regarder, mais découvrir, apprendre, comprendre peut-être, au contact de l'Autre : tout un programme !

Texte et photos Pascale et Daniel Lebon



Et j’entends siffler le train …


Mettupalayam, dimanche 15 mai 2011, 4h du matin. Je m’installe sur le quai. Le duty Station Master n’est même pas encore arrivé. Pour le coup, je suis vraiment la première de la file. J’espère que cela me garantira comme promis une place dans ce fameux train historique, l’express de Nilgiri, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO!

TrainInde2C’est la nuit noire, et pourtant il y a tellement de monde dehors ! D’abord à la station de bus, locaux errant sans but précis, mais aussi des êtres qui dorment partout, par terre, parfois simplement recouverts d’un sac plastique. Difficile au premier abord de discerner ces pauvres hères au milieu des tas de poubelles jonchant les abords du chemin.

Mais moi, je n’ai pas l’impression d’avoir dormi. Quelle chaleur ! Comment font-ils, eux ? La mousson arrive à grands pas, je dégouline déjà… et il est 4h20 ! Peut-on s’habituer à être transformée en fontaine portative ? J’ai bien hâte, comme tous les Indiens qui affluent ici à cette époque, de fuir vers les hauteurs, vers la bienfaisante fraîcheur !

Bruits de la nuit. Pleurs d’enfants, chiens aboyant au loin, geckos, grillons… apparitions furtives de chauve-souris en chasse nocturne. Le monsieur endormi sur le banc d’à côté laisse fuser les bruits divers de son corps…  4h40. Pour accompagner les diverses sonorités croissantes, l’appel du muezzin se fait entendre. Du coup, mon pétulant voisin se réveille et part à la prière.

Ce méli-mélo auditif ravit et écœure tout à la fois, sans jamais laisser place à une quelconque gêne. Même seule, femme étrangère au milieu de ce fourmillement imprécis, je ne ressens aucune peur.

C’est plutôt un certain apaisement qui ressort de cette vie qui doucement émerge.

Mais déjà des hommes approchent, et je sais que je vais devoir batailler chèrement pour conserver ma place en tête de file. Dans le métro à Delhi, des compartiments sont réservés aux femmes, et, en théorie, les femmes peuvent passer en tête de file à tout moment à un guichet de la gare. Ici, en pleine nuit, seule contre tous, rien n’est moins sur… Et aucune autre femme en vue qui aurait pu me soutenir comme elles l’ont souvent fait à leur manière dans les bus à travers le pays.

La pression monte, on se défigure, se jauge, se juge, puis on se figure que l’on va passer les prochaines loooongues minutes dans une certaine intimité. En effet, ici, on fait la queue version soca dance, collé-serré. Alors on se sourit, les langues se délient, on se demande d’où l’on vient. On sait tous ou l’on va. La bien fameuse station d’été de Udhagamandalam ou Ootacamund. 

Ooty pour faire court. Le Deauville local. Ou plutôt on espère bien y aller. Car certaines places sont réservées en ligne depuis 3 mois déjà. Je suis apparemment la 99ème sur la liste d’attente. Mais, il y a des avantages à être une étrangère en Inde (et jeune fille par-dessus le marché !). En insistant un peu, à renfort de grands sourires, on se rend rapidement compte que le Station master est le Dieu de la gare. Lui seul a le pouvoir de créer une place quand à priori il n’e existe pas. Du coup, on pourrait presque mettre sa photo sur le poster qui orne son bureau et met au même niveau les prophètes des religions catholique, hindoue et musulmane…



TrainInde1C’est que l’express des Montagnes bleues est un prestigieux vestige du colonialisme anglais. En effet, dès le siècle dernier, ce petit train à vapeur - qui n’est pas sans rappeler la bonne bouille des dessins animés de Thomas, the tank engine -, a permis aux britanniques de découvrir les beautés du paysage montagneux du Sud du Tamil Nadu. Il a ainsi facilité leur installation dans la région de Ooty dans les années 1820. Le lieu accueillait même l’été le centre des opérations de la présidence du Gouvernement de Madras (Chennai de nos jours).

Enfin, c’est les vêtements collés à ma peau par la sueur, tatouée des traces du mur contre lequel je me suis furieusement pressée pour que l’on ne me pique pas ma place, et enrobée des diverses odeurs de mes compagnons d’aventure (plutôt mésaventure pour la plupart) que je sors victorieuse de la mêlée, billet en poche. Soit un petit morceau de papier blanc griffonné à la hâte d’un signe inintelligible, mais qu’heureusement le monsieur du comptoir à billets, en face, semble lui reconnaître.

Et hop, me voilà au milieu d’une famille Indienne, entourée de leurs enfants, prête au départ.

Restés sur le quai, 4 jeunes hommes qui avaient réservés leurs billets en ligne il y a plus d’un mois, mais trop timides, et ne parlant pas le Tamil mais l’Hindi, se sont vus refuser leurs places pourtant déjà payées…. Dure loi de la jungle…

Mais le petit pincement de culpabilité s’efface vite au son du vénérable tchou-tchou ! Les paysages traversés sont magnifiques, nous sommes souvent plongés au milieu des eucalyptus, et rasons les parois de la montagne au point de pouvoir toucher les fougères qui s’y accrochent, ou cueillir les fleurs qui s’offrent à la main. Les vues sont à couper le souffle – en montant, assurez-vous de vous assoir du coté gauche des voitures –, et le passage sur de frêles ponts est plutôt effrayant. Les singes sont du parcours aussi, et habitués qu’ils sont d’obtenir en station diverses sucreries de la part des voyageurs des villes émerveillés.

C’est vrai enfin, quoi de plus génial que de voir une mère qui allaite son petit accourir pour vous arracher des mains ce qui reste de l’emballage plastique qui contenait une barre de chocolat ? Déchet qui rejoindra les autres, nombreux, jetés par la fenêtre par les voyageurs tout au long du trajet… l’éducation environnementale progresse malheureusement à la même vitesse que ce train…


Rêve d’enfance de voir les mécaniciens et machinistes, à chaque station en chemin, rajouter de l’huile de coude aux vieux roulements grinçants, remplir la citerne d’eau, ou charger du charbon  - on entendrait presque les cow-boys arriver au triple galop pour attaquer le fourgon postal !

Au final, plus que de combattre les masses humaines pour obtenir le précieux billet, l’aventure a été de me rendre à Ooty.

En effet, ce Toy train est un véritable tortillard, qui recule même, parfois. Quelques 208 courbes, 13 tunnels et 27 viaducs plus tard, soit 4h30 de traitement de luxe à la vapeur de charbon - notre voiture étant avantageusement placée juste devant la tête de machine - je n’étais toujours pas arrivée à Ooty !

Rompue, je suis donc descendue à Coonoor, petite ville tranquille et typique.

C’est plutôt ici d’ailleurs que l’on retrouve la majorité des sites qui attirent les touristes vers … Ooty ! Soit le Dolphin Nose, formation rocheuse massive qui ressemble au mammifère dont il porte le nom ; le Lamb’s rock, site à pic-nic très prisé des locaux ; les 76 mètres des chutes de Catherine, ou, plus modestement, Sims’, le jardin botanique local.  Certains de ces sites constituent presque des lieux de pèlerinage pour les voyageurs car ils sont utilisés pour les nombreux tournages de films et clips vidéos de Bollywood.

A partir de la superbe demeure reconvertie en YWCA ou je me suis reposée sur les hauteurs de Coonoor, je suis partie à la découverte des plantations de thé, j’ai admiré à loisir ces femmes penchées sur les plants vert tendre enroulées dans leurs vêtements colorés, et pris le temps d’écouter la musique du chop-chop incessant de leurs ciseaux spéciaux, pour ce first flush, particulièrement riche en arômes et prisé des connaisseurs. Avant une séance photo-portrait, elles m’ont même conviée à partager leur thé.

Quel dépaysement en 24h…  Incredible India indeed!

Quelques liens :

Les trains de l’UNESCO en Inde http://whc.unesco.org/fr/list/944

La récolte du thé http://www.questmachine.org/article/Cueillette_du_th%C3%A9

The YWCA Guest House in Upper Coonoor http://www.travel-tamilnadu.com/coonoor.htm

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