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Tourisme responsable (43)

jeudi, 10 septembre 2009 10:14

Réunion : si les touristes volaient...

Réunion : si les touristes volaient...

Parmi les reportages que propose la télévision, nous pouvons apprécier les superbes vues aériennes de volcans, lacs de montagnes ou lacs de cratères tournées par l'équipe d'Okavango. Même si nous déplorons le côté voyeur, frimeur, envahisseur, nouveau colon.
Que penseriez-vous si des centaines, des milliers d'adeptes de ce genre de reportage, poussés par le désir irrésistible du mimétisme, se métamorphosaient l'espace de quelques instants en petits Nicolas Hulot de pacotille ? Si des dizaines d'hélicoptères tournaient, vrombissaient chaque jour dans le ciel autour de ces sites merveilleux ?
Je reviens d'un voyage à l'île de la Réunion.
Un matin, au réveil, j'ai ouvert la fenêtre de ma chambre d'hôtel pour admirer l'Océan Indien. À mon grand étonnement, j'ai découvert un océan vide. J'ai eu beau scruter l'horizon : rien en vue.
Aucune embarcation digne de ce nom hormis les coques de noix plastifiées des rares plagistes barbotant dans un lagon miniature. Dans une petite crique abrupte au fond couvert de sable volcanique gris, j'aperçus quand même une dizaine de modestes barques de pêche. C'est tout. Aucun cargo au large traçant sa route maritime, aucune silhouette lointaine se dirigeant vers l'Afrique orientale, Madagascar, les Indes ou l'Australie. Nulle voile blanche gonflée par les alizés, rien : un désert liquide je vous dis. Un océan sans bateaux, c'est comme un désert sans vie. Où sont passés les capitaines, les flibustiers, les écumeurs de mer d'antan ? Volatilisés dans les abysses de l'histoire.
Si l'océan Indien autour de la Réunion est bel et bien dépeuplé, le ciel de l'île en revanche est devenu le dernier salon où l'on cause. Chaque jour des ribambelles d'hélicoptères embarquent des flots de touristes réjouis de survoler les trois grands cirques montagneux - Mafate, Cilaos et Salazie - qui forment les plus somptueux paysages du centre de l'île. Les hélicos achèvent généralement leur zap aérien par un virage magistral au-dessus du Piton de la Fournaise, monstre sacré culminant à 2 632 m, puis reviennent à leur point de départ. Cette balade de 45 mn coûte environ 1 300 F par personne.
Voir les cirques et les volcans de la Réunion d'une cabine d'hélico a quelque chose de grandiose. C'est indéniable. Mais personne n'a encore songé aux nuisances sonores qu'entraînent ces survols intempestifs.
Ce jour-là, je buvais un café chez un réunionnais rencontré par hasard au bord de mon chemin. Nous avions sympathisé et il m'avait cordialement invité à faire une pause dans sa case en tôle, en lisière de forêt. Il était 6 heures du matin. En une heure, plus de 20 hélicoptères sont passés au-dessus de nos têtes. Apocalypse now ? Non, un jour ordinaire ici dans les Hauts (nom usuel donné par les réunionnais pour désigner tout ce qui n'est pas littoral).
"Ce n'est rien, déplore mon hôte. En novembre 1995, j'ai compté plus de soixante passages d'hélicos en une seule matinée. Y compris les samedis et dimanches. Le premier vrombissement commence à 5h30 du matin et le vacarme dure jusqu'à midi. L'hélicoptère est une fatalité, on ne peut l'interdire. Mais nous commençons à en avoir marre".
À Mafate, avant le développement du tourisme aérien et l'invasion des hélicos, les cultivateurs cachés dans leurs champs de maïs, à 300 mètres de distance pouvaient se parler. Ils avaient l'impression d'être seuls au monde, inaccessibles, protégés des turpitudes de la "civilisation". C'était naguère le royaume du silence. Aujourd'hui, c'est le salon du Bourget dans un champ de canne à sucre. Les mêmes cultivateurs ne peuvent guère s'entendre à plus de 3 mètres ! Tristes tropiques !
Une pétition a pourtant été signée par les habitants de la région, victimes des nuisances sonores. Mais les autorités locales font la sourde oreille, n'osant pas intervenir dans ce commerce aérien pratiqué par une poignée de petites sociétés. Alors qu'il suffirait de fixer quelques règles très simples de survol, pour mettre un terme à ce tohu-bohu.
Quant à moi, j'ai toujours refusé ce genre de balade pour touriste fortuné, zappeur de grands espaces, pollueur par le bruit mécanique artificiel de leurs bulles à hélices tournoyant à la queue leu-leu dans un même et unique périmètre.
C'est à pied que les cirques de la Réunion doivent être explorés pour mieux apprécier les sons naturels ou le silence profond de ce site en osmose avec l'immensité de l'Océan Indien.
- F. N. -


jeudi, 10 septembre 2009 10:13

Voyager à l'Est : des échanges pas d'assistance




Le verrouillage géographique qui a duré 70 ans pour l'ex-URSS et 50 ans pour les ex-démocraties populaires, a profondément marqué plusieurs générations, qui ont tendance aujourd'hui encore, à avoir une vision complètement déformée et idyllique de "l'Ouest" : les USA sont le paradis, où chaque famille possède une maison ultramoderne, une piscine, plusieurs voitures. L'Europe de l'Ouest est une terre d'asile toute proche, où l'on peut sans problème trouver un travail bien rémunéré et des conditions de vie idéales.
Le résultat de tout ceci est que beaucoup d'habitants des Pays de l'Est cherchent :
- soit à émigrer pour toujours dans l'une de ces régions riches dont ils refusent de voir les défauts (crise économique, chômage, exclus du système, services sociaux débordés, difficultés administratives insurmontables, etc.).
- soit à "grappiller" le plus possible tout et n'importe quoi, auprès des étrangers qui viennent chez eux : dollars, médicaments, parfums, vêtements, produits alimentaires...

Les voyageurs sont donc assaillis de demandes en tous genres et y répondent souvent de la plus mauvaise façon qui soit, en aggravant la situation. Certes, le tourisme n'est pas responsable de toutes les absurdités du monde, mais il peut facilement contribuer à les entretenir par de mauvais réflexes.
Quelques exemples :
Au fil de vos rencontres, vous serez sollicités dans un premier temps pour laisser votre adresse, puis pour envoyer une invitation en France (certificat d'hébergement de complaisance). Mais sous couvert de grands élans de générosité, faut-il donner de faux espoirs à des gens qui risquent fort de venir grossir les rangs des SDF ?
Faut-il priver les Pays de l'Est de leurs "cerveaux" dont ils ont tant besoin ? Lesquels seront d'ailleurs souvent employés à l'Ouest au-dessous de leur niveau de qualification : je connais plusieurs cas de médecins de l'Est, employés comme simples infirmiers ou ambulanciers dans les hôpitaux français.
On arrive ainsi à des situations absurdes; en 1991, dans un grand hôpital de la région du delta du Danube, il n'y avait plus un seul médecin roumain, ils étaient tous partis en Europe de l'Ouest ou aux USA. C'étaient des médecins belges et français venus avec des associations humanitaires qui soignaient les malades ! Cependant, si vous voulez aider quelqu'un, vous pouvez par exemple faciliter l'obtention d'une bourse d'études ou d'un stage de formation en faisant les démarches administratives pour lui, s'il souhaite acquérir des connaissances nouvelles, en vue de les utiliser dans son pays.

Faut-il donner des médicaments ?
C'est l'un des pires "services" que l'on peut rendre à quelqu'un en Europe de l'Est. Remplir son sac à dos avec le contenu de son armoire à pharmacie en se disant : "ça pourra toujours servir là-bas" est un acte d'inconscience, d'autant plus que vos médicaments ont toutes les chances de passer en marché noir et d'être utilisés n'importe comment. J'ai vu encore récemment sur un marché polonais, une femme qui vendait des médicaments présentés en vrac dans une caisse : antibiotiques, antidépresseurs, calmants .... sans notice, sans date de validité...
Que faire si l'on vous demande la charité ?
C'est le grand dilemme que nous retrouvons un peu partout dans le monde, y compris dans les Pays de l'Est, là où règne une misère noire. Il faut comprendre qu'il est des cas où on peut laisser parler son coeur sans porter atteinte à la dignité de l'autre. Mais si vous traitez les gens en "sous-développés", vous en ferez des assistés, qui n'auront plus avec les étrangers qu'une attitude de "main tendue" lorsqu'ils les verront arriver.

Ces différentes considérations amènent à poser le problème, beaucoup plus vaste, de ce qu'on appelle généralement "l'aide humanitaire". Il est vrai que lorsque l'on aime un pays, lorsqu'il vous apporte de multiples bonheurs en voyage, on a envie de faire quelque chose d'efficace pour l'aider, tout en le respectant.
Mais à qui donner pour espérer une bonne redistribution et comment insérer un voyage à travers l'humanitaire ?
Ma préférence va aux associations :
- qui affichent la plus grande transparence. Celles qui ont obtenu le "Prix Cristal de la Transparence" par exemple décerné chaque année à une grande association humanitaire par la Compagnie des Commissaires aux comptes. Ce prix donne des garanties bien plus importantes que le label "d'utilité publique".
- qui invitent les donateurs-voyageurs à passer voir comment l'action est menée sur le terrain. Il est parfois possible d'y rester quelques jours et de partager la vie du groupe, ce qui est mille fois mieux qu'une visite rapide.
- qui, de taille modeste en général, ont tissé des liens avec une collectivité dans le pays étranger, liens basés sur l'aide, bien sûr, mais dans une optique d'échange, de partage, de respect de l'autre et d'amitié mutuelle en donnant toujours une place importante à l'aspect culturel.

En guise de conclusion, et quitte à m'éloigner un peu de l'Europe de l'Est, je voudrais aborder un point qui me tient à coeur : la conception du voyage.
Nous sommes regroupés à ABM parce que nous refusons la logique des voyages organisés qui mettent des oeillères aux touristes pour qu'ils ne voient que ce qui enchante et jamais ce qui dérange.
Pourtant, j'ai parfois l'impression qu'il existe encore (chez le voyageur individuel NDLR) une conception "boulimique" du voyage, imprégnée de l'idée qu'il faut en faire le plus possible dans un minimum de temps et surtout, "ne rien rater".
Je crois que l'objectif du voyage n'est pas de courir pour tout voir, mais de prendre le temps de regarder, d'écouter, de comprendre. Pourquoi tant d'idées toutes faites circulent-elles sur tel ou tel pays ? Justement parce que ceux qui en sont à l'origine sont passés trop vite, n'ont retenu que des choses aperçues de façon fugitive, qu'ils ont "théorisées" ensuite, y compris dans des articles, des conférences...
Un voyage n'est pas une course contre la montre, ça ne se consomme pas, ça se construit. Voyager, c'est le contraire du Paris-Dakar, c'est savoir s'arrêter, parler avec les gens, leur dire qui nous sommes et pourquoi nous sommes venus. Bref, il faut créer l'échange et non pas venir en voleurs (d'images, de sensations...) ou en "bienfaiteurs" (en distribuant de l'argent et des cadeaux à tort et à travers).
Le voyage n'est pas une performance. C'est une aventure, que chacun peut vivre à sa façon (y compris en restant un an comme instituteur dans un village isolé en Haïti ou en passant Noël avec les enfants d'un orphelinat roumain). Aventure qui, pour avoir le droit de s'appeler VOYAGE, doit rester humaine.

- E. O. -


jeudi, 10 septembre 2009 10:13

Qu'est-ce que le tourisme pour nous, pour les autres, au quotidien ?

Qu'est-ce que le tourisme pour nous, pour les autres, au quotidien ?

Partir en voyage nous apporte beaucoup de bienfaits. En est-il de même pour les populations visitées.... bon gré mal gré ?
Nos motivations touristiques sont infinies. Pour la plupart d'entre nous, elles naissent souvent de la nécessité de vivre bien ce que l'on vit mal (ou pas) chez soi parce que sa vie est parasitée, polluée par des contraintes morales, sociales, professionnelles ou domestiques. Certains voudraient s'en échapper afin de retrouver des valeurs personnelles souvent brimées ou refoulées. On voudrait reconstituer tout ce qui est émietté le reste de l'année, dans un cadre où n'interféreraient plus ces contraintes quotidiennes et où nous serions notre propre chef d'orchestre. Être responsable de ses propres contraintes pour oublier tout ce qu'on a mal vécu pendant un an (ou une vie ?) et se reconstruire, se réapproprier la partie bafouée de son identité de "sédentaire", de "travailleur".
Le but du voyage est aussi la rencontre, l'échange, l'intersection de deux trajectoires entre notre personnage-voyageur et l'Autre, différent (qui ne veut pas dire inférieur) avec une inévitable et même souhaitable influence réciproque dans le cadre de l'échange culturel. Cela implique donc une bonne, une meilleure connaissance des autres et de soi-même.
Si nous ne faisons pas cet effort, le risque de pollution touristique et d'acculturation par le tourisme auprès des populations les plus fragiles sera d'autant plus important.
Ce n'est généralement pas le sujet individuel "touriste" qui provoque un choc culturel, un choc économique. C'est l'effet de masse du voyage d'agrément qui provoque ce choc. Insistons bien sur le fait que l'effet de masse inclut non seulement tous les groupes de voyageurs organisés mais aussi tous les voyageurs individuels qui, additionnés, composent la même masse que les tours organisés.
La masse induit directement une inflation économique du fait de la demande quotidienne massive (nourriture, boisson, électricité, logement) y compris dans les îles bretonnes du Ponant. Sans oublier les pénuries (dont l'eau douce est la plus grave) pour les populations locales les plus défavorisées ainsi que tous les déchets polluants inhérents à notre consommation de masse.
En fin de compte cela entraîne parfois la domination d'une culture par une autre alors que le but du voyage devrait être l'enrichissement réciproque dans la diversité.
Cette limite entre échange culturel et pollution touristique est allègrement franchie par ces voyagistes sans aucune déontologie (qu'ils soient basés dans les pays riches ou pauvres), corrompus jusqu'à la moelle par l'appât du gain facile avec ces touristes ordinaires, fabriqués en série, bardés de travelers-chèques, de dollars, de caméras et de bonbons-souvenirs.
Corruption qui n'a rien à envier au comportement de touristes individuels, désoeuvrés, irrespectueux et méprisants de la dignité des peuples visités et de la sauvegarde de leur environnement, négligés, profiteurs, pique-assiettes, radins au possible et même voleurs à l'égard de leurs congénères. Qualifiables de délinquants, ils engendrent et drainent par leur mauvais exemple la délinquance locale et entraînent l'irrespect de part et d'autre des deux mondes.
Vous ne faites pas partie de ces caricatures ? Nous non plus, du moins je le pense.
Pourtant nous pouvons véhiculer inconsciemment une incroyable entreprise de pollution touristique nous aussi.
Parce qu'on nous fait croire dans un premier temps que le voyage est un produit de consommation comme un autre, parce qu'on part en voyage comme on va au supermarché : rayon Afrique, Asie, Amérique Latine... parce qu'on est loin de chez soi et qu'il est difficile de respecter les différences que l'on connaît mal (ou pas), parce qu'on "chosifie" les peuples visités, il ne sont plus que : vêtements traditionnels et coutumes indigènes, danses rituelles et vieillards pittoresques, hospitalité légendaire et meilleur rapport prix-service, sourires exotiques et sexes disponibles, colliers à fleurs et youcou-lé-lé...
La marchandisation du produit "voyage" est là, nous avons mis le pied dedans.
Espérons simplement que chacun d'entre nous aura la volonté, le courage de se pencher sur ses propres travers et autres méfaits éventuels et prendra dès lors conscience des conséquences que peuvent entraîner ses actes à court, moyen ou long terme.
Mais que cela ne vous coupe pas l'appétit du voyage, il fait partie de l'avenir de l'humanité. Envisageons donc cet avenir avec intelligence et humanisme.
- D. W. -
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