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Humeur : moins d'humanitaire, plus d'humanité.

Voyageurs, méfions-nous d'être à l'égal de Séraphin Lampion qui adore raconter ses voyages à qui ne veut pas les entendre. Même pour la bonne cause, à savoir l'humanitaire où trop de paumés ont trouvé refuge pour tenter de résoudre leurs problèmes avant de pouvoir résoudre ceux des autres. Ils ignorent trop souvent que ce n'est pas en changeant de décor qu'on change de peau.
J'ai longtemps appartenu à des organismes humanitaires chargés de la défense des minorités ethniques, afin sans doute de vouloir - plus ou moins consciemment - préserver leur pureté originelle, les maintenir dans un "milieu proche du zéro de température historique", pour reprendre le langage levi-straussien. Depuis que je verse dans l'anthropologie, je sais que la notion d'ethnie est un concept flou qui permet à des bataillons de thésards de faire leurs gammes, et que les peuples dits primitifs ne sont souvent que des débris de groupes étatiques.
De retour en France après une expatriation de dix ans, je me suis alors demandé pourquoi l'altruisme se complaisait dans la distance. Voyageurs, ne sommes-nous pas plus sensibles à la misère exotique véhiculée par le petit écran qu'à celle plus immédiatement tangible ? Il y a plus de commisération pour l'autre distant que pour notre prochain quotidien.
Alors, si l'aventure porte en elle sa propre justification, force est d'admettre qu'il est difficile de se contenter de cette formule en période de vaches maigres. L'actualité télévisée nous a habitués aux actions humanitaires trop brillamment illuminées sous les salves de spots. Pourquoi alors ne pas se joindre à cet élan spontané et désintéressé ? Donnons-nous, à notre tour, bonne conscience en ajoutant à l'aventure l'épithète "utile". Conjuguons aventure et sens de l'humain. Et puis, ce sera peut-être l'occasion d'effectuer un reportage photographique bouleversant qui se vendra à prix d'or.
Toute histoire a sa morale. Le scepticisme a cette vertu qu'il exige un certain désir de ne pas s'en laisser conter. Le grand abus de l'humanitaire, c'est de prendre des convictions - sincères ou construites - pour des certitudes. C'est au nom de l'humanitaire qui n'utilisait pas encore ce mot que des missionnaires et des impérialistes ont colonisé le monde et acculturé des peuples. Les mots changent mais la vanité de l'homme perdure. Développons l'esprit critique avant d'assurer le service après-vente de la décolonisation.
- T. M. -


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