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Travail stable, vie de famille, enfants, séparations, retrouvailles, pour beaucoup, 30 ans plus tard, le voyage est devenu le synonyme pâlot de congés annuels. Sommes nous entrés dans le rang ? Pas sûr. Car en chacun de nous sommeille cette petite graine de folie semée lors du grand voyage initiatique...




"Années 60..."

Nous avions 20 ans et des rêves pour seul bagage. Sur les murs des slogans insolites exprimaient notre soif d'idéal : "sous les pavés la plage", "faites l'amour, pas la guerre". Mai 68 était proche. Tournant le dos à cette société de consommation qui menaçait de nous absorber, nous sommes partis vers d'autres horizons. Mais l'Histoire toujours réductrice n'a retenu de nos voyages qu'un seul cliché : des auto-stoppeurs aux cheveux longs, aux tenues flamboyantes, filant vers Katmandou pour rejoindre des paradis artificiels.

Nous avions 20 ans l'âge de tous les possibles. Nous partions pour un mois, six mois, un an, sans projet de retour parfois, avec quelques dollars en poche. Pas de guides, peu de cartes. Ni informations, ni conseils. ABM n'était pas née.
Des points de chute incontournables, aussi précaires qu'incertains : le "Young Hotel" à Istanbul, "l'Amir Kabir" à Téhéran, le "Bamyan" à Kaboul, le "Lodi" à Delhi, "l'Everest Lodge" à Katmandou... Des lieux de rencontres et d'échanges : les "bons plans", les combines, le shit pas cher bien sûr. Nous allions à Katmandou, en Indonésie, en Australie ou ailleurs. Rien ne nous liait à rien. Epris d'absolu nous faisions l'amour, pas la guerre. Nous nous voulions libres... Nous nous disions libre. Peu nous importaient les déboires, les routes chaotiques, les nuits sans confort, les pays qui fermaient leurs portes, les projets sans cesse modifiés. Rien ne pouvait nous rebuter. Nous avions le temps... Nous prenions le temps. Sûrs de ne pas nous perdre puisque chaque chemin parcouru nous rapprochait de nous-mêmes.

Nous avions 20 ans et nous sommes allés au bout du monde. Au bout de nos rêves...


L'esprit du voyage

Rien, nous n'avions rien ou presque... Ni charters, ni prédécesseurs. Ni guides, ni agences. Ni argent. Ou si peu. Nous n'avions pas lu les grands ancêtre, les Maillard, les David-Neel, les Bouvier. L'usage du monde, nous l'avons déchiffré par nous-mêmes. Seuls ou en petits groupes d'amis, nous partions à pied, en voiture, en train ou en bus, sans savoir ce que nous trouverions... Six heures du matin, Porte d'Orléans, en stop. Destination Katmandou ! Cela peut paraître rétrospectivement fou, mais c'était ainsi ! Un grand saut dans le vide. Mieux que le saut à l'élastique.

• Le voyage sans mode d'emploi : 1960-1970

Les voyages ne se préparaient pas. Ou si peu. Nous partions avec le moins de bagages possibles; le minimum de médicaments. Le danger nous semblait tapi partout passé Rome ! Naples avait une réputation sulfureuse, la Turquie "jouissait" d'une réputation épouvantable de sauvagerie, de viols et de grêles de pierres sur les routes isolées... Au-delà, terra incognita ! L'ignorance nous protégeait.
Mais comment n'aurions-nous pas pensé que le reste de la planète était peuplé de bandits de grand chemin, de peuples farouches aux coutumes bizarres et idiomes incompréhensibles, survivant à peine sous des climats d'étuve ou de glacière ? Pourquoi en aurions-nous douté ? Nous lisions dans nos vieux manuels scolaires que la race blanche, civilisatrice et raisonnable, tenait sa mission de son climat idéal et de son juste milieu géographique : t.e.m.p.é.r.é. !
Cela nous dérangeait-t-il ? Bien sûr que non puisque c'est cela même qui nous attirait : l'inconnu, le désir de vérifier de qu'en rapportaient les médias, de connaître la réalité, derrière tous les rideaux de fer et de bambou, de franchir les frontières, toutes les frontières, y compris et surtout celles des interdits...
Les premières occasions de quitter l'Europe étaient souvent circonstancielles : un travail d'été dans un kibboutz ou un stage dans un ashram, une bourse d'études ou de voyage et, plus prosaïquement, le long temps des vacances universitaires ou les moments de disponibilité entre deux jobs. Il n'y avait ni peur du chômage, ni hantise des petits boulots.
Une fois, comme Alice, passé de l'autre côté du miroir et rencontré le Pays des Merveilles tout changeait.
Le voyage devenait un but en soi qui se construisait en chemin. La route prise, elle ne vous lâchait plus. Car la découverte était fabuleuse : c'était beaucoup plus facile qu'on ne croyait. Et surprise, le monde était hospitalier ! Bien plus qu'en France. Les gens se montraient chaleureux, la vie était peu chère et, en prenant des précautions élémentaires, les pays sûrs et les maladies rares. On dormait à la belle étoile, en camping ou dans des chambres poussiéreuses d'hôtels cafardeux. Qu'importe, le "virus du voyage" était inoculé. Nous n'étions pas seuls à faire cette découverte. Beaucoup de jeunes de notre âge, de tous les pays et de toutes les classes sociales, se rencontraient et voyageaient de concert. La génération des "baby boomers" s'était mise à parcourir le monde. Ce phénomène allait se décupler au cours des dix années suivantes alors que voyager aller devenir de plus en plus organisé.

• La décade prodigieuse : 1970-1980

Les américains nous avaient précédé sur la piste des mouvements "beatnik" puis "hippies". Toujours pratiques, ils suscitèrent la création de bed and breakfast, de restaurants, de lieux de rencontres et de "paradis artificiels". Souvent, ils étaient réfractaires à la guerre du Viêtnam. Un pacifisme déclaré gagnait les nouvelles générations. "Mai 68" accentuera cette volonté de fuir le confort matérialiste d'un Occident aseptisé, de refuser les cadres tout établis. La musique avait déjà commencé à nous rassembler sur l'île de Wight et à Woodstock. Elle continuera à le faire à Mogador, Ibiza, Marbella, Mykonos ou au lac Atitlan.
Bref, c'était un très grand appel d'air. Un désir inouï de subversion et des découvertes totales. Une soif immense de liberté et d'absolu dépassant le simple effet de mode moutonnière. De même que le voyage commença avant l'ère des transports de masse, il précéda les grands mouvements sociaux.
Certes, les modes (de transport et de comportement !) ont accéléré le mouvement. Une conjonction exceptionnelle jeta la jeunesse occidentale sur la route de l'Orient : la route terrestre des Indes.
Ayant traversé rapidement l'Iran qui apparaissait trop moderne, occidentalisé et cher, les chevaliers de la Route à la quête du nouveau Graal trouvaient tout ce qu'ils cherchaient : les musiques lancinantes, les spiritualités enivrantes, le sexe comme religion, des frises des temples indiens aux versets du Kâmasûtra, le pacifisme végétarien, les champignons hallucinogènes et les fumeries locales (rappelons que jusqu'à 1972, le haschisch était en vente libre à Katmandou). Tout cela tourbillonnait en un creuset ardent, en une immense fête collective cosmique, fusionnelle et émotionnelle avec la "Mother Earth". Bref, la grande Régression.
Mais, à la fin de ces dix années de fêtes et de fleurs, la route était déjà coupée. Simultanément, en 1979, l'Afghanistan est envahi par l'URSS et la révolution iranienne commence.
Durant cet intervalle, les pays étaient encore assez peu engagés dans la voie de l'industrialisation et des concentrations urbaines; ils préservaient encore leurs coutumes. Certes, tout n'était pas facile. Le passage des douanes était toujours une épreuve redoutée. Le change nous obligeait à passer des heures dans les banques pour remplir des paperasses ou à rechercher le marché noir, parfois dangereusement, parfois pittoresquement. Et à la suite d'une maladie, d'un accident ou d'une agression, il était facile de franchir "the thin red line" et de basculer irrémédiablement du Paradis à l'Enfer. Surtout si pour survivre le routard se livrait, avec une grande inconscience, à de multiples trafics. Dès lors il ne fallait pas compter sur le soutien des ambassades, débordées et hostiles. Les contacts avec l'extérieur, notamment téléphoniques, étaient difficiles et rares. L'isolement pouvait être total surtout pour ceux qui avaient fuit leurs familles et tourné le dos au passé. Beaucoup échouèrent misérablement, grelottant de fièvres et de malnutrition. D'autres basculèrent dans la folie où se brûlèrent les ailes au grand soleil noir du dérèglement des sens. Certains restèrent définitivement dans ce pays convertis en Sâdhu blancs, mendiant leur pitance sous la risée des autochtones. Sans omettre ceux qui croupissent encore dans les geôles locales et n'ont pas encore trouvé le "Midnight Express" pour la sortie.

Et maintenant

Aujourd'hui la fête est finie. Les lampions sont éteints et les flonflons se sont tus. Les nouveaux arrivés, à partir des années 80, ne trouvèrent plus sur la plage déserte que débris et papiers gras. Les hôtels de béton se sont construits là où avaient élu domicile, avec un goût sûr, ces communautés, chassant plus loin et plus au secret les derniers survivants. Les automobiles et la pollution ont envahi les métropoles et chassé les cycles. En réaction contre cette uniformisation mondiale, où Dallas est regardé par toute la planète, on a assisté parallèlement au grand retour des intégrismes de tout poil. Les tchadors et les turbans qui avaient disparu refleurissent. Au prix de la liberté défunte.
Sans doute cette rencontre de l'Occident et de l'Orient était-elle vouée à l'échec. Ce que recherchaient les enfants perdus de l'Ouest ne correspondait en rien à ce qui était la réalité des sociétés conservatrices, hiérarchisées, ou des prudes de l'Est. Nous voulions être transformés par lui, mais lui ne voulait pas être transformé par nous. Tel fût le quiproquo. Peut-être même avons nous apporté une conscience du malheur à des populations isolées qui vivaient jusque-là heureuses dans une existence rudimentaire ? Surtout, nous avons ouvert involontairement les vannes du tourisme de masse sans contribuer pour autant à un développement différent.
Nous n'avons pas changé le monde, mais le monde nous a changés. Nous avons appris d'autres valeurs, d'autres modes de vie, d'autre manières d'être et de voir. En ce sens notre Graal nous l'avons trouvé et nous nous sentons dépositaires de ce bien précieux, la tolérance, en ce monde où tourisme rime souvent avec ségrégation, attentats, haine ou racisme, où tout s'uniformise ou se retranche.
Mais des pays s'ouvrent à nouveau depuis la chute du Mur de Berlin. D'autres nouvelles destinations sont possibles qui compensent la fermeture de certains pays. Malgré l'insécurité grandissante par endroits, il existe toujours des lieux magiques. Il suffit d'aller les chercher, en dehors des sentiers battus et des hordes. La fête est finie ? Vive la fête. Que le voyage continue...


Années 60 sur Internet

Bien entendu nul ne connaissait encore Internet dans les années soixante. Mais s'il avait existé, le voyageurs de l'époque en partance pour la route des Zindes ou les contreforts des Andes aurait sûrement jeté avant un coup d'oeil sur des sites qui, de Woodstock à la 2 CV, en passant par l'art psychédélique ou la guerre du Viêtnam, symbolisaient à eux seuls l'air du temps.

• Mai 68 : ou la révolution à la française qui incontestablement déclencha chez certains l'envie de découvrir d'autres horizons. Evénements, photos, slogans et "une vague de liberté".
• Good morning Viêtnam ! : bien plus dramatique, la guerre du Viêtnam omniprésente dans les esprits de chacun à cette époque et un film-spectacle culte pour toute une génération : Hair.
• Che Guevara : LE personnage mythique de ces années; "sa vie, son oeuvre".
• Pop Art : les 60's virent bien des changements et de remises en question dans de nombreux domaines. On réclamait alors une gratification visuelle immédiate, de la nouveauté, du changement, du provisoire. Le Pop Art était né.
• Psychedelic gallery : pour beaucoup, en parallèle au voyage "terrestre", il y eut aussi le voyage intérieur qui créa peu à peu une nouvelle forme d'art graphique. Photos, dessins et compositions psychédéliques.
• Woodstock : manifestation psychédélique s'il en est, l'inoubliable concert de Woodstock en 1967. Son histoire, sa (dés)organisation, les photos, interviewes et témoignages d'époque; le tout sur fond de musique bien sûr.
• Hippyland : avec Woodstock le monde découvrait aussi le mouvement hippy, sa philosophie, sa bouffe (végétarienne), ses événements ou, parmi bien d'autres choses encore, ces communautés hippies disséminées à travers le monde.
• 2 CV : et justement pour parcourir le monde les hippies (et les autres) firent appel aux services de la dedeuche née elle-aussi à la fin des années 40. A moins qu'ils aient préféré un combi Volkswagen personnalisé aux couleurs "peace and love".
• Et pour finir ce mini tour du web des années 60, un site pour les voyageurs en herbe. Egalement, "Paradis artificiels", l'histoire de la toxicomanie et un tour du monde des législations concernant l'usage des drogues. Et à la clé, des conseils à suivre pour éviter que votre joyeux périple ne se transforme en cauchemar...



Et pour continuer le voyage...

Rendez-vous au numéro 65 de la revue Globe-Trotters Magazine dont ces textes sont extraits.


Numéro 65
(mai/juin 99)

gt65

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• On the road again
Nous avons voulu nous souvenir

L'esprit du voyage
1960-1980: tentative de bilan

Sous les pavés le voyage
20 ans de bouleversements sociaux et politiques

En quête de rêves
Qu'est ce qui les fait courir ?

L'heure du départ
Charters, adresses, petits prix,
le voyage était affaire de bonnes
combines

Cheveux longs, idées courtes
Les modes du voyage
Sur la route des Zindes

Itinéraires
La route et ses à-côtés

Impressions de voyage
Fragments d'un journal de voyage

USA l'autre destination

D'autres horizons

Et les rubriques habituelles version années 70
- Musiques du monde
- Ecrits et chuchotements
- Infos voyages
- Le coin des Bourlingueurs
- Internet
- Petites annonces


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