Imprimer cette page
jeudi, 20 janvier 2022 16:26

Voyager depuis son fauteuil.

Confinés, privés de liberté de mouvement, pour apaiser nos pulsions nomades, nous nous sommes inventés des voyages intérieurs. Si leurs itinéraires sont infinis, avouons que se frotter au réel, ailleurs, a une toute autre saveur.

Depuis toute jeune, le voyage coulant déjà dans mes veines, j’imaginais parfois que le pire qui puisse m’arriver — soucis de petite fille gâtée — serait d’en être privée. Mon visage s’assombrissait à l’idée de quelque dictature que j’avais pu observer, des ailleurs où j’avais vu tant d’habitants restreints, voire privés de liberté ou de moyens. Comme tant d’autres, je n’aurai jamais imaginé qu’un virus invisible nous contraindrait et nous contiendrait de la sorte, nous privant de respiration au sens propre et figuré. Et finalement quelle capacité d’adaptation nous avons !

L’immobilisation générale a questionné brutalement la relation à l’ailleurs et tant de portes vers des voyages immobiles se sont ouvertes. Le voyage mental Le plus simple consiste à fermer les yeux et à laisser les souvenirs parler pour s’évader dans le monde… Un parfum de lait de coco flotte dans l’air et se marie délicieusement à l’odeur sucrée de la mangue et du riz gluant. Le bruit du gong résonne au coeur du temple bouddhiste ainsi que les pas des moines qui se pressent pour la prière du soir. Pendant ce temps, au loin, une fière casbah couleur ocre se dresse au sein d’un écrin de verdure, palmeraie isolée au beau milieu d’un désert minéral. Les grillons chantent et la fraîcheur

tombe au rythme des pilons qui concassent les grains de café dans les mortiers en bois. Au loin, les femmes, affairées au lavoir le long du Nil, chantent pour se donner du coeur à l’ouvrage.

La grande pendule lumineuse de la gare de Lyon indique 19 h…

Lire la suite dans le magazine Globe-Trotters n°200.

Texte et photo : Sophie Gouhot.

Lu 311 fois