Depuis 2007, le festival se déroule successivement dans trois localités différentes : Hong Sa, petite bourgade située au nord de la province, Sayabouri, le chef lieu de district, au centre, ou Pak Laï, au bord du Mékong, plus au sud. Le festival proprement dit se déroule sur deux jours entiers : une soixantaine d’éléphants se livrent à des démonstrations de dressage, suivies de balades en forêt et de baignades, sans oublier une cérémonie traditionnelle (primordiale pour les autochtones). Les habitants de la localité choisie profitent de l’occasion pour montrer aux visiteurs diverses techniques d’artisanat rural.
Cet événement, autant pédagogique que festif, est l’occasion de présenter l’action de préservation à long terme engagée par l’association Elefant Asia. En effet, connu jadis comme « le royaume du million d’éléphants », le Laos compte aujourd’hui une population de pachydermes estimée à 1 200 individus, dont 500 éléphants domestiques (2009). Ces animaux souffrent encore des cadences infernales imposées par certains employeurs et contribuent – ironie du sort – à la déforestation qui ampute leur espace vital originel. Car, contrairement à son cousin thaïlandais, condamné à l’oisiveté relative des camps touristiques (depuis la réglementation des travaux forestiers en 1989) l’éléphant laotien est encore largement employé pour l’abattage des arbres : aucun engin ne pouvant rivaliser en montagne avec l’animal, capable de progresser hors piste, sur les pentes escarpées.
Le festival est un moyen médiatique d’attirer l’attention sur les difficultés de reproduction des éléphants qui, dans le contexte actuel au Laos, seraient menacés d’extinction dans quelques années. A travers son programme d’assistance, Elefant Asia contribue à sensibiliser les propriétaires et les autorités locales sur la priorité du temps nécessaire aux accouplements, à la gestation et à l’allaitement des petits, sans parler du planning vétérinaire (organisation des vaccinations).
Dans le domaine du tourisme, l’association dirige un programme d’excursions en forêt – Elephant Adventures – pour faire découvrir l’utilisation de l’animal dans son milieu naturel. Il s’agit d’amener le touriste vers l’éléphant et non l’inverse afin d’éviter l’emploi aléatoire de ces animaux dans un but commercial sans se préoccuper d’une alimentation suffisante ou des soins nécessaires. Ce n’est donc pas un hasard si ce festival se déroule dans un lieu où l’éléphant demeure l’auxiliaire traditionnel de l’homme. Et malgré une situation encore critique son devenir apparaît moins sombre qu’au Vietnam et au Cambodge.
Les préparatifs du festival ( regroupement, mise en place et répétitions ) occupent les deux jours précédents. Il est donc recommandé aux visiteurs intéressés et aux photographes de se rendre sur place à l’avance pour trouver un hébergement et profiter du programme après avoir fait un repérage des lieux.
Texte rédigé par Franck Chauvery, avec la collaboration d’Eric Eustache
A propos de l’association ELEFANT ASIA.
Adresse à Vientiane (capitale du Laos) : National Animal Health Center (NAHC). Rue Khounta. Bureau ouvert en semaine de 8h30 à 18h. Mobile : 020 502 5326 (Sébastien). www.elefantasia.org – . Cette association fondée en 2001 par deux Français, Gilles et Sébastien, collabore avec le Centre National de Santé Animale du Laos (NAHC), le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et l’Elephant Conservation Center de Lampang, en Thaïlande. L’objectif est d’améliorer l'état sanitaire des éléphants domestiques en fournissant une assistance technique aux vétérinaires de province et aux cornacs (aux moyens financiers limités). Intervention d’unités mobiles vétérinaires (véhicules spécialement aménagés) pour les missions en zone forestière difficile d’accès. Gestion d’un centre de recherche à Sayaburi. Aide à la reproduction des éléphants (délicate en milieu domestique en raison de l’emploi quasi permanent des animaux) afin d’empêcher l’extinction des éléphants au Laos. Edition d’un manuel à l’usage des cornacs afin d’améliorer leurs connaissances concernant l’état sanitaire des éléphants. Développement d’alternatives économiques pour maintenir l’emploi rationnel des éléphants. Education des autochtones et sensibilisation des autorités en matière d’environnement.