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lundi, 12 février 2018 09:58

Latitudes Food, un an déjà !

Latitude 15° Sud – Un an, déjà…


Lac Titicaca, Pérou. Madre mia ! Puno et le lac Titicaca sont là, juste derrière cette colline. Mais pour y arriver… Cette montée… Je ne l’avais pas vu venir… Car, en effet, depuis le départ de Cusco – ville sacrée et capitale des Incas – il y a trois jours, c’était plutôt roulant. Et pour cause, à près de 3 800m d’altitude, nous entamons l’ « altiplano » (plaine d’altitude en espagnol), second plateau le plus haut du monde niché au cœur de la Cordillère des Andes.

Enfin, l’étendue d’eau se révèle sous mes yeux d’enfants retrouvés. A la vue de ce lac mythique et au nom connu de tout enfant, me revient aussi en mémoire les aventures de Tintin ou encore la légende du trésor des Incas, lequel se trouverait d’ailleurs encore dans ses profondeurs. Que d’histoires pour un seul lieu. Pour ajouter à la magie de l’instant, mon arrivée sur ses rives se fait à vélo… Il est un de ces moments où je réalise la folie de ce projet dans lequel je me suis embarqué il y a près d’un an.

Mais oui ! Un an ! Cela fait exactement un an que j’ai quitté la place de Jaude à Clermont-Fd avec mon vélo Histoire n°177. Un an, déjà ?! Et pourtant, s’entremêlent la sensation de n’avoir vécu que quelques semaines hors de l’hexagone avec le souvenir lointain du départ. Tant de choses vues, tant de choses apprises, une rupture telle, que je pourrais dire qu’une vie entière s’est écoulée durant cette année. Là se trouve sans doute l’explication à ces étranges impressions contradictoires.

Une chose est sûre, en voyage – et sûrement plus encore à vélo – le temps s’écoule de manière différente. On a la joie de ne plus le compter. De croire qu’il nous appartient. De le laisser filer, sans contrainte, de profiter des moments présents, de se laisser guider au fil des rencontres. Ces rencontres qui font la richesse d’un voyage et de la découverte d’une autre culture, ne peuvent précisément se faire qu’en accordant le temps nécessaire. Impensable si tout est planifié, impossible si tout est chronométré.

Car il s’agit bien avant tout d’un état d’esprit. Avoir le temps ou le prendre, permet de garder l’esprit ouvert. Ouvert au champ des possibles, à ces mêmes rencontres, aux imprévus, aux opportunités qui s’offrent à nous.

Combien de personnes ai-je croisé qui, en groupe organisé et/ou dans une course avec leur planning ne voient même pas les autres et les possibilités qui s’offrent à eux. Être seul et avoir le temps permet justement d’être à l’écoute. Des autres, de soi, du champ des possibles.

Quel délice c’est pour moi depuis un an, de donner du temps à ces possibles, grâce à ce rapport à l’horloge dénudé de contrainte. Et ainsi prendre conscience que l’on n’arrive à obtenir les meilleures choses que lorsque l’on prend le temps nécessaire.

Si l’agriculture paysanne respectueuse des cycles naturels de la vie et le déplacement à vélo à la force unique de ses mollets (et de son mental), qui sont les deux axes de mon voyage contribuent sans nul doute pour moi à reconsidérer mon rapport au temps, je ne vous exhorte pas pour autant à prendre votre vélo pour y cultiver des plantes aromatiques dans le panier en osier du guidon tout en allant à votre travail. Mais je vous conseille par contre d’essayer de retrouver la maîtrise du temps. De réduire l’allure – écrire ça au moment où l’on passe à 80km/h sur les routes françaises est une pure coïncidence, je vous l’assure !

Que l’on s’impose soi-même un rythme de dingue ou que l’on conditionne sa vie en fonction des « obligations » que nous impose la société, qu’elle qu’en soit la raison nous ne prenons pas suffisamment le temps, non seulement d’être à l’écoute des autres mais simplement de nous-même. De nos envies réelles. De nos désirs profonds. Vite… Cherchez le bouton « pause »…

> Anthony Marque
www.latitudesfood.org

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