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vendredi, 30 octobre 2020 17:56

Comment vont les bergers ?

Comment vont les bergers ?

Et ben les bergers vont tous bien.  La Turquie est un pays agréable, confortable pour les voyageurs, notre quotidien est riche, on y reviendra plus tard. Et on aime sacrément notre vie de nomades en famille. Deux actualités perturbent un peu cette sérénité. La première était prévisible, liée au Covid et donc aux fermetures de frontières, où va t’on pouvoir aller après la Turquie. On essaye d’explorer toutes les pistes, mais elles ne sont pas nombreuses ! Le plus probable aujourd’hui est de regagner la Sicile pour traverser vers la Tunisie, histoire de se mettre au chaud dans un beau pays cet hiver, en attendant que les frontières rouvrent vers l’Est. A suivre !

Mais trêve de balivernes qui n’en sont pas, nous sommes en Turquie et on avait depuis longtemps envie de vous décrire l’accueil à la turque que l’on vit ici au quotidien. On ne vous décrira pas un site antique, on ne vous donnera pas la recette des baklavas (quoi que), on ne vous parlera pas d’Antalya. Les guides le font bien mieux que nous. Mais de notre visite au garage Iveco de Mersin en début de semaine par exemple. Pas de panique, la Coco va bien, on se demandait simplement si elle n’avait pas une jambe plus courte que l’autre.

Après avoir tapé Iveco sur Google Maps, nous sommes arrivés dans un petit quartier de petits garages, chacun spécialisés dans son domaine, ceinture de sécurité, housse de siège etc, aucun docteur en vue pour la Coco. Au bout d’un quart d’heure de discussion avec Google Traduction, un monsieur s’arrête, tente de comprendre, passe un coup de fil, nous fait signe de le suivre. Un premier garage qui ne peut rien pour nous, un second coup de fil, on le suit, plusieurs kilomètres dans une grande ville, on arrive chez Iveco. Ce monsieur nous salue et repart. Merci à lui. Chez Iveco on nous installe, nous commande des sandwichs, comme d’habitude les employés viennent faire leur selfie avec les enfants (la pauvre Lucie rencontre un succès fou…), puis vont leur acheter cocas et friandises. Les mécanos s’arrêtent dans leur boulot, Billie est dans leur bras, ils lui montrent sur leur téléphone des photos de leurs bambins. Juste parce qu’à ce moment-là, c’est ce qu’il y a de plus important à faire. Une semelle dans la chaussure, la Coco se retrouve droite dans ses bottes et on reprend la route, pressés de quitter cette grande ville portuaire.

Sur la carte on repère un lac, et c’est parti. Dans le petit village qui borde ce lac, on s’arrête pour demander à un couple souriant à notre passage quelle est la meilleure piste pour accéder au bord. Quelques gestes, ils vont chercher leur voiture et nous escortent jusqu’au lac. Puis ils passent un petit coup de fil à un ami qui parle un peu anglais pour qu’il nous explique qu’ils souhaitent nous ramener chez eux et nous faire à dîner. Ils ont trois enfants, la petite dernière est adoptée, ce sera chouette pour les nôtres, on était un peu fatigué mais allons-y ! On a été reçu comme des rois. Mais après trois repas gargantuesques, de très nombreux thés et de toutes aussi nombreuses vidéos du mariage de circoncision du fils. Nous avions envie de reprendre la route.

Les attentions à notre égard sont quotidiennes, alors forcément cela nous interroge sur notre capacité à accueillir chez nous, quelle est la part de la culture, de la religion, de notre hyperactivité en France qui ne semble pas toucher la Turquie de la même façon, nous questionnent également sur le statut de voyageur qui ouvre probablement plus facilement les portes que celui de réfugiés etc.

Ne pouvant répondre à toutes ces questions, nous allons déjà nous baigner dans l’Euphrate.

Noémie et Julien Kaquet (05)
Lauréat du Label ABM
https://kikaetses5bergers.com

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