jeudi 10 juillet 2008

Borneo: terre d''Aventures










Notre dernier tour du monde s’était arrêté aux frontières de cette terre qui nous avait apparu alors inhospitalière car fortement impaludée (on souhaitait alors mettre en route très vite un beau bébé, projet peu compatible avec un traitement prophylactique contre la malaria) avec la certitude d’y venir un jour. Nous avons donc débarqué à Kota Kinabalu à la nuit tombante, ville à la sonorité pleine de promesses d’aventures, avec à la fois le souvenir de nos vieux rêves et nos nouvelles envies de découvertes en famille.
Le premier contact avec les malais de Bornéo a été extrêmement chaleureux et le restera durant toute la durée de notre séjour. Partout des sourires de bienvenue, une attention de tous les instants et de précieux conseils nous ont permis de voyager l’esprit léger et sans crainte.
Nous avons passé 3 semaines à Bornéo dont deux au Sabah et une au Sarawak. Autant de noms qui recelaient en eux l’idée d’une nature encore intacte, d’une jungle insondable, abritant de mystérieuses tribus aux rites inquiétants, peut-être encore un peu chasseurs de têtes, des oiseaux au plumage multicolore et une faune qu’on devine plus qu’on ne voit.
Nous sommes tout d’abord partis à la découverte des orangs outangs, les hommes de la forêt, nommés ainsi en raison de leur similitude avec les hommes. Voulant s’assurer de les voir, c’est à Sepilok, un centre de réhabilitation, que nous nous sommes rendus. L’espèce étant en danger, un beau programme a été mis sur pied pour tenter de protéger ces magnifiques animaux. Le centre recueille des bébés orangs outangs orphelins ou blessés et progressivement les réhabilite à la vie sauvage. Des plateformes ont été dressées dans la jungle, où les orangs outangs sont nourris deux fois par jour pendant la phase de retour à la nature. C’est là que nous pouvons les observer, avec un peu de chance toutefois, car bien évidemment aucune garantie n’est donnée qu’ils seront au rendez-vous.
Avant l’arrivée des orangs outangs la jungle bruissait de mille bruits étranges. Une moiteur, d’autant plus collante qu’on s’était copieusement aspergé d’anti-moustiques, se faisait suffocante et l’interdiction formelle de boire nous apparaissait comme une vraie punition. Et soudain, dans un bruissement de feuilles de plus en plus rapproché les orangs outangs sont apparus, dansant de branches en branches et nous réjouissant de mille pitreries involontaires. Ils se sont longuement régalé des fruits apportés pour eux avant qu’une bande de singes à culs rouges ne viennent les déloger pour s’emparer d’un festin auquel personne ne les avait conviés !
Notre séjour à Bornéo a été marqué par mille petites aventures que je ne saurais toutes décrire. Parmi elles cependant, il y a eu notre séjour à Turtle Island où l’on a pu participer à un autre programme qui, cette fois, protège les tortues de mer. Elles viennent pondre leurs œufs sur l’île à toute heure de la nuit, lesquels sont récoltés afin de les protéger des prédateurs et favoriser ainsi la sauvegarde de l’espèce. Sur cette île nous avons donc pu assister à tout le processus : la ponte des œufs durant la nuit, la récolte pour les mettre en lieux sûrs et la libération de dizaines de bébés tortues vers la mer où les attendent d’autres prédateurs également redoutables pour lesquels elles sont de bien appétissantes friandises !
Ces petites tortues devenues grandes, on les a retrouvées lors de notre escale à Mabul Island, au sud-est de Bornéo. Nous sommes allés faire du snorkeling à Sipadan, qui est considéré comme un des meilleurs spots de plongée au monde. Et là, attention aux yeux, le vertige de fonds marins s’emparait de nous à la vue d’un tourbillon de barracudas formé par des centaines d’individus au milieu desquels d’intrépides plongeurs se glissaient. D’élégants poissons papillons, de beaux poissons perroquets aux couleurs vives, des mérous curieux, des grandes vrasses cajoleuses, d’élégantes tortues d’autant plus grosses que très âgées, sans oublier les requins sans lesquels l’Aventure aquatique serait incomplète, et tant d’autres poissons aux noms inconnus, nous laissaient tout vibrants d’émotion.
Mais Mabul Island c’était également une sorte de revival de nos jeunes années de baroudeurs. Logement spartiate à l’hygiène douteuse, ambiance décontractée et musique à toute heure. Aucune autre exigence que celle de profiter d’une île magnifique et d’une mer limpide. Une vraie douceur de vivre. Les filles étaient ravies de ce vent de liberté qui flottait sur cette île si bien nommée pour son ambiance décontractée et se sont amusées comme des folles avec leurs nouveaux grands amis qui semblaient prendre autant de plaisir qu’elles à leurs jeux.
Quelques jours passés dans la jungle nous ont permis d’en apprécier toute la beauté et, grâce à Dieu d’en éviter tous les dangers. Qu’un tronc d’arbre se transforme soudain en redoutable crocodile nous donne une peur rétrospective ; personne ne nous avait informés que les lieux en étaient infestés et nos pauvres chaussettes anti-sangsues, si elles étaient efficaces contre ces dernières, n’auraient rien pu contre ces redoutables prédateurs ! Dans les arbres, d’autres orangs outangs faisaient des jeux d’ombres alors que leurs cousins les singes nasiques nous régalaient de leurs facéties. Même le hornbill, cet oiseau à double bec, emblématique de Bornéo était au rendez-vous et prenait son envol sur le passage de notre longboat à bord duquel nous remontions les bras du fleuve.
Voulant ajouter de l’aventure à l’Aventure, nous sommes allés nous balader au faîte des arbres pour admirer la canopée, à 40 mètres du sol, en empruntant des passerelles que seul un unijambiste aurait pu apprécier,tant elles étaient étroites, et qui réclamaient des dons de voltigeur tant elles étaient instables. De l’adrénaline pure pour un plaisir un peu masochiste pour qui est sujet au vertige.
Notre dernière étape au Sarawak : un hôtel Hilton niché sur une île dans la jungle nous a permis de toucher du doigt le paradis. Pas un bruit, pas de pollution, seule la nature et le chant de la jungle derrière nous pour que Bornéo soit définitivement une étape privilégiée de notre voyage.

dimanche 15 juin 2008

La Chine du Sud-ouest










Nous sommes arrivés dans l’Empire du Milieu à Kunming avec encore en tête l’expérience de nos précédents périples dans ce pays et la crainte que cette étape ne soit trop difficile pour les filles. La Chine n’est cependant plus celle de nos souvenirs. C’est désormais un pays moderne qui s’est beaucoup ouvert au tourisme et qui a fait d’énormes progrès dans l’accueil des étrangers. La Chine est résolument tournée vers le futur. Elle est passée de l’ère du boulier à l’ère de la technologie pratiquement sans transition. Des bus confortables roulent le long d’autoroutes à deux, voire à trois voies. Dans les campagnes les plus reculées, même les fermiers les plus humbles possèdent un téléphone portable et l’on trouve des connexions wifi à chaque coin de rue. Un monde de contraste cependant, car dans ces mêmes campagnes on voit encore des femmes ou des hommes qui cassent des cailloux au bord des routes. On assiste à ces mêmes scènes champêtres, de paysans conduisant les bœufs aux champs ou portant leurs lourdes récoltes sur leurs dos.
A chacun de nos séjours nous avons visité une partie différente de la Chine. Cette fois-ci nous sommes partis à la découverte de la Chine du Sud Ouest – Le Yunnan, qui est la région des minorités. Les filles ont eu du mal à accepter que nous n’irions pas voir la grande muraille. Pour elles, un voyage dans l’Empire du Milieu ne saurait être complet sans cette visite. Mais il suffit de se pencher sur la carte de cet immense pays pour voir qu’il est bien trop vaste pour un seul voyage et qu’il faut sacrifier certaines étapes au profit d’autres. Pour Walther et moi ,le Yunnan faisait encore partie de nos vieux rêves de découvertes, qui allaient enfin se réaliser.
Le Yunnan est une région extraordinaire, demandant encore un certain effort aux voyageurs curieux, car situé en dehors des grands axes touristiques traditionnellement visités par les nombreux touristes qui se rendent pour la première fois en Chine, lesquels vont alors à Beijing, Shanghai ou Xian.
Nous avons visité la forêt de pierre de Shilin, laquelle est sur territoire Yi. Nous nous sommes perdus dans un dédale de petits chemins parmi les rochers sculptés par le vent et la pluie. Dans ce lieu magique on s’attendait, à tout moment, à voir surgir un gnome ou un personnage de légende, égaré là depuis la nuit des temps.
Plus au sud de Kunming nous nous sommes rendus à Yuanyang pour admirer les cultures de riz en terrasses. En route nous nous sommes arrêtés à Jianshui, une petite ville qui a gardé intacts ses vieux quartiers avec ses maisons traditionnelles en bois. C’est une petite cité hors du temps dans laquelle il fait bon vivre.
Aux abords du temple de Confucius, il y a une grande esplanade entourée d’arbres dans lesquels, le soir venu, de vieux chinois accrochent les cages de leurs oiseaux. Ceux-ci espérant peut-être gagner leur liberté grâce à leurs belles mélodies, régalent les promeneurs de leurs chants. Le ciel n’est pourtant pas le terrain de jeu des oiseaux mais celui des cerfs-volants, qui dansent dans le vent, guidés par la main habile non pas des enfants, mais de leurs pères ou grands-pères.
Dans tous les coins de petits groupes se forment, pour fumer, discuter ou jouer aux cartes. Lors de notre séjour, d’autres groupes de curieux s’étaient constitués autours de nos filles, lesquelles retenaient toute l’attention. C’était amusant de les voir, essayant de communiquer entre eux.
Les rizières en terrasses de Yuanyang sont réputées être parmi les plus belles de Chine. C’est un lieu absolument extraordinaire, qu’on aimerait ne jamais quitter pour avoir la chance de le voir à tous les moments de la journée, du lever au coucher de soleil et aux différents stades de la culture du riz. C’est également un lieu idéal pour observer la vie à la campagne et se perdre dans les petits villages alentours à la rencontre des différentes minorités qui vivent là. C’est donc avec un petit pincement au cœur et la promesse faite à nous-mêmes d’y revenir, que nous sommes repartis en direction du nord du Yunnan, vers Dali et Lijiang, deux autres petites villes qui ont su résister aux marteaux piqueurs, lesquels ont détruit de trop nombreux vieux quartiers un peu partout en Chine. Nous avons passé des heures à nous perdre dans des petites ruelles avec le sentiment de remonter le temps. A tout moment l’on s’attendait à croiser un palanquin avec à son bord le dernier Empereur suivi des ses épouses et concubines.De Kunming, nous avons pris le train de nuit (soft sleepers !) pour Guilin, où nous avons débarqué après 18 heures de voyage. A notre descente du train nous avons pris directement le bus pour Yangshuo, petite ville touristique à une heure de route, qui a supplanté sa rivale Guilin comme lieu de villégiature. Le lendemain nous enfourchions nos vélos pour sillonner la campagne. Nous avons pédalé dans un véritable paysage de carte postale fait de milliers de petites collines karstiques très vertes en forme de pain de sucre, qui se dressent au milieu des rizières et autres cultures. C’est tellement idyllique qu’on se promet d’y revenir alors même que l’on n’en est pas encore parti. « C’était méga-beau » disaient les filles. Malheureusement le mauvais temps ne nous aura pas permis de profiter longtemps de ce cliché touristique. De violentes pluies ont inondé toute la région et la petite ville de Yangshuo s’est réveillée les pieds dans l’eau, privée d’électricité. Les bateaux de bambou, les canots, les petites embarcations de fortune ont fait leur apparition pour transporter tout ce qui devait être mis d’urgence à l’abri. A contrecœur et avec le triste sentiment d’abandonner nos amis chinois, nous avons quitté Yangshuo avant que toutes les routes ne se referment devant nous. Nous avons donc pris le bus de nuit avec couchettes pour nous rendre à Guangzou , puis à Hong Kong. Les nouvelles que nous avons pu lire ou voir depuis nous ont confirmé que nous avions eu raison de « fuir », toute la région ayant subi les pires inondations de cette dernière décade.

lundi 26 mai 2008

Le Japon: entre tradition et modernité














Nous avions planifié de ne rester que deux semaines au Japon, non pas que ce temps était suffisant pour en faire le tour, mais dans le souci de préserver notre budget. Réputée pour être une destination très chère, notre première surprise a été de constater que l’on pouvait se loger et se nourrir à un moindre prix, que le prix d’un billet de métro était bien meilleur marché qu’un ticket de bus en Suisse. Finalement voyager au Japon ne nous a pas coûté plus cher que toutes nos précédentes destinations.
C’était pour nous notre troisième séjour et nous nous réjouissions beaucoup de revoir ce magnifique pays avec les filles. Elles se sont très vite adaptées à la vie japonaise qui est une destination très attractive pour les enfants. Tout en effet y est très ludique, du distributeur de boissons chaudes ou froides qu’on trouve à tous les coins de rues, des immenses panneaux d’affichage lumineux, des écrans géants qui passent des clips en boucle, des petites rues qui ressemblent à des décors de cinéma et des jeunes qui semblent tout droit sortis des mangas tant appréciés au Japon. Trouver une adresse à Tokyo ressemble à un jeu de pistes tellement l’enchevêtrement des rues est compliqué et reste un mystère pour les habitants eux-mêmes. A la nuit tombante les rues s’illuminent. Elles brillent de mille feux multicolores qui sont autant d’enseignes publicitaires aux caractères japonais et résonnent d’innombrables bruits venus des salles de jeux ou des karaokés. Les toilettes étaient également devenues un véritable terrain de jeux pour les filles. Elles sont équipées d’un siège chauffant, trois sortes de douchettes, dont on n’a pas compris toutes les singularités, permettent de bien se nettoyer. Il y a même un bouton spécial qui, quand on l’actionne, simule la chasse d’eau et permet ainsi de couvrir toutes sortes d’autres sons embarrassants. Certaines ont même un distributeur automatique de savon. Un must encore jamais vu !
La vie dans les ryokan, ces petites auberges traditionnelles dans lesquelles nous avons logé, est elle-même amusantes. Il y a toutes sortes de petits rituels qu’il faut respecter; se déchausser avant d’enfiler les chaussons d’intérieur, sans oublier d’en changer lorsqu’on va aux toilettes et de les remettre lorsqu’on en sort, ôter ses chaussons lorsqu’on entre dans sa chambre aux tatamis, mettre son kimono pour aller prendre sa douche ou le bain traditionnel dans la salle de bains commune (il faut se laver hors de la baignoire et une fois propre et bien rincé se plonger dans le bain bouillant), boire le thé assis en tailleur auprès de la table basse et la nuit une fois venue se coucher bien en sécurité les uns à côté des autres sur les futons, la tête en équilibre, déposée sur un oreiller de riz, qui ne répond pas, il faut l’avouer, à nos critères de confort occidental !
Passer commande au restaurant était également très ludique. Essayer de deviner ce que pouvait bien nous réserver la carte en japonais ou entraîner le serveur à l’extérieur, afin de lui pointer le plat que nous avions choisi lequel était exposé, plus vrai que nature, en vitrine et enfin goûter un plat inconnu merveilleusement bien présenté sur notre table étaient autant d’expériences amusantes. La dégustation de ces grosses nouilles interminables avec des baguettes japonaises si fines ressemble à un jeu d’adresse inventé pour tester notre patience et notre sens de l’humour.
Nous sommes arrivés au Japon en pleine période des courses d’école si bien que des milliers d’écoliers avaient déserté les salles de classe pour nous accompagner sur les sites touristiques. Difficile dans ces conditions d’apprécier l’atmosphère de recueillement pourtant si propice aux temples que nous avons visités. Alors, nous nous sommes joints aux groupes et avons participé à l’ambiance festive. Le Japon est un pays de haute technologie, mais qui est curieusement resté très traditionnel et superstitieux. Il existe des « charmes » pour toutes les étapes de la vie ; de la naissance à la mort. Les filles ont déposé au pied d’un arbre leur petit écriteau de bois sur lequel elles ont mis leurs vœux, lancé des pièces de monnaie dans d’innombrables fontaines, puits et autre « récipients », tiré des cordons pour faire tinter des cloches et tapé trois fois dans leurs mains, dilué dans de l’eau des papiers sur lesquels elles avaient inscrit au préalable leurs souhaits. Elles ont aussi acheté leur « charmes » pour bien réussir à l’école. Il ne reste donc plus qu’à travailler ! Aux abords des temples on trouve une multitude de petites échoppes qui vendent de l’artisanat japonais. Nous avons succombé à la même fièvre consumériste dont semblent souffrir tous les insulaires et acheté quelques babioles qui seront autant de jolis souvenirs à notre retour.
Pour que notre visite du Japon soit complète nous sommes allés à la rencontre des sumos, ces lutteurs japonais considérés au pays du Soleil Levant comme des demi-dieux. Nous en avons vus de toutes les tailles (en fait surtout des extra larges) et de toutes les couleurs. Il se tenait à Tokyo un grand tournoi où toutes les écoles s’affrontaient, chacune avec sa bannière colorée. Héloïse voulait vraiment être prise en photo avec l’un d’eux et depuis elle rêve d’avoir un grand frère sumo.
A Kyoto nous sommes allés à la rencontre d’un autre de ces personnages sans qui le Japon ne serait pas le Japon, la geisha. Pour le plaisir de la photo nous l’avons « traquée » alors qu’elle sort à la nuit tombante pour aller travailler dans une de ces mystérieuses maisons de thé. Quelle étrange figure que celle de la geisha. Elle semble appartenir à une époque révolue, alors qu’elle est en fait un des emblèmes de la culture japonaise. On la voit trottiner tout en essayant de se frayer un passage au milieu de dizaines de touristes, toute frêle sur ses hauts sabots de bois, drapée dans un kimono luxueux aux couleurs chatoyantes. Elle arbore cette coiffure étrange et très compliquée qui met en valeur sa nuque et enveloppe son visage poudré de blanc, duquel se détache une bouche fardée d’un rouge soutenu.Les filles se sont fait beaucoup de copains avec lesquels elles échangeaient de beaux sourires ou quelques signes de la main. Elles auraient aimé prolonger cette étape mais d’autres aventures nous attendaient déjà dans l’Empire du Milieu.

jeudi 15 mai 2008

Australie: l'île-continent











Nous quittons l’Australie, le seul endroit au monde qui soit à la fois un pays et un continent. Un pays aussi grand que l’Europe qu’il faudrait des mois pour visiter entièrement. C’est la troisième fois que nous nous y rendons avec Walther et nous avions vraiment envie que les enfants puissent découvrir ce lieu unique, peuplé d’étranges animaux qui n’existent nulle part ailleurs. Nous avons débarqué à Melbourne, la rivale de Sydney pour sa beauté et sa qualité de vie. Nous nous sommes un peu promenés dans ses rues agréables aux immeubles imposants, sans oublier d’aller boire un capuccino sur la terrasse d’un de ses nombreux bistrots, que les italiens eux-mêmes pourraient leur envier. Une mousse si épaisse qu’on se demande s’il restera encore un peu de café ou de chocolat chaud au fond de la tasse, dans laquelle on laisse fondre un marshmallow. Un régal ! Notre temps étant compté, nous ne nous sommes pas attardés davantage et avons poursuivi notre route jusqu’à Philip Island pour aller assister à la « parade des pingouins », ces mêmes adorables petits pingouins bleus que nous avions découverts en Nouvelle Zélande. Alors que 18 d’entre eux avaient débarqué en NZ, ils étaient plus de 800 en Australie. Chaque vague amenait son lot de petits pingouins et seule la retenue qui nous était imposée pour éviter de les effrayer nous empêchait de pousser des cris d’enthousiasme. Tout comme en NZ, les petits pingouins sont arrivés ce soir-là dans un lever de lune époustouflant, qui a fait croire à Héloïse que le soleil était en train de se lever. Pour les petits pingouins, une fois à terre, le plus dur reste à faire. Après une journée passée en mer à pêcher, ils doivent parcourir pour certains encore plus d’un kilomètre sur la terre ferme avant de rejoindre leur nid respectif.
A Philip Island, les filles ont eu leur première expérience avec les marsupiaux australiens. Un parc animalier permettait d’approcher les koalas, lesquels étaient particulièrement éveillés et actifs lorsque nous les avons vus. Généralement ils vivent plutôt la nuit, ce qui les rend difficilement observables. Dans ce parc il y avait de nombreux kangourous qui pouvaient sautiller en toute liberté et qu’on pouvait nourrir à la main pour le plus grand plaisir des filles. On est resté des heures au milieu de tous ces animaux pittoresques et lorsqu’on s’est présenté à la sortie, la fille du guichet était toute étonnée de constater qu’il y avait encore du monde dans le parc et avait déjà fermé certaines portes. Ce soir-là, on a bien failli dormir parmi les marsupiaux. Le lendemain, impatientes de nourrir encore quelques kangourous qui n’auraient pas eu leur ration de graines, nous avons cédé à l’insistance des filles et sommes retournés dans ce même parc pour renouveler l’expérience avec le même plaisir.
Nous avons quitté Philip Island avec le regret de ceux qui savent que le temps est compté et qu’il faut continuer sa route pour découvrir d’autres lieux sans savoir s’ils seront aussi enchanteurs. Ainsi nous sommes partis à l’assaut du Puffing Billy, un petit train à vapeur qui survit grâce au bénévolat des gens de la région et qui permet de traverser assis sur le rebord des fenêtres, les jambes dans le vide, une belle région du bush australien.
De là nous nous sommes rendus sur la Great Ocean Road, une belle route panoramique qui longe la côte entre Melbourne et Adélaïde et qui offre des points de vues époustouflants : falaises, pitons rocheux qui résistent vaillamment à l’assaut répété des vagues. Un jour nous nous sommes éloignés de la cote pour aller marcher dans la canopée. Un système de passerelles juchées à plus de 30 mètres du sol permettait de découvrir les arbres depuis leur sommet. Une tour de 67 mètres permettait même de s’éloigner un peu plus du sol pour toucher le ciel du doigt. Magnifique et vertigineux.
Sur notre route, il y a eu bien des rencontres et des étapes plaisantes. On se souviendra notamment des cacatoès que nous avons pu nourrir par dizaines depuis la terrasse de notre cottage au petit matin. Des centaines de pélicans qui semblaient n’attendre que nous sur un bras de mer du lac Alexandra. Et puis le temps a filé et très vite nous avons débarqué à Sydney où nous avons retrouvé nos amis Heather et Wayne, rencontrés quelques 12 ans auparavant lors de notre croisière aux Fidji. Grâce à leur accueil et leur générosité nous avons vécu une vraie vie de château, qui fera de cette étape un moment privilégié de notre voyage. Sydney est une ville magnifique d’où qu’on la regarde. Une petite visite à l’opéra a suscité chez les filles une vocation (déjà latente) pour la danse et trois jours d’entrechats.
Encore un séjour trop court et le regret de ne pouvoir prolonger cette étape…
De Sydney nous nous sommes rendus à Cairns, prêts à affronter tous les dangers de la mer pour découvrir les merveilles de la grande barrière de corail. Finalement la chose la plus désagréable que nous ayons eu à subir a été une mer un peu grosse. Nous n’avons jamais vu autant de passagers souffrant du mal de mer et vomir sur un bateau. L’équipage bienveillant se tenait dans tous les endroits stratégiques, tendant et récoltant des sacs peu ragoûtants dont la seule vue nous rendait malades.La barrière de corail mérite bien son titre de merveille du monde. On avait vraiment l’impression de nager dans un aquarium, sauf que là c’était la vraie mer et que rien n’avait été arrangé par la main de l’homme. Une myriade de poissons de toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs et des coraux de toute beauté.

samedi 19 avril 2008

L'île fumante







Notre visite de l’île du Sud s’achève en beauté. La vue depuis le ferry, qui relie Picton à Wellington et qui passe dans le Marlborough Sound, est d’une beauté à couper le souffle. Le mauvais temps qui nous accompagne lors de cette traversée ne nous déplaît pas. Le paysage qui nous entoure, loin d’être altéré par la pluie et les nuages bas, est au contraire dramatisé et semble encore plus beau. Ainsi l’atmosphère qu’on s’attendait à trouver au Milford Sound, qui baignait sous le soleil, est rendue ici.
Le contact avec Welligton, la capitale a été un peu rude. Déshabitué aux grandes villes, on s’est senti comme un indien en Amérique. Tout paraissait démesuré et déjà on rêvait de retrouver nos moutons et nos grands espaces inhabités. Comme nous avions prolongé notre séjour sur l’île de Jade et que le temps sur l’île fumante nous était compté, nous nous sommes rapidement rendus au Tongariro National Park pour partir à la découverte de ses volcans, qui sont encore pour certains en activité. Le paysage est spectaculaire. Le site a été choisi pour y tourner de nombreuses scènes du Seigneur des Anneaux, que les cinéphiles auront certainement vu. La dernière éruption du volcan Ruapehu a eu lieu juste après notre départ…lors de notre séjour en 1996. De là nous avons rejoint Rotorua, une ville qui sent l’œuf pourri, car elle se situe dans une région à très forte activité géothermique. Nous avons vécu trois jours perdus dans les fumerolles, entourés de bains de boue bouillonnants et autres geysers menaçant, à chaque instant, d’entrer en activité. Il y en a même un, le « Lady Knox », qui jaillit tous les jours à 10h15. De peur de rater cet événement on s’est longuement demandé si le booklet que nous avions avait tenu compte du récent passage à l’heure d’automne. Arrivés sur place on a réalisé que ce geyser-là était quelque peu…spécial. Peu importe le changement d’horaire puisqu’il suffit que le ranger lui fasse avaler un peu de poudre à lessive pour créer une réaction chimique qui le force à jaillir ! Heureusement qu’on n’avait pas téléphoné à l’office du tourisme avant de venir, on se serait payé la honte !
A Rotorua nous sommes allés à l’Agrodome pour assister au grand show des moutons et à la tonte de l’un d’entre eux. Emma a eu la joie de donner le biberon à un agneau, alors qu’Héloïse s’est essayée à traire une vache. Nous avons vu les chiens à l’œuvre, rassemblant les moutons, qui obéissent au doigt et à l’œil, ou plutôt au sifflet de leur maître. De quoi faire pâlir d’envie tout parent qui a parfois du mal à se faire entendre de sa progéniture. On a acheté un sifflet, des fois que la technique marche aussi avec les enfants !
Quitté Rotorua, nous sommes redescendus à Taupo pour nous rendre chez nos amis fermiers, rencontrés quelques 12 ans plus tôt lors de notre croisière aux îles Fidji. Les filles attendaient ce moment avec tant d’impatience. Je crois que l’idée seule d’aller voir des amis, hormis qu’ils devaient avoir des champs remplis de moutons, était une joie en soi. L’amitié est déjà une notion importante à leurs yeux et le fait d’avoir laissé tous nos amis à l’autre bout du monde pour une longue période donnait à ceux-ci une valeur d’autant plus importante. Nous avons été accueillis sous une pluie battante. La famille Brodie a déménagé à quelques pas de leur ancienne maison, dans une nouvelle, digne des plus grandes stars d’Hollywood. Les vaches, plus rentables, ont désormais remplacé les moutons dans les champs. Quitter nos amis a été difficile, en particulier pour Emma qui se demande encore comment on peut être aussi gentil et qui veut absolument revenir en Nouvelle Zélande aux prochaines vacances de Noël.
Une petite halte sur le chemin d’Auckland à Waitomo pour fêter les 10 ans d’Emma. Pour l’occasion nous sommes allés dans une grotte admirer une insolite voûte étoilée de milliers de glow worms, des vers luisants et assister à la tonte d’un lapin angora ; un petit clin d’œil à Hermione et Carotte nos deux lapins nains qu’Emma aurait aimé emmener en voyage avec nous.
Nous terminons notre périple en Nouvelle Zélande à Auckland, une belle ville à l’architecture étonnante. Un mélange de bâtiments anciens et de building au design contemporain, dans une ambiance très cosmopolite. La ville s’enorgueillit d’avoir la plus haute tour de l’hémisphère sud, de laquelle les plus courageux peuvent faire un petit bungy jumping : 192 mètres de chute libre. Nous laissons ce petit plaisir à d’autres.
Nous sommes tous un peu tristes de quitter la Nouvelle Zélande et déjà les filles nous font promettre d’y revenir ensemble. Espérons qu’elles tiendront leur promesse !