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Carnet de route

Ma « croisière » sur l'Amazone 

Iquitos, ville de 250 000 habitants au nord de l'Amazonie péruvienne, n'est accessible qu'en avion... ou en bateau ! La plupart des Péruviens utilisent des cargos de marchandises au départ de Pucallpa ou de Yurimaguas. Un moyen de transport qui s'avère bien moins cher et propice aux rencontres... si toutefois vous avez le temps, car nombreux sont les départs retardés au gré des crues, des marchandises à transporter, ou tout simplement de l'humeur du capitaine !
Ma traversée s'est déroulée sur quatre jours, entre Pucallpa et Iquitos, quelques jours avant Noël 2011.

Iquitos 5> Jour 1 : J'arrive sur le bateau « Henry 2 » dès 8h et essaye tant bien que mal d'accrocher mon hamac et de poser mon sac à dos. Il y a déjà beaucoup de monde, certains dorment depuis trois jours ici pour être sûrs d'avoir de la place, du coup je me retrouve en plein soleil et quasi collée au banc... Le chargement se termine : des kilos de mangues et de bois précieux, très réputé à Pucallpa. Mais il y a aussi plein de bidons à distribuer au fil des escales dans les villages : des litres de lait, des kilos de riz et des poules encore vivantes entre autres. Sur le bateau d'à côté, le chargement commence seulement, et ça peut durer plusieurs jours car tout se fait à la force des bras.

Le bateau part à midi. J'ai déjà dû perdre 2 litres de sueur, la turista ne m'a pas laissé de répit et j'agonise dans mon hamac, bref ça commence très fort... Je sors de ma torpeur à la tombée de la nuit, avec l'arrivée d'un peu de fraîcheur et je commence à discuter avec mes voisins.

Vu que je suis l'unique fille seule à bord, je craignais un peu l'ambiance virile des marins d'eau douce mais en fait, tout le monde est aux petits soins avec moi. On m'explique que quand la cloche sonne, il faut donner sa gamelle au cuisiner qui doit préparer une centaine de repas trois fois par jour. Le soir, tout le monde regagne son hamac dès 20h, mais bizarrement le capitaine (ils sont deux pilotes à se relayer pour quatre jours) choisit de contrôler les billets des passagers à 2h du matin. Branle-bas de combat! Car dans le bazar ambiant, pas facile de trouver son ticket et tout ça dure quasi jusqu'à l'aube. On se retrouve donc tous très frais pour le petit-déjeuner à 6h avec un lait chaud parfumé à la cannelle et aux fruits, peu ragoûtant, mais super bon.

> Jour 2 : Je sympathise avec Carlos, l'électricien du bateau qui a choisi de quitter sa maison à Pucallpa pour vivre sur l'eau. Il m'explique la brusque montée des eaux avec la saison des pluies qui commence. Aujourd'hui d'ailleurs, il tombe des cordes mais l'air est beaucoup plus respirable, ça change la vie ! On me pose beaucoup de questions sur la France et, allez comprendre pourquoi, sur Venise ! Quand j'explique que cela fait plusieurs mois que je voyage au Pérou, on m'envie de connaître le Machu Picchu ou le lac Titicaca, connus au mieux en photo par la plupart de mes voisins...

> Jour 3 : Je rate le petit-déjeuner pour m'accorder une grasse mat' aujourd'hui... La nuit a été longue entre la chaleur, les moustiques, et plusieurs réveils intempestifs car au moment des escales, il y a toujours des villageois qui montent proposer des boissons fraîches, des fruits et des juanes (poulet avec du riz cuit dans une feuille de bananier, délicieux). Mais du coup, j'ai la Iquitos 2pêche ce matin et je décide de faire mon « cahier de vacances espagnol », ce qui amuse beaucoup les enfants d'à côté qui corrigent mes fautes et me donnent un cours particulier!

Le cuisinier me fait une dédicace en mettant une cassette française qu'il a trouvée : « Trois nuits par semaine » d'Indochine, ça alors, c'est arrivé jusqu'ici ! Carlos me fait aussi une surprise car la veille je lui avais dit que je goûterais bien du caïman et il a réussi à en trouver à une escale. Pas mauvais avec la texture du poulet mais le goût du poisson. Le soir, je suis acceptée à la table des hommes qui jouent aux cartes, la classe !!!
On joue au moins jusqu'à 22h, c'est mon record de veille sur le bateau...

> Jour 4 : ma troisième nuit bercée par le rio... mais le dos détruit par le hamac ! Tout le monde admire l'arrivée sur l'Amazone (fleuve classé au patrimoine de l'UNESCO en 2012) car jusqu'à présent, on naviguait sur un de ses affluents l'Ucayali... La notion du temps est vraiment bizarre ici : hier je commençais à m'ennuyer ferme, et aujourd'hui j'apprécie la relative lenteur du cargo (quatre jours pour parcourir 530 km).

Maintenant, tous les enfants du bateau se connaissent et organisent des parties géantes de cache-cache. Je discute toute la matinée avec Antonio qui va travailler six mois à Iquitos dans le marketing et qui se trouve aussi être un fan de Voltaire...

Iquitos 6Du coup, on devise sur la morale de Candide «Il faut cultiver notre jardin ». Il me demande aussi ce que je pense du Siècle des Lumières et ce que ça a changé en France : heu... comment expliquer ça avec mon espagnol laborieux?

Finalement, on arrive à Iquitos avec de l'avance en ayant évité les pannes et les crues : trop facile !
A moi la douche avec de l'eau propre et le jus bien frais de maracuya !

Catherine FAUCHEUX

 
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