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Carte postale du Pérou

Certains sites sont si grandioses, renferment tant de mystères qu’ils émeuvent à jamais tous ceux qui ont le privilège d’y pénétrer.

A trop fixer la carte postale épinglée sur le mur, d’infimes mouvements finissent par s’installer au coeur du paysage fixe. Le souvenir fait son voyage, se glisse dans le paysage.

Notre esprit y retourne. C’est un peu comme si la carte postale ouvrait ses volets, pour offrir une nouvelle fois à nos regards, les instants fugaces et si agréables de la découverte de l’ailleurs. Et, tout à coup, nous nous faufilons dans l’image, comme happés, pour en devenir les personnages.

Il est presque cinq heures du matin. Nous traversons à pattes de velours la petite ville de Ollantaytambo. L’air est frais et humide.

Protégés de bonnets et d’épaisses vestes, nous arpentons les ruelles étroites qui descendent avec rudesse jusqu’au quai de la gare. Un train bleu et jaune nous y attend. Il semble impatient de nous conduire jusqu’à notre destination finale. Les voyageurs sont, pour la majorité d’entre eux, de simples touristes, sacs aux dos et appareils photos en bandoulière. Villageois et habitants de la région se mêlent à eux, ajoutant au tableau de joyeuses touches colorées.

Nous grimpons dans le wagon encore vide, tout heureux de trouver une chaleur accueillante et un confort rassurant. Les occupants de la voiture numéro douze s’installent bruyamment et bientôt toutes les places sont occupées. Les têtes se tournent. Les gens se parlent, sourient, patientent.

Un coup de sifflet surprend tout le monde.

Lentement, le train avance, se lance, accélère, c’est le départ. Désormais, à pleine vitesse, le convoi se faufile au creux d’étroites gorges verdoyantes et rocailleuses. Parfois, le passage devient si étroit que le train semble le forcer.

Nous suivons le cours de la bouillonnante et boueuse rivière Urubamba dont les cris de colère s’entendent jusqu’au travers des vitres du train. Le trajet est passionnant, excitant.

Il nous faudra une heure trente pour rejoindre la gare d’Aguas Calientes.

Extrait du magazine Globe-Trotters N° 183.

Texte Henry Lavesque (30)

photos Fabienne Lavesque (30)

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