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Ukraine août 2010

Eglise Saint Michel à Kiev Eglise Saint Michel à Kiev
Il y a douze ans, nous rendions visite à nos amis biélorusses, et nous sommes partis durant une semaine à Kiev, capitale de l’Ukraine, avec leur fille. La perestroïka et la révolution orange de 2004 était passée par là, mais pas encore la guerre. Récit de voyage avec les notes de l’époque.

A Kiev, la première chose que semble avoir fait les ukrainiens, c’est de rebâtir leurs églises orthodoxes, détruites autant par les allemands que par les communistes lors de leur prise de pouvoir par Staline. Après 1991, d’immenses travaux ont remis sur pied les plus belles églises orthodoxes de la ville, comme l’église St Georges, grande pyramide ocre qui affiche son dôme doré et ses arches de pierre grise. L’église Ste Sophie aux toits verts côtoie l’église St Michel aux murs bleus. Plus loin, les églises de la Trinité, et de l’Assomption, puis l’église St André. Dans un autre quartier, la cathédrale Vladimir, en hommage à Vladimir le grand, fait admirer son toit bleu tacheté d’étoiles. La ferveur religieuse ne s’est jamais éteinte malgré le joug communiste.

Ville moderne

Kiev est une ville neuve, reconstruite. Au hasard de nos déplacements, nous prenons le métro, aux galeries voûtées ornées de grands lustres ronds qui les font presque ressembler à des galeries d’art. Rien à voir avec notre métro parisien ! La station de métro « gare centrale » est ronde, soutenue par de gros piliers ronds qui lui donnent l’allure d’une arène romaine.

Depuis la révolution orange qui a bousculé le pouvoir encore en place et ouvert le jeu politique vers plus de démocratie, les élections sont libres, avec des candidats qui s’affrontent sur des programmes bien identifiés et s’exposent sur de grandes affiches. Avec Natalia, nous repérons le leader « vert », qui prêche pour la nature, l’eau, contre la pollution, comme ses collègues européens. Mais il y en a d’autres, pas toujours bien mis en valeur. Inutile de dire que les communistes n’ont plus vraiment la côte. L’ouverture du marché a vu arriver beaucoup de produits occidentaux, mais a surtout eu une influence culturelle et psychologique.

Révolution culturelle

Dans la capitale ukrainienne, les mini-jupes et hauts talons sont rois. Les petits magasins, les marchés de plein air où l’on vend de tout poussent comme des champignons. Des marques occidentales ont maintenant pignon sur rue. Le soir, dans la rue principale, fermée à la circulation automobile car nous sommes dimanche, tous les piétons déambulent dans une joyeuse ambiance, et l’on croise des chanteurs et chanteuses de rue, des skates, des rollers, des danseurs de hip hop, et quelques vélos-taxis pour transporter les passagers. Et à 21 h, la rue s’illumine tout à coup de multiples décorations qui rappellent l’époque de Noël.

Il fait une chaleur insupportable, encore 38° en début de soirée, sur la place de l’indépendance (place Maïdan). Sur un côté, quelques marches donnent accès à un véritable tapis d’eau, et les marches sont comme des mini cascades où tout le monde vient se rafraîchir.

Espoir contrarié

Sur mon carnet de voyage, j’écris à l’époque : « Bientôt, l’Ukraine fera partie de l’Europe, et pas la Biélorussie, où cet engouement, ce dynamisme vu à Kiev ne se retrouve pas, loin s’en faut ». Quatre ans plus tard, en février 2014, la place Maïdan verra une nouvelle révolution, celle de l’euromaïdan, ou encore la révolution de la dignité, car le gouvernement de l’époque refusera de signer un accord d'association avec l'Union européenne au profit d’un accord avec la Russie.

Pourtant, en 2010, l’Ukraine que nous avons sous les yeux s’est émancipée de sa tutelle passée. Sur une avenue de Kiev, une image en est le symbole : Une statue de Lénine, plantée au milieu de la chaussée  est surplombée par deux magnifiques panneaux publicitaires, vantant les mérites de deux grandes marques !

Natalia, la fille de nos amis, tempère notre enthousiasme : « En Ukraine, il y a des gens très riches et des très pauvres, mais pas de classe moyenne. En Biélorussie, il y en a une, et moins d’écart entre riches et pauvres ». Elle nous confie que les biélorusses et les ukrainiens ne s’aiment pas beaucoup. Ils ont la même langue mais pas la même culture.

Oubli

Le retour en car en Biélorussie ne manque pas de saveur. Lors d’une halte, nous partons avec Natalia visiter les quartiers environnants, sachant que l’arrêt dure une demi-heure. De retour à la gare des cars, quelle n’est pas notre surprise de voir le nôtre s’en aller sans nous. Personne n’a fait le compte des voyageurs pour savoir si tout le monde était là. Nous courons derrière, faisons de grands signes, mais rien n’y fait. Nous coupons à travers à chaque virage, le car est toujours en vue mais il ne semble pas nous voir. Heureusement, un feu tricolore arrête sa course et nous donne le temps de frapper à la porte du conducteur qui nous ouvre avec un air sévère. Plus de peur que de mal, nous pouvons regagner la Biélorussie.

< Philippe Masse (76)

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