Varanasi. Amoureusement surnommée la cité de Shiva, elle représente pour moi la quintessence de ce que j'aime de l'Inde. Intimement liée aux rituels hindous. Se plonger dans cette ville grouillante et tortueuse, c'est accepter d'être interpelé, troublé parfois.
C'est reconnaître ne pas tout comprendre mais parvenir à lâcher prise pour simplement accueillir ce que les hommes et les Dieux ont à nous offrir.
Le Gange, théâtre et témoin de la ferveur des hindous Je me suis installée dans la vieille ville, au coeur d'un repère d'artistes et de musiciens, secret d'un lieu bien gardé où l'émulation du groupe m'entraîne dans des rêveries oniriques sans fin.
De la terrasse, où les sons des tablas, cithares et autres guimbardes se mêlent aux dessins psychédéliques des fresques couvrant les murs, j'observe le Gange, à la fois théâtre et témoin de la ferveur puissante des hindous.
Une balade d'une heure en bateau sur le Gange coûte 100 Rps (1,45 €)
Arriver tôt pour assister à la puja du soir, qui se déroule vers 18 h, sur Dasaswamedh Ghat
Parcourir à pied les dizaines de ghâts, depuis l'Assi Ghat, près de l'université, jusqu'au Raj Ghat, près du pont ferroviaire, pour découvrir la vie au bord du Gange (de préférence tôt le matin, pour éviter la chaleur, et surtout parce que la foule des pèlerins s'y pressent alors)
À la gare ferroviaire, des touktouks officiels à prix fixes permettent de se rendre au centre ville sans arnaque ; ne pas s'étonner si l'on vous dépose avant votre guest-house car les touktouks sont interdits dans la ville historique, il faut donc finir à pied
Transports en Inde : je vous conseille de réserver vos billets à l'avance sur Cleartrip ou Makemytrip : les billets sont intégralement remboursables si l'on change d'avis et la commission est très, très minime (bien moins que dans une agence de voyage). Cela permet de visualiser le trajet de la ligne, de prendre le train qui convient le mieux à vos envies et de choisir sa classe en connaissance de cause
Sur la rive opposée, la nudité des terres donne du relief à l'inextricable lassis de la ville historique et vient renforcer le sentiment diffus d'une population chaque jour plus nombreuse.
À l'aube, sous une lumière encore douce et caressante, les ghâts - ces marches descendant jusqu'au Gange -, donnent corps sur des kilomètres au cycle de la vie : ici, un sari mouillé révèle les formes d'une femme prenant son bain rituel tandis que, les mains jointes en direction de l'astre, elle adresse ses prières ; là, des hommes en longhi blanc battent en cadence le linge sur les pierres plates ; là encore, des enfants jouent au cerf-volant tandis que leurs aînés s'adonnent au cricket. Les palais décatis offrent un paysage qui relève du mirage, reflet d'une splendeur d'antan.
Plus loin, une fumée acre et épaisse oriente le marcheur vers les bûchers qui, tout au long du jour et de la nuit, n'en finissent plus de libérer du cycle des réincarnations des hindous venus mourir à Varanasi pour y atteindre la Moshka. Des stocks impressionnants de bois s'amoncellent sur le ghât de crémation, attendant d'être pesés pour débuter la création d'un bûcher. La quantité de bois utilisée dépend des revenus de la famille, le bois de santal restant le plus cher.
Dorénavant et pour un moindre coût, un four électrique est également disponible.
Il n'est pas rare de croiser un cortège funéraire au détour d'une ruelle, le brancard drapé de linges chaudement colorés avant d'être plongé dans les eaux purificatrices du Gange et déposé sur le bûcher.
Ainsi, ils sont des milliers chaque année à entreprendre le voyage jusqu'ici, pour y vivre ou pour y mourir, mais surtout pour y prier.
Quand le soleil tire sa révérence, dardant ses derniers rayons rosés sur les eaux tumultueuses du fleuve, des centaines de petites lumières dansent sur l'eau. Berceau des souhaits et des voeux des pèlerins, les petites corbeilles de feuilles, de fleurs et de flamme, emportent avec elles leurs secrets... Les chants des pujas résonnent et l'odeur de l'encens se mêle au parfum capiteux du jasmin, pour conférer au moment une solennité bouleversante.
Un ballet bien orchestré Cette ville reste pour moi un hymne à la vie, dans la rumeur bruyante du matin comme dans la fraîcheur du crépuscule. Ses ruelles étroites et encombrées conservent entre leurs pierres une relative fraîcheur. Elles sentent bon les épices et le lait, invitent à la déambulation sans but.
Je me perds dans ces boyaux, parfois trop étroits pour laisser passer un homme quand un énorme taureau rumine nonchalamment au milieu, insouciant du chaos qu'il alimente. Je déambule des heures, portée par cette foule dense, qui pourtant jamais ne se bouscule, telle un ballet bien orchestré. Je hume les parfums huileux des samosas, j'entends les tintements joyeux des dizaines de bracelets colorés ornant les poignets des Indiennes, j'observe les hommes qui parlent, jouent, et s'échauffent devant le mondial de cricket en cours cette année-là. Bénarès était plus orientale qu'asiatique.
La ville revêt également un aspect médiéval : rues pavées piétonnes et métiers d'un autre temps, ce qui n'est pas sans me rappeler avec plaisir Katmandou...
Profitant d'un espace de rue épargné, je prends le temps de déguster mon lassi, faisant ensuite éclater au sol mon petit pot de terre. Varanasi n'a ainsi pas encore cédé à la facilité des gobelets en plastique qui jonchent le sol des rues indiennes partout ailleurs.
Fascinée par la religion hindouiste, cette ville sacrée me transporte chaque jour un peu plus dans un monde peuplé de Dieux et de légendes, où chacun des gestes du quotidien sont portés par une souffle cosmique d'une puissance indicible.
Aux confins de la vie et de la mort, Varanasi et ses rituels séculaires me font vivre certains des plus beaux instants de mon voyage... Une ville à l'attrait magnétique et aux charmes envoutants...
Texte et photo
Aurélie Rawinski (71)
À l'aube, sous une lumière encore douce et caressante, les ghâts - ces marches descendant jusqu'au Gange -, donnent corps sur des kilomètres au cycle de la vie : ici, un sari mouillé révèle les formes d'une femme prenant son bain rituel tandis que, les mains jointes en direction de l'astre, elle adresse ses prières ; là, des hommes en longhi blanc battent en cadence le linge sur les pierres plates ; là encore, des enfants jouent au cerf-volant tandis que leurs aînés s'adonnent au cricket. Les palais décatis offrent un paysage qui relève du mirage, reflet d'une splendeur d'antan.
Plus loin, une fumée acre et épaisse oriente le marcheur vers les bûchers qui, tout au long du jour et de la nuit, n'en finissent plus de libérer du cycle des réincarnations des hindous venus mourir à Varanasi pour y atteindre la Moshka. Des stocks impressionnants de bois s'amoncellent sur le ghât de crémation, attendant d'être pesés pour débuter la création d'un bûcher. La quantité de bois utilisée dépend des revenus de la famille, le bois de santal restant le plus cher.
Dorénavant et pour un moindre coût, un four électrique est également disponible.
Il n'est pas rare de croiser un cortège funéraire au détour d'une ruelle, le brancard drapé de linges chaudement colorés avant d'être plongé dans les eaux purificatrices du Gange et déposé sur le bûcher.
Ainsi, ils sont des milliers chaque année à entreprendre le voyage jusqu'ici, pour y vivre ou pour y mourir, mais surtout pour y prier.
Quand le soleil tire sa révérence, dardant ses derniers rayons rosés sur les eaux tumultueuses du fleuve, des centaines de petites lumières dansent sur l'eau. Berceau des souhaits et des voeux des pèlerins, les petites corbeilles de feuilles, de fleurs et de flamme, emportent avec elles leurs secrets... Les chants des pujas résonnent et l'odeur de l'encens se mêle au parfum capiteux du jasmin, pour conférer au moment une solennité bouleversante.
Un ballet bien orchestré Cette ville reste pour moi un hymne à la vie, dans la rumeur bruyante du matin comme dans la fraîcheur du crépuscule. Ses ruelles étroites et encombrées conservent entre leurs pierres une relative fraîcheur. Elles sentent bon les épices et le lait, invitent à la déambulation sans but.
Je me perds dans ces boyaux, parfois trop étroits pour laisser passer un homme quand un énorme taureau rumine nonchalamment au milieu, insouciant du chaos qu'il alimente. Je déambule des heures, portée par cette foule dense, qui pourtant jamais ne se bouscule, telle un ballet bien orchestré. Je hume les parfums huileux des samosas, j'entends les tintements joyeux des dizaines de bracelets colorés ornant les poignets des Indiennes, j'observe les hommes qui parlent, jouent, et s'échauffent devant le mondial de cricket en cours cette année-là. Bénarès était plus orientale qu'asiatique.
La ville revêt également un aspect médiéval : rues pavées piétonnes et métiers d'un autre temps, ce qui n'est pas sans me rappeler avec plaisir Katmandou...
Profitant d'un espace de rue épargné, je prends le temps de déguster mon lassi, faisant ensuite éclater au sol mon petit pot de terre. Varanasi n'a ainsi pas encore cédé à la facilité des gobelets en plastique qui jonchent le sol des rues indiennes partout ailleurs.
Fascinée par la religion hindouiste, cette ville sacrée me transporte chaque jour un peu plus dans un monde peuplé de Dieux et de légendes, où chacun des gestes du quotidien sont portés par une souffle cosmique d'une puissance indicible.
Aux confins de la vie et de la mort, Varanasi et ses rituels séculaires me font vivre certains des plus beaux instants de mon voyage... Une ville à l'attrait magnétique et aux charmes envoutants...
Texte et photo
Aurélie Rawinski (71)
Une balade d'une heure en bateau sur le Gange coûte 100 Rps (1,45 €)
Arriver tôt pour assister à la puja du soir, qui se déroule vers 18 h, sur Dasaswamedh Ghat
Parcourir à pied les dizaines de ghâts, depuis l'Assi Ghat, près de l'université, jusqu'au Raj Ghat, près du pont ferroviaire, pour découvrir la vie au bord du Gange (de préférence tôt le matin, pour éviter la chaleur, et surtout parce que la foule des pèlerins s'y pressent alors)
À la gare ferroviaire, des touktouks officiels à prix fixes permettent de se rendre au centre ville sans arnaque ; ne pas s'étonner si l'on vous dépose avant votre guest-house car les touktouks sont interdits dans la ville historique, il faut donc finir à pied
Transports en Inde : je vous conseille de réserver vos billets à l'avance sur Cleartrip ou Makemytrip : les billets sont intégralement remboursables si l'on change d'avis et la commission est très, très minime (bien moins que dans une agence de voyage). Cela permet de visualiser le trajet de la ligne, de prendre le train qui convient le mieux à vos envies et de choisir sa classe en connaissance de cause