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mardi, 09 février 2016 18:28

L’Iran, de grands paradoxes

Comme chaque année, je conduisais ce printemps un groupe de touristes français en Iran. Je sentais comme d’habitude une certaine appréhension pour aborder ce pays « diabolisé ».

Pour participer à ce séjour, il faut être muni d’une forte motivation en ce temps de crise au Moyen Orient où l’Iran se trouve plus que jamais impliqué.

Il aura fallu vaincre les réticences des familles ou des amis « comment ? tu vas en Iran !... mais c’est très dangereux » ou « mais tu ne nous aimes pas !... » quand il s’agit des enfants à leurs parents ou la vieille mère à qui l’on cache la vraie destination….

Oui, le gap entre les impressions vues de France est si grand que beaucoup se sentaient bien téméraires.

Bien sûr, on est venu voir les vestiges prestigieux de la Grande Perse mais on est aussi très curieux de l’accueil dans ce pays dit « Islamiste ». Avant on disait « musulman » et du temps de Louis XIV, on disait « Mahometan », question de mode et d’opportunité politique.

Ce fut donc la surprise de découvrir un patrimoine historique et architectural entretenu et bien restauré. Etonnés par la compétence et les connaissances des jeunes femmes guides parfaitement francophones sur les sites visités.

Ce qui frappe dès l’arrivée, c’est l’impression d’un développement rapide et important : autoroutes, villes encombrées de voitures, installation industrielles et centrales de production d’énergie ainsi que de très nombreuses liaisons aériennes entre les villes du territoire. Et d’apprendre que le territoire serait maillé de fibre optique.

basketteuses a YazdLe grand étonnement de ce séjour fut cette population spontanément très accueillante. On ne s’attendrait pas à ces remarques de sympathie, aux demandes de photos partagées, aux conversations passionnées et questionnements variés durant tout le séjour.

Etonnement donc de l’accueil dans les familles, qu’il s’agisse de nomades, de citadins de condition moyenne et de personnalités du milieu médical à Ispahan. Variétés de réceptions qui ont été l’objet d’échanges permettant de mieux comprendre la vie quotidienne. D’autant plus étonnés que nous étions nombreux !...Etonnés surtout de remarquer les manifestations de la Foi populaire. Contrairement à ce que l’on imaginait, ce ne sont pas dans les mosquées qu’elle semble s’exprimer mais dans les Mausolées. Dans le moindre petit village visité (Abiané) le tombeau d’un Saint est l’objet de visites.

On y vient pour solliciter son intercession concernant des difficultés personnelles ou familiales, obtenir une guérison ou réussir un examen !...

Ce qui expliquerait pourquoi les rares appels à la prière entendus dans ce voyage semblent ne pas concerner la population. Contrairement à certains pays musulmans, on ne voit personne se précipiter à la Mosquée.

Bien que les Mollah rarement vus en dehors de la ville de Qom, certains du groupe ont été invités par 2 fois à discuter. Bien sûr les réponses aux questionnements étaient sans surprise sur le rôle politique que jouaient les Religieux.

Sur ce terrain de la religion, la population Iranienne semble très marquée par le Zoroastrisme. La principale fête nationale est Nourouz, l’arrivée du Printemps et le 1er jour de l’année iranienne. Notre guide rencontré dans la cité de Yazd, en quelque sorte la capitale du Zoroastrisme fut très apprécié pour comprendre cette marque séculaire.

Surpris aussi de rencontrer dans les grandes villes des femmes particulièrement élégantes, une jeunesse féminine très visible qui a su adapter les exigences officielles en mode. Vêtements colorés, ajustés et moulants, maquillages provoquants, la tête couverte d’un foulard laissant le plus souvent apparaître une chevelure abondante, parfois même colorée d’une mèche blonde. Un grand nombre par coquetterie se sont fait refaire un nez jugé trop proéminant !...

Ainsi par ce séjour aux observations variées et inattendues, on aura constaté que le régime doit avoir de plus en plus de mal à gérer la contradiction entre une forme de pouvoir religieux et le développement d’une société moderne, fortement et très rapidement urbanisée et une jeunesse tournée vers l’Occident.

Cette jeunesse très instruite et nombreuse n’est pas sans provoquer de fortes tensions dans un pays aux traditions encore très prégnantes.

Ce séjour aura suscité bien des interrogations et il aidera à comprendre comment cette Perse renaissante peu causer un problème d’Hégémonie régionale.

Comme certains ont dit : « il faut visiter ce pays parce que c’est un pays attachant avec une population très accueillante ».

< Michel Percot (30)






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