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Récits de voyage (46)

mardi, 08 décembre 2015 10:43

Sur la route sacrée du centre du monde

En Asie circulait la légende du mont Meru, centre du monde, et d’un lac, auprès duquel quatre des plus grands fleuves d’Asie prennent leur source.
Cette légende fut ridiculisée par les Occidentaux jusqu’en 1908, quand l’explorateur Sven Hedin découvre le mont Kailash et le lac Manasarovar, lieux de mythique pélerinage.

Juillet, je suis au Tibet depuis deux semaines. Après un trek de quelques jours jusqu’au camp de base de l’Everest, je reprends la route vers l’ouest accompagnée de Ngima, mon chauffeur. Lorsque nous quittons le goudron de la Friendship Highway qui continue vers Katmandou, c’est pour prendre une piste de qualité variable qui longe le versant nord de la chaîne himalayenne. De nombreuses jeeps venues du Népal et remplies de pèlerins hindous nous accompagnent au coeur de paysages de steppes, de lacs aux eaux turquoise, de collines verdoyantes comme arides. Nous sommes sur la route qui mène au centre du monde : le mythique mont Kailash.

Pour une réincarnation positive Faire la khora, tour du mont Kailash (6 714 m) est le but de toute une vie à la fois pour les bouddhistes, les hindous, les bön-po (adeptes de la religion animiste et chamanique qui prédominait au Tibet avant l’arrivée du bouddhisme) et les jaïns.

Pour tous, effectuer le tour du mont Kailash efface les péchés et permet de se rapprocher du nirvana, état d’esprit où l’être humain n’est plus sujet à la souffrance et qui permet de s’affranchir du cycle des vies. N’ayant pas de guide, je m’immisce au sein d’un groupe de pèlerins hindous pour passer les nombreux postes de contrôle chinois. Venus des quatre coins du monde, certains ont déjà fait le pèlerinage plus de dix fois, pour d’autres c’est la découverte.

Lorsqu’au détour d’un virage, le sommet de leurs rêves apparaît enfin, les jeeps s’arrêtent le long de la route et tous descendent.
Ils se prennent dans les bras et plusieurs sont en pleurs : la demeure de Shiva est devant leurs yeux et l’émotion est forte.
Bivouac sur les rives du lac Manasarovar Au petit matin, les pèlerins sont rassemblés pour la puja, cérémonie religieuse. Une petite tente est installée où les plus courageux peuvent se changer avant d’aller se purifier dans les eaux sacrées du lac. Pourtant, je n’en vois aucun les pieds dans l’eau !

Une longue ascension Une heure de route plus tard nous atteignons le village de Darchen, point de départ de la khora. Le lendemain matin, je m’élance gaiement sur le sentier, prête à parcourir les 52 kilomètres autour de la montagne sacrée en trois jours. Ngima, qui a déjà fait la khora une quinzaine de fois, m’attendra au village. Les deux premières heures, je ne croise qu’un troupeau de barhals, moutons bleus, où sont donc les pèlerins ? Je comprends vite : en contrebas du sentier, une piste s’avance au-delà de Tarboche, et les pèlerins hindous y vont en jeep, évitant les huit premiers kilomètres. Marquant l’entrée de la vallée glaciaire de la Lha-chu que l’on remonte jusqu’au Drölma-la, le plus haut col du circuit, Tarboche se repère de loin grâce à son immense mât à prières d’une hauteur de vingt mètres. Tous les ans au printemps, lors de la fête de Saga Dawa commémorant l’illumination de Bouddha, le mât est descendu et les drapeaux de prières sont renouvelés. Il est ensuite redressé avec une attention extrême, car il faut le positionner de manière parfaitement droite afin que l’année s’annonce heureuse.
S’il venait à pencher vers le Kailash, ce serait signe de grands malheurs.

< Angélique Pairault

Extrait du magazine Globe-Trotters de mai-juin 2015 N° 161
vendredi, 04 décembre 2015 09:19

Le chocolat de Baracoa (Cuba)

Développement culturel et économique autour de la richesse de ce coin de paradis atypique et reculé ignoré des circuits classiques.

Baracoa est une ville moyenne au charme rural et colonial avec ses vieilles demeures et ses trois forts. Elle peut de prime abord paraître en ruine, surtout si l’on se contente de parcourir le Malecón, promenade de front de mer, essuyant toutes les tempêtes et cyclones.

Mais située au cœur d’une nature extraordinairement généreuse, le café et le cacao y ont trouvé un terrain idéal pour se développer.

CacaoTrois semaines, trois mois, trois ans… C’est en1688 que le cacao arriva à Baracoa, autour de la baie de Porto Santo, car le climat s’y montrait favorable. Au cours du XIXe siècle. la cacaoculture est même devenue plus rentable que la caféiculture. C’est au-dessus de Baracoa en direction de la Farola que Yosmani, un paysan local, m’accueille dans sa modeste casita (maisonnette en bois) entourée de cacaoyers, arbres de 4 à 8 mètres de haut qui peuvent atteindre près de 10 mètres en forêt.

Le cacaoyer est caractérisé par une tige droite, un bois clair et une écorce brune, fine et lisse.

Le fruit, la cabosse, est long de 10 à 35 centimètres et contient entre 20 et 50 graines de cacao, nourries et protégées par une pulpe blanche appelée mucilage qui fait le délice des singes et des perroquets. Quand un guajiro comme Yosmani plante une graine, on dit qu’il lui faudra attendre trois semaines pour voir une tige sortir du sol, trois mois pour voir la tige se convertir en arbuste et trois ans pour que l’arbre produise son fruit.

Cosecha et lucha Yosmani me raconte qu’il porte le cacao tous les sept jours à la coopérative locale où les graines vont fermenter pendant une semaine avant de sécher entre huit et dix jours au soleil. La récolte bat son plein (cosechafuerte) entre mars et mai et se poursuit de juin à août (cosecha chiquita). Malgré un comptage fait au mètre carré de plantation pour estimer la production théorique, Yosmani avoue ne remettre qu’environ 60 % de sa récolte à l’Etat, et garder le reste pour la consommation familiale mais surtout pour fabriquer des boules de cacao revendues aux touristes.

C’est la lucha, mot désignant souvent le travail au noir, véritable soupape de sécurité de l’économie cubaine.

Sentez, frottez, grattez ! Les fameuses boules de cacao sont fabriquées et moulées à la main à partir de pâte de cacao pur obtenue après que les fèves aient été moulues à l’aide d’un moulin artisanal. Mais toutes les boules ne se valent pas car souvent de la farine est mélangée au cacao ! Méfiance donc à l’achat : sentez, frottez, grattez ! Ici les habitants préparent le chorote (chocolat chaud ou froid) en râpant les boules et en mélangeant le cacao avec de la farine, de l’eau, du sucre et de la cannelle.

Avec ces boules, le voyageur peut ramener chez lui un produit inaltérable et facile à transporter pour l’accommoder à son goût.

Des projets de diversification de la production existent et la négociation avec la Belgique devrait aboutir à un accord d’exportation de trois tonnes de fèves de Baracoa. Une exception, car la stratégie de Cuba est de garder ses fèves afin de privilégier les onze microfabriques artisanales locales, sans compter la fameuse usine de chocolat de Baracoa inaugurée en 1963 par Che Guevara Ministre de l’Économie de l’époque. Derrière ce protectionnisme, le caractère culturel, voire émotionnel, du chocolat explique la valeur quasi sacrée qu’on lui prête ici, résumée par Alejandro Hartmann, historiador (historien) de la ville : “le chocolat est l’esprit de Baracoa”.

< Texte et photos Jean-Marc Fiton (64)

Extrait du magazine Globe-Trotters N° 162

mercredi, 16 septembre 2015 08:54

Fred au Canada

Après avoir traversé la Russie, exploré l’Asie et l’Inde, parcouru la Nouvelle-Zélande et fait un stop aux USA à San Francisco, j’ai parcouru le Canada durant 5 semaines d’ouest en est.

Dans la partie ouest du Canada, j’ai d’abord passé 4 jours à Vancouver, grande et jolie ville mais sans être exceptionnelle, une ville moderne pleine de tours de verre et d’acier, une ville métissée aussi avec beaucoup d’asiatiques et quelques latinos, une ville agréable à parcourir à vélo et dont l’Aquarium est très intéressant à visiter. Ensuite j’ai fait un long trajet en bus pour aller passer 2 semaines dans les Rocheuses (au Canada on dit « Rocky Mountains ») afin de faire quelques randonnées en montagne : je suis d'abord allé 4 jours à Jasper (plein de jolies randos à faire autour) puis aux Columbia Icefields (très beau glacier) puis à Lake Louise où j'ai enchaîné 2 très jolis treks de 3 jours (
Iceline Trail) et de 4 jours (Skoki Valley) avec un québécois sportif et très sympa rencontré dans une auberge de jeunesse. C’était des treks "en autonomie" avec hébergement sous tente (avec parfois de la pluie !) et on emportait toute notre nourriture dans nos sacs à dos. J'y ai croisé un ours grizzli (à distance respectable : 100 m) et aussi des biches, un cerf et plein de marmottes.

Au Québec (partie est du Canada) où j’ai passé mes 2 dernières semaines canadiennes, j’ai d’abord visité la chaleureuse et très animée ville de Montréal puis la superbe ville de Québec, avant de parcourir en auto-stop durant 9 jours la Gaspésie (Rimouski puis Sainte-Anne-des-Monts (belle ascension du Mont Albert dans le Parc de Gaspésie) puis Petit-Cap (où mon hôte de couchsurfing m'a convié à une partie de pêche en mer : j'ai péché 4 beaux maquereaux que nous avons mangés le lendemain !), le très joli Parc Forrilon, puis le plus bel endroit de Gaspésie (Percé et son île de Bonaventure) où j'ai dormi chez quelqu'un qui m'avait pris en stop, et enfin Carleton-sur-mer), je suis ensuite revenu à Québec puis à Montréal pour prendre mon avion.


Quand j'y suis allé
J’ai séjourné au Canada de début juillet à mi août 2015, donc en très haute saison touristique. Les auberges de jeunesse étaient souvent presque pleines, mais comme j’ai fait énormément de couchsurfing (et du camping durant mes treks en montagne) je n’ai pas rencontré de problèmes d’hébergement.

La météo que j'ai eu

Assez bonne dans l’ensemble, un temps estival très ensoleillé mais avec quand même quelques épisodes pluvieux. Dans les Rocheuses, les moustiques ont été les plus redoutables que j'ai rencontré depuis le début de mon périple...

Mes coups de coeur

Lors de ce beau séjour canadien, j’ai surtout eu un gros coup de cœur pour la splendide beauté des montagnes Rocheuses, et j’ai bien aimé que dans l'ouest du Canada en juillet le soleil se couche à 23h ! Du coup on pouvait tout à fait entamer une 2ème rando sur le coup de 18h, ce qui était inimaginable en Asie, en Inde ou en Nouvelle-Zélande (à 18h il faisait nuit).
Au Québec j'ai apprécié l'incroyable gentillesse et l'immense hospitalité des québécois : j'ai pris une sacrée leçon d'humilité et de savoir-vivre... Cela m’a donné envie de retourner au Québec une prochaine fois, peut-être pour découvrir ce pays en hiver sous la neige (tout le monde dit que c’est très beau et qu’on finit à s’habituer aux températures de -10°C à -30°C).


Ce que j'ai moins aimé

Il n’y a pas grand-chose que je n’ai pas aimé au Canada… Je n’attendais rien de spécial de ce pays, et au final j’ai eu plein de bonnes surprises… La seule chose que j’ai moins aimé, c’est comme en Nouvelle-Zélande : même si les canadiens sont plutôt cool et relax, comme la très grande majorité sont d’origine britannique, on se croirait un peu en Angleterre, et du coup ce n’est pas très dépaysant pour un européen…

Alors, ces fameuses montagnes Rocheuses du Canada ?...

Après m’être régalé des somptueux paysages de nature en Nouvelle-Zélande, je ne m’attendais pas à retomber aussi vite sous le charme d’autres paysages de nature. C’est pourtant ce qui s’est passé avec les Rocheuses canadiennes, qui font partie des plus belles montagnes que j’ai eu l’occasion de voir au cours de mes différents voyages : c’est aussi beau que l’Himalaya au Népal, que les volcans de l’île de la réunion ou que les montagnes de l’île du sud en Nouvelle-Zélande… Des montagnes majestueuses et arides qui souvent se reflètent dans des lacs non moins splendides (Lake Louise, Lake Moraine), des glaciers impressionnants (bien plus beaux que ceux de Nouvelle-Zélande), des chutes d’eau spectaculaires (les plus belles de cette première année de tour du monde). Bref, j’en ai pris plein les yeux et je ne regrette pas d’avoir consacré deux semaines complètes à ces montagnes.

Alors, ils sont comment nos cousins québécois ?...

Jamais durant cette première année de tour du monde je ne me suis senti aussi bien accueilli : nos « cousins » québécois ont vraiment un sens de l’accueil et de l’hospitalité hors du commun. Invitations spontanées à dîner, invitations à aller faire du bateau sur le Saint-Laurent, auto-stop plus facile qu’ailleurs, etc. Plus simplement, j’ai souvent ressenti une profonde gentillesse chez ces gens, et en comparaison cela m’attriste un peu que le mot « gentil » soit devenu une insulte en France, particulièrement à Paris… Les québécois aiment la vie, ils aiment faire la fête, jouer de la musique… Moi qui ai vécu quelque temps dans le Nord-Pas de Calais, j’ai retrouvé la même chaleur humaine que chez les ch’tis ou nos voisins belges, c’était vraiment très agréable. Quand j’ai demandé à des québécois pourquoi ils sont si sympas, on m’a répondu que depuis toujours les québécois doivent s’entraider, en particulier durant l’hiver, et que du coup cela crée cet esprit fraternel. Bon, tout n’est pas rose non plus, il y a ici comme ailleurs des rivalités personnelles ou des querelles de clochers, mais dans l’ensemble j’ai trouvé au Québec une ambiance vraiment super, que ce soit à Montréal, à Québec city ou en Gaspésie.

Ce que j'ai mangé

La nourriture de l’ouest canadien (donc Canada anglophone) n’est ni délicieuse ni mauvaise, elle est plutôt bonne et variée du fait de la mixité de la population. Par contre au Québec je me suis régalé dans les nombreuses boulangeries-pâtisseries françaises, et j’ai même mangé du homard en Gaspésie…

Ce que je n'ai pas eu le temps de faire

Dans l’ouest canadien, comme j’ai décidé de donner la priorité aux montagnes, j’ai finalement décidé de ne pas aller visiter Vancouver Island, ce qui m’aurait fait faire plein de km dans la direction opposée des montagnes, et je n’avais pas envie de passer ma vie dans les bus… Tant pis pour Tofino, il paraît que ce coin est super joli, ce sera pour une prochaine fois…
Une fois dans les montagnes, vu que je me suis lancé dans des treks de plusieurs jours à partir de Lake Louise avec un québécois, je n'ai ensuite pas eu le temps d’aller dans les célèbres stations de montagne de Banff et Canmore (je les ai juste aperçues rapidement en bus en allant à Calgary). Tant pis, la priorité c'était l'aventure et la nature...
Au Québec, je n’ai pas eu le temps de visiter la côte nord du fleuve Saint-Laurent (Baie Comeau, Tadoussac et Baie St Paul) en rentrant de la Gaspésie alors que j’avais trouvé là-bas plusieurs personnes ravies de m’accueillir en couchsurfing.


Mes conseils aux voyageurs qui souhaitent se rendre dans ce pays
Le Canada est un pays très facile à visiter, un peu comme le Japon ou la Nouvelle-Zélande à l’autre extrémité du Pacifique. Tout est relativement bien organisé (avec cependant un peu moins de rigueur et d’efficacité qu’en Nouvelle-Zélande), les hébergements et les transports peuvent se réserver facilement par internet, et les canadiens se font en général un plaisir de vous renseigner. J’ai voyagé surtout en bus, mais aussi... en stop ! Oui ici le stop marche très bien (aussi bien dans l’ouest du Canada qu’au Québec), ça fait faire des économies et ça permet des rencontres très sympathiques.
Attention, le pays est cher, donc pour limiter la casse au niveau budget, je recommande le couchsurfing et les auberges de jeunesse pour les hébergements, et les bus (des réductions sont souvent possibles avec la carte de membre des auberges de jeunesse) et l’auto-stop pour vos déplacements.
Pour ceux que ça intéresse, allez voir un match de hockey sur glace (c’est le sport roi ici) si vous y allez durant la saison froide, ou allez faire quelques parties de pêche sur le fleuve Saint-Laurent. En hiver on peut bien entendu pratiquer le ski de piste, le ski de fond, le snowboard et les randonnées en raquette.
Pour téléphoner, c’est la ruine si on achète une carte SIM canadienne prépayée : le prix des appels est exorbitant et très vite on se retrouve sans crédit. La solution économique que j’ai trouvée grâce aux bons conseils d’étudiants argentins qui m’ont hébergé en couchsurfing : passer des appels payants avec Skype, car le prix à la minute est extrêmement bas (par contre cela ne permet pas d’envoyer des SMS ou de se faire appeler, sauf si on choisit d’acheter un numéro de téléphone Skype).

Le mot de la fin…


En conclusion je dirais que le Canada a été une très belle surprise de cette première partie de tour du monde. Les paysages de nature dans les Rocheuses sont souvent somptueux, et les canadiens sont vraiment très très sympas (surtout au Québec).

Fred around the world
http://fredalaventure.blogspot.fr/


mardi, 21 juillet 2015 10:38

Costa Rica, la côte caraïbe

À quatre heures de bus confortable de San Jose, la capitale, Cahuita est située sur la côte caribéenne du Sud, région réputée être la plus authentique du pays. Cette côte fut longtemps délaissée par les colons espagnols. Le boom des exportations de café vers l’Europe nécessita la construction d’un port et d’une ligne de chemin de fer pour son acheminement depuis les vallées centrales dans les années 1870.

L’arrivée de milliers d’anciens esclaves jamaïcains en quête de travail allait déterminer l’influence caribéenne de la région.

Cahuita, gros village de 8 000 habitants,est un melting-pot culturel de descendants de l’émigration jamaïcaine et d’occidentaux venus s’y installer pour tenir hôtels et restaurants.

Nous séjournons à l’écart du village près d’une longue plage de sable noir, la Playa Negra, battue en permanence par les vagues ; on aime se faire brasser dans cette mer des Caraïbes à la température idéale. Nous logeons dans un bungalow rustique mais bien ventilé, point important pour supporter le climat chaud et humide et profiter de la brise marine le soir venu. La cuisine extérieure couverte ouvrant sur un jardin tropical est idéale pour préparer notre petit déjeuner et le savourer tôt le matin en écoutant les chants variés des oiseaux qui peuplent les grands arbres alentours.

Pâques à la plage
Nous avons eu de la chance de trouver une cabina disponible en réservant la veille de notre arrivée. La semaine précédant Pâques est, avec Noël, l’une des deux semaines de congés que les Costaricains ont par an. Très nombreux à venir profiter de la plage à cette occasion, les plus fortunés y séjournent quelques jours, prenant d’assaut hôtels et bungalows.

À ceux-ci s’ajoutent les Ticos (1) qui viennent pour la journée de PuertoLimon, la grande ville de la région.

Toute la famille — parents, grandparents, enfants, oncles, tantes etc. —, débarque tôt le matin, déployant abris de plage et parasols, installant le barbecue et l’indispensable musique !

Deux jours “noirs”, le jeudi et le vendredi saint, où nous nous réfugions dans le parc national de Cahuita voisin traversé par un sentier de 8 km dans la forêt tropicale humide qui borde la côte. Une agréable randonnée où nous longeons tantôt la plage de sable blanc, tantôt nous nous enfonçons dans les terres dans une végétation abondante et luxuriante. Nous apercevons quelques oiseaux colorés, le coati à nez blanc, un mammifère qui se nourrit de crabes rouges, et les inévitables singes capucins prêts à aller fouiller votre sac lors d’une pause baignade ! La récompense est au bout du chemin, à la sortie du parc à Puerto Vargas, un restaurant au bord d’une petite piscine, tenu par un Italien sympathique qui propose un délicieux plat du jour typique caribéen : poulet, riz haricots noirs, légumes à la sauce coco.

Extrait du magazine Globe-Trotters de juillet/août 2015.

mercredi, 01 juillet 2015 15:55

Rando- kayak au Spitzberg

Un dernier et vigoureux coup de pagaie, le crissement du sable sous la coque et le kayak s’immobilise. Nous somme à 78°5’ de latitude nord, la température est de 8° C, il est presque 2h du matin, le soleil brille sur le ciel clair. Nous sommes en Baie du Roi, sur la côte Ouest du Spitzberg, la plus grande île de l’archipel Svalbard ou nous réalisons une randonnée en kayak .

Nous venons d’aborder la plage où nous établirons le premier bivouac.

Quatre heures auparavant, nous débarquions du Nordstjerenen, sur le quai de Ny Alesund, petite implantation dans ce pays hostile où sont installées plusieurs communautés scientifiques internationales. Nos kayaks attendaient là. Ce sont des engins parfaitement conçus pour notre inexpérience et notre faible envie de prendre un bain dans les eaux de l’océan glacial arctique. Quoique grands, plus de 5 mètres pour les biplaces, nous doutions fort qu’ils puissent qu’ils fussent capables d’embarquer l’ensemble du matériel qui, à cet instant, trônait comme un défi prés des embarcations. Le chargement dura deux heures. Patiemment, vivres, tentes, duvets, réchaud et matériel divers prirent place. On compléta par nos affaires personnelles réduites au contenu d’un sac étanche de treize litres, ce qui laisse à chacun la possibilité d’emporter au moins sa brosse à dent.

Le camp est vite monté, six tentes canadiennes plus la tente commune qui sert essentiellement à prendre les repas. Chacun rejoint son duvet… sauf « l’homme de garde ». C’est l’été au Spitzberg, la plupart des ours sont remontés vers le nord en suivant la banquise et les phoques, leur nourriture favorite. Il en reste cependant quelques uns, distraits, qui ont raté le dernier glaçon en partance et demeurent plus au sud attendant impatiemment le retour de l’hiver. C’est la raison de l’homme de garde ». Il veille sur la sécurité du groupe et donnera l’alerte si l’un de ces prédateurs affamés survenait, regardant notre camps plus comme un garde-manger que comme l’avancée de la civilisation en terre arctique.
Spitzberg363Nous atteignons le Glacier du Roi, un de ceux qui entourent la baie. A proximité des glaciers, le froid est sensiblement plus marqué. Nous restons à distance, d’énorme masse de glace s’écroulent dans la mer avec fracas et, tous stables qu’ils soient, nos kayaks ne résisteraient pas à la vague provoquée. Le temps est plus maussade, le paysage est bicolore, fait de tous les gris que peuvent imaginer le noir et le blanc. Les nuages s’accrochent aux sommets pourtant peu élevés. Les icebergs issus du glacier complètent le décor. Nous bénéficions des courants favorables au retour et retrouvons rapidement le camp. Quelques renards s’y baladent en quête de nourriture…

Au réveil la mer est agitée. Ici, c’est Dame Nature qui décide ! Nous adaptons nos ambitions à ses exigences. En suivant le rivage nous regagnons Ny Alesund afin d’y visiter les lieux fréquentés par Amundsen lorsqu’il lança, en dirigeable, ses expéditions vers le pôle. Le retour est pénible. Avec un peu de vent et des courants contraires la situation est la suivante : en pagayant, on a l’impression de ne pas avancer, sans pagayer, on a la certitude de reculer… mètre par mètre, nous retrouvons le camp…

Le repas se prépare collectivement, à base de conserves et avec la créativité de chacun. Repus, nous laissons l’homme de garde veiller. Demain nous espérons traverser la baie et installer le second bivouac....

< Marie-France et Jean-Pierre Legrand

mardi, 05 mai 2015 11:11

L'Irlande en prenant le temps !

Une balade autour de l’île, une immersion dans la douceur de vivre irlandaise, son histoire et ses paysages spectaculaires.

Certains voyageurs pensent pouvoir visiter l’Irlande en moins d’une semaine, quel dommage ! L’Irlande se déguste comme une Guinness : sa couleur guère engageante et la première gorgée, un peu âpre, nous font hésiter à continuer l’expérience. Mais si on insiste, souvent en bonne compagnie, on découvre des saveurs nouvelles, un caractère bien trempé, une chaleur conviviale et à la fin de la pinte…on en recommande une autre !

Ainsi, voyager en Irlande, c’est prendre son temps : ne pas s’arrêter au premier crachin, ne pas renoncer au premier virage, ne pas refuser de partager un coin de comptoir avec des inconnus qui ne sont jamais que des amis que l’on ne connaît pas encore, bref ne pas passer à côté de la douceur de vivre irlandaise.
lundi, 16 mars 2015 10:45

Les semi-nomades dans les Jailoo (Khirghizie)

PASSAGE DE LA FRONTIERE

Ce samedi 02 Août 2014, en provenance du KAZAKHSTAN, nous envisageons de franchir la frontière pour nous rendre au KIRGHIZSTAN.
Un petit poste frontière, situé à l’extrême nord-est du pays d’accueil en permet l’accès.
Depuis KEGEN, situé à 27 km, une route défoncée difficilement praticable y conduit. Les transports publics sont inexistants. Un fermier ayant, comme à l’accoutumée, livré son lait à la bourgade, accepte de nous prendre à bord de sa veille « LADA », dont l’état nous fait douter d’une arrivée sans encombre à destination.
La vieille « Guimbarde » semble se moquer de cette situation et nous dépose à la hauteur de la ferme, soit à environ 1 km du poste frontière.

Après avoir ajusté nos sacs à dos, sacs à dos contenant le nécessaire permettant de séjourner en autonomie sur les hauts plateaux du KIRGHIZSTAN, nous nous dirigeons vers la frontière.

Les autorités présentes à la sortie du KAZAKHSTAN, surprises de voir se présenter ainsi un couple de vieux bourlingueurs, nous dévisagent d’un air interrogateur, voire même quelque peu suspicieux. Il est vrai que maintenant peu de voyageurs circulent dans ces conditions.

On s’interroge. On observe nos documents avec précision. On nous jette de temps à autre un regard appuyé, curieux. On nous prend en photo. On fouille nos sacs à dos avec minutie. Tout est en règle. Autorisation nous est enfin donnée de poursuivre notre progression.
Arrivés au poste frontière du KIRGHIZSTAN, le même scénario se reproduit. On a droit à nouveau à la fouille de nos sacs à dos !

Quelques questions nous étonnent : « un véhicule vous attend-il après la frontière ? ». La réponse est bien évidemment « non » - « 12 km de route complètement défoncée sont à parcourir, il n’y a pas de moyen de transport public et avec vos sacs sur le dos… ».

L’œil interrogateur, les autorités consentent à nous laisser pénétrer sur le territoire du KIRGHIZSTAN.

Leur regard ne se détachera de nous qu’après que nous n’ayons parcouru quelques dizaines de mètres.

D’un pas décidé, sous un soleil de plomb, nous avalons les km. Il se vérifie que la tâche n’est pas aisée, ceci, jusqu’à ce que un véhicule 4X4 s’arrête à notre hauteur. Ce sont de jeunes russes qui, aussi étonnés que les douaniers, nous proposent de monter à bord.

La partie de la route défoncée franchie, il nous sera par la suite très facile de rejoindre la ville de KARAKOL située à 70 km plus loin.

< LE MARCHE AUX ANIMAUX DE KARAKOL

Incomparable marché aux animaux d’Asie centrale !

L’un des plus spectaculaires après celui de KACHGAR en CHINE.

Arrivés sur place on se retrouve face à un désordre indescriptible. Les animaux s’entassent pêle-mêle à perte de vue. On ne sait où poser les pieds, où passer, alors que pour les kirghiz tout est parfaitement ordonné, rangé, sans problème apparent, où ils retrouvent sans difficulté, l’ustensile nécessaire à la poursuite de leurs activités. Pour eux, nous sommes des gens empruntés, qui ne comprennent rien à rien.

Les animaux sont entassés dans de vieux camions, de vieilles « LADA », des remorques, tirés au bout d’une corde, attachés à un pieu, aux barreaux d’une vieille « Guimbarde », à une barre de fer, etc… Ici et là, d’immenses taureaux solidement attachés essayent d’en découdre avec leurs voisins, mais la corde tient bon. Nous sommes face à un « capharnaüm » difficilement imaginable.

Les acheteurs tâtent le flanc des animaux qui, rapidement changent de propriétaires et sont entassés à nouveau dans d’autres « LADA », d’autres camionnettes, d’autres remorques en bêlant furieusement. Les chevaux, après ruades et distributions généreuses de coups de sabots, les vaches de coups de cornes sont saisis par les pattes, la queue, l’arrière-train par 7 ou 8 hommes qui les hissent dans différents véhicules. Les animaux beuglant, hennissant se retrouvent complètement abasourdis sur le plateau des moyens de transport. Ce sont des manœuvres qui se répètent dix fois, cent fois ! Spectacle ahurissant !

A la suite de quoi, les uns après les autres, les véhicules chargés à bloc, tant pis pour les animaux, toujours ordonnés à la manière kirghiz, quittent le marché.




kirghi2

Toujours en quête d’insolite, nous décidons de nous enfoncer au cœur des grands espaces, sur les pentes de collines ondulantes se situant entre 2500 et 3000 mètres d’altitude, jouxtant les contreforts de la chaîne de montagnes des TIAN SHAN.

A cette altitude se déploient de luxuriants pâturages appelés « Jailoo » où des bergers, semi-nomades, passent l’été avec leurs troupeaux.

A l’extrême est du pays, la vallée de Karkara, pas très loin de la CHINE et longeant le KAZAKHSTAN, assure la solitude au voyageur. C’est vers cette vallée que nous conduisent nos chevaux.

Nous nous déplaçons dans un paysage de vastes collines steppiques se déroulant à perte de vue. Nous côtoyons des yourtes. Nous rencontrons des chèvres, des moutons, des vaches, des yacks et bien sûr des chevaux. Les nôtres sont plutôt capricieux, difficiles à conduire. A la moindre inattention les coups de sabots pleuvent et les ruades ponctuent notre cheminement.

 Après 2 jours passés au gré de formations géologiques étagées, nous pénétrons dans la vallée de Karkara.

L’hospitalité légendaire des bergers nomadisant continuant d’effectuer la transhumance annuelle n’est pas un vain mot. Au cours de notre progression, passant devant les yourtes ponctuant le paysage, chaque famille invite les voyageurs que nous sommes à boire le koumis, lait de jument fermenté.

En milieu d’après-midi nous évoluons à près de 2500 mètres d’altitude et décidons d’établir notre campement pour quelques jours auprès d’une grosse yourte totalement isolée. Un immense troupeau de moutons, de vaches, de chevaux gravitent sur les pentes environnantes. Ces animaux appartiennent à nos hôtes. Nous avons installé notre toile de tente à proximité, mais la famille d’accueil, composée d’un couple et de 2 jeunes garçons, insiste avec vigueur pour que nous passions nos nuits à l’intérieur de la yourte. Nous obtempérons.

 Après la distribution de cadeaux transportés jusqu’ici afin de satisfaire au bon usage, à savoir : thé, miel, riz, pain, etc… un grignotage en guise de bienvenue nous est offert.

Après les civilités d’usage, il nous est proposé de partir à dos de cheval derrière la crête immédiate de la colline faisant face au campement. Le spectacle naturel qui nous est offert est envoûtant. Les paysages vertigineux sont d’une beauté saisissante. A perte de vue, les collines s’évanouissent au loin sur les contreforts des TIAN SHAN. Au pied de l’une d’elles une trentaine de juments, paissent au creux de la vallée sous la surveillance d’un jeune homme demeurant sur place, ceci afin de les traire à intervalles réguliers. Après la traite le lait subit un mélange permettant l’obtention du fameux koumis devenu boisson nationale.

Nous enfourchons à nouveau nos montures, remontons sur la crête d’une colline dominante et c’est alors que nous découvrons au loin, la steppe immense du KAZAKHSTAN, ondulant à perte de vue, se confondant à l’infini avec le ciel.

A la fin de la journée, à la nuit tombante, nous rejoignons la yourte pour y passer la nuit.

En matière d’habitation nomade aucune civilisation n’a jamais inventé mieux que la yourte. Elle offre un gîte idéal, spacieux, chaud en hiver, frais en été ceci étant le résultat obtenu par le feutre constituant sa carapace, les nomades utilisant les matières premières fournies par leur propre troupeau. Elle se monte, se démonte aisément et se transporte facilement par le troupeau lui-même.

Le lendemain, ainsi que les jours qui suivront, nous visiterons à dos de cheval l’immense vallée de Karkara. Notre hôte nous propose de nous faire découvrir les endroits qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. Un soir, il nous conduit à l’entrée de la vallée de Karkara, en quelque sorte un retour sur nos pas. Juste au pied, à l’enchevêtrement des collines, là où commence cette immensité plate, se love dans un écrin de verdure un petit village kirghiz. Nous assistons à un spectacle que nul voyageur ne devrait manquer en venant au KIRGHIZSTAN.

Des milliers d’animaux de toutes sortes dévalent les collines de velours afin de rejoindre le village et ses environs. Il y en a partout, dessus, dessous, devant, derrière, sur les côtés, sur tous les flancs des pâturages, mais aussi à perte de vue sur l’immensité plate. Ils sont rassemblés ici car c’est ici, dans un gigantesque nuage de poussière, que s’effectue la traite du soir.

Nous avons sous les yeux une animalerie dont il est impossible de définir les contours, contenue par des kirghiz installés sur des chevaux qui rétablissent le bon ordre à la moindre incartade.

Sans nous en rendre compte nous venons de changer de planète !

Ce spectacle de troupeaux, qui vont, qui viennent, qui passent et repassent en bêlant, en beuglant, en hennissant durera jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce qu’ils se diluent lentement derrière les collines ondulantes des « Jailoo ».

« JAILOO » A PLUS DE 3000 METRES

Une semaine s’étant écoulée dans ce cadre enchanteur nous souhaitons pénétrer plus profondément dans les alpages. L’entrée de la vallée elle-même étant contrôlée par des militaires auxquels il faut montrer « patte blanche » nous est interdite.
En l’absence des documents nécessaires notre hôte, arguant qu’il n’y a jamais de contrôle plus loin, nous conduit en contournant un groupe de collines.

Il nous recommande à l’un de ses amis qui très volontiers prendra soin de nous.

Désormais, les « Jailoo » que nous foulons du pied se situent à plus de 3000 mètres d’altitude.

L’air et le ciel sont couleur azur. Le jour, la température demeure assez fraîche, il gèle la nuit. Nous nous sommes rapprochés des cimes enneigées des TIAN SHAN, barre frontalière avec la CHINE.

Nous avons sous les yeux le même spectacle inoubliable que la semaine précédente sauf que l’altitude lui confère encore plus de noblesse.

Le regard rencontre toujours et encore des troupeaux d’animaux de toutes sortes, cependant moins nombreux, conduits par des hommes à cheval. Ils vont s’abreuver dans les eaux bleu turquoise d’un petit lac de montagne facilitant ainsi leur présence à cette altitude.

Quelques yourtes sont dressées sur le pourtour du plan d’eau. A notre grande surprise, nous y côtoyons un troupeau d’une vingtaine de yacks tout noir.

Parcourant le secteur à cheval il n’est pas rare de rencontrer un animal mort qui sera, nous dit-on, dévoré par les rapaces et les loups.

FIN DE LA TRANSHUMANCE

Nous sommes à la fin du mois d’Août et déjà un soleil plus timide alterne avec les giboulées. De réelles tempêtes de neige sont assénées par des vents violents. Il se confirme qu’une autre phase de la transhumance débute. Dans le but de redescendre dans la vallée, certaines familles démontent déjà les enclos et réunissent les troupeaux. Dans la même démarche, nos hôtes décident de rejoindre le campement dans lequel nous avions précédemment séjourné.

D’abord, nous traversons ce qui s’apparente à des paysages de montagnes.

Ensuite, on s’introduit dans un labyrinthe où un soleil de fin de journée inonde les deux flancs de la montagne qui se sont transformés en d’immenses mamelons veloutés aux couleurs mordorées. Il s’y crée des jeux d’ombre, mettant en relief des dentelles soyeuses et veloutées dévalant la pente par vagues étagées, terminant leur course folle au fond de la vallée en gigantesques coulées mordorées.

Spectacle grandi



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Parvenus au fond de la vallée nous assistons à une des premières chasses à l’aigle de la saison.

Elégamment vêtu, les fauconniers se déplacent à cheval, aigle sur l’avant bras droit. L’attitude se veut cérémonieuse. Il est à préciser que ce genre de chasse est réservée à l’élite nomade.

« un fauconnier est toujours issu d’un clan noble » nous dit-on.

Quelques personnes à cheval parcourent le flanc de la colline toute proche quand, soudainement, un fauconnier décapuchonne son aigle qui immédiatement prend son envol et se dirige d’une rapidité fulgurante au pied de la colline. « Il a capturé un lapin », nous dit-on.

Il reste immobile sur sa proie, les ailes écartées et cède l’animal à son maître lorsque celui-ci arrive au galop et s’agenouille auprès de lui.

CONCLUSION

Cet épisode va clore notre séjour dans les « Jailoo » du KIRGHIZSTAN, pays profondément ancré dans ses traditions.

Ses vallées alpines, ses « Jailoo » veloutés, ses sommets perpétuellement enneigés ont valu à la petite république du KIRGHIZSTAN le surnom de « Suisse de l’Asie centrale ».

Mais les similitudes s’effacent devant les chasses à l’aigle, les yourtes, les nomades…

< MAURICE THINEY

MEMBRE :
- DE LA SOCIETE DES EXPLORATEURS FRANÇAIS
- DE LA GUILDE EUROPEENNE DU RAID
- DU CLUB INTERNATIONAL DES GRANDS VOYAGEURS
- D'AVENTURE DU BOUT DU MONDE
- DE L'ORGANISATION MONDIALE DE LA PRESSE PERIODIQUE


jeudi, 12 février 2015 09:17

Voyage à Séoul

< Quand y aller :
Les meilleures périodes de l’année pour séjourner à Séoul sont au cours de l’automne, quand les chaleurs estivales commencent à s’adoucir, que l’air est sec et que les arbres sont tout entiers recouverts de leur feuillage multicolore (généralement au mois d’Octobre); et au cours du printemps, quand les températures redeviennent clémentes et que la végétation bourgeonne en de subtiles couleurs poudreuses. Les étés en Corée sont réputés pour être chauds et humides, avec les pluies de mousson qui s’étendent de la fin du mois de Juin jusqu’à la fin du mois de Juillet. La ville est aussi encombrée de touristes et les tarifs de séjour montent au prix fort.

< Se déplacer à Séoul

Les transports publics à Séoul sont fiables et peu chers. Le métro reste le moyen le plus rapide de se déplacer dans et autour de la ville. Le petit plus pour les Occidentaux ? Les noms de stations de métro et les panneaux sont écrits en anglais, contrairement au système de bus, où toute la signalisation est en hanguel (alphabet coréen). Des cartes de transport rechargeables sont vendues dans les stations de bus et de métro ainsi qu’aux arrêts de bus. La carte est prépayée, et le prix de votre déplacement est automatiquement déduit à chaque fois que vous l’utilisez.

Les taxis sont également relativement peu chers et faciles à trouver - ils peuvent être hélés ou trouvés directement sur des stations dédiées. Les tarifs sont généralement de 2,400 won (€1.90) pour les deux premiers kilomètres puis €0.10 pour chaque 144 mètres additionnels.

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Seoul Station par Ian Muttoo

< Se restaurer

Inutile de dépenser des fortunes pour bien manger à Séoul. Avec un budget très réduit, il est tout à fait possible de subsister confortablement en optant pour des mets simples mais consistants comme les fameuses soupes de noodles ou des mets de riz sauté, ou encore en profitant de la vaste offre de street food.

Le riz est l’aliment de base de la cuisine de Séoul, ainsi que les légumes, aussi bien frais que fermentés. Le bibimpap, un classique de la région, consiste de riz bouilli (bap) et de légumes cuisinés à l’asiatique, le tout servi dans un grand bol. En terrasse, on apprécie aussi la viande marinée, grillée en brochettes sous les yeux des mangeurs.

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SnippyHollow

Un endroit où il fait bon manger dans une atmosphère festive est la dénommée Let’s Eat Alley, l’une des nombreuses ruelles adjacentes à Sinchon Street, particulièrement animée, avec de nombreux magasins, restaurants et lieux d’amusements nocturnes. Sur Sinchon Street aussi, le plus difficile est de faire son choix… Beignet de poisson ou roulades de riz ?

< Visiter et se divertir

Comme nous l’avons dit, l’automne et le printemps sont les périodes idéales pour voyager en Corée. Lorsqu’on pense à la Séoul, on imagine souvent des rues entourées de superbes cerisiers en fleurs. Et pour cause, dès le mois d’avril, toutes les rues de la ville, baignées tout l’hiver de tonalités grises et sépia, s’égayent tout à coup d’une éclosion pastel. Où que vous alliez, de Gangnam au City Hall, en passant par Sincheon et Kkachisan, il n’est pas un recoin qui ne soit recouvert d’un manteau de printemps.

En Corée, mais aussi au Japon, en Chine, Taiwan ou aux Philippines, le temps de la floraison des cerisiers est un véritable événement culturel et donne lieu à de nombreuses réjouissances. Des festivals sont organisés pour célébrer les cerisiers en fleur, durant lesquels les rues sont fermées et les habitants et touristes peuvent s’adonner à toutes sortes d’activités, assister à des événements musicaux au bord de la rivière et célébrer le redoux des températures.

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Cherry Blossoms at Night par Emy

Lorsque l’on visite la capitale de la Corée du Sud aujourd’hui, il est presque impossible de deviner qu’elle s’est entièrement reconstruite sur les décombres d’une histoire difficile de guerre et de pauvreté.

Le centre-ville regorge de magasins de prêt-à-porter - dont le complexe Myeongdong est certainement le plus prisé. La mode revêt une grande importance pour les séouliens.

Du 6 au 12 avril, le casino de la ville, le Paradise Walkerhill Casino, qui a la particularité de n’être ouvert qu’aux étrangers, sera l’hôte d’un festival haut en couleurs - d’un tout autre genre - Cette fois ce ne sont pas les fleurs qui sont à l’honneur, mais des joueurs de poker venus de tous horizons pour participer au Poker Stars APPT et tenter leur chance de remporter le magot.

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N Seoul Tower, Namsan, Seoul, par yeowatzup

Un autre symbole de Séoul, la N Seoul Tower, située sur le Mont Namsam, offre des vues panoramiques époustouflantes de la ville. Ayant récemment fait l’objet d’importants travaux de modernisation, la tour érigée en 1980 est aujourd’hui un véritable lieu de culture, où ont lieu de nombreuses représentations, projections cinématographiques, expositions artistiques, et où se trouvent également des restaurants branchés et snack-bars.





jeudi, 11 décembre 2014 15:07

Une semaine à Luang Prabang

Seule ville du Laos inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Luang Prabang ne manque pas d’atouts.

La couleur est le premier élément qui frappe le visiteur à son arrivée à Luang Prabang : floraison écarlate des arbres qui longent les berges du fleuve, festival de couchers de soleil sur le Mékong, vats resplendissants de tons rouges et or, robes safran des centaines de moines et novices, couleurs méridionales des maisons, palette multicolore de fruits parfois inconnus.

Viennent ensuite les odeurs : du fleuve, du café fraîchement torréfié, des marchés et de la cuisine épicée. Enfin, on remarque la beauté tranquille du lieu, les décors patinés d’une époque révolue et une certaine douceur de vivre un peu surannée vous envahit tout doucement.

Entourée de montagnes, à 700 mètres d’altitude et au confluant de la Nam Khan et du

Mékong, Luang Prabang est aujourd’hui le premier site touristique du pays et ça se voit.

Restaurants, bars de nuit, location de vélos et scooters, groupes photographiant à tout va sans même descendre de leur bus climatisé, routards modernes ou soixante-huitards attardés, tous les ingrédients d’un tourisme presque de masse sont réunis. Il faut avouer que les choses à voir et à faire ne manquent pas.



Le Laos est placé depuis 1489 sous la protection d’une statue du Bouddha, en or fin, dont le nom se traduit par luang pour grand et prabang pour statue d’or sacré, d’où le nom de la ville. Il trône au Palais Royal. Le centre historique vient d’être entièrement réhabilité par la France : création d’un réseau d’eaux usées, dallage des venelles, éclairage nocturne, font de ce vieux quartier qui partait en ruine un lieu de résidence prisé où la flambée des prix de l’immobilier chasse les habitants traditionnels au profit des hôtels. Dans cette restauration, l’écologie n’a pas été oubliée avec la mise en valeur des zones humides. À la fois bassins de devers à la saison des pluies et jardins aquatiques, certains de ces étangs au coeur de la ville ont aussi un rôle de système d’épuration100 % naturel.

Tous les matins se tiennent des marchés non loin du Mékong. Encore authentiques, c’est un vrai plaisir d’y flâner. Les spécialités sont parfois déroutantes : rats, serpents, sabots de boeufs… Tous les légumes proposés proviennent essentiellement des jardins sur les rives du fleuve. Avec la saison sèche, son niveau baisse, offrant des berges riches en limon fertile.

 
Si Luang Prabang n’est plus la capitale du pays depuis 1564, elle en est restée la capitale religieuse avec ses 16 temples rutilant d’or et de tuiles vernissées presque tous en activité. N’appelle-t-on pas Luang Prabang la ville aux mille pagodes ? La plupart accueillent des centaines de moines, novices et enfants qui suivent là leur scolarité, non pas que l’État n’assure pas l’éducation scolaire de la jeunesse, mais c’est un choix comme en France nos écoles privées.

Mais ce qui fait, hélas, courir les foules, c’est la cérémonie du Tak Bat ou procession des moines allant quérir leur nourriture. Perpétuant un rite millénaire, tous les matins dans l’aube naissante, fraîche et teintée de bleu, les moines sortent de leur monastère au son de cloches en bois pour s’en aller mendier leur nourriture dans les rues de la ville. Cortèges silencieux de robes safran en files indiennes, portant au côté un bol en métal recouvert d’un couvercle qui s’entrouvre pour laisser les fidèles y glisser une boulette de riz gluant ou des fruits. Le long du trottoir, les femmes restent accroupies sur de petits bancs alors que les hommes se tiennent debout mais sans jamais être plus haut que les moines ni croiser leur regard. Ce rituel, présent dans toute l’Asie bouddhiste, a un double but : fournir aux moines leur nourriture et offrir aux fidèles l’occasion d’accomplir un acte méritoire.

Tous les matins de notre séjour, nous avons pu suivre le Tak Bat. Oserais-je dire que parfois la présence irrespectueuse de certains voyageurs transforme les pauvres moines en “bêtes de foire” ? Alors qu’il suffit de peu de chose pour inverser le processus : le deuxième matin, un jeune moine me reconnaissant de la veille, m’a discrètement demandé mon nom et donné rendez-vous devant son monastère où nous avons échangé adresse mail et petits cadeaux. Heureusement, le tourisme voyeur est concentré sur la rue principale. Dès que l’on suit les cortèges dans les ruelles, on se retrouve dans un autre monde où seuls le bruit des pas nus et le tintement des bols à aumône troublent la sérénité matinale. Et on peut observer l’amusant manège de moinillons s’échappant discrètement du cortège pour aller chercher chez maman une nourriture plus consistante que les boulettes de riz traditionnelles.

Le Mékong, fleuve mythique s’il en est, fait partie du décor de Luang Prabang. Une petite balade à bord d’une barque pour aller visiter les grottes de Pak Ou et se terminant par un inévitable coucher de soleil, s’impose. Mais pour qui veut découvrir le fleuve de façon authentique, il suffit de s’embarquer sur un bateau traditionnel pour deux jours de navigation vers la Thaïlande. Mieux vaut effectuer le voyage en remontant le fleuve, les barques sont bien moins chargées et le voyage gagne en confort.

Il faut dire que les bancs de bois étroits et les rangées serrées ne sont pas aux gabarits occidentaux.

Ce lent voyage permet d’admirer les magnifiques paysages de montagnes bleuissant en fin de journée, les petits villages cachés sur les berges, la vie au bord du fleuve avec ses orpailleurs ici, ses enfants là.

< Texte et photos Francis Bourguer (88)

mercredi, 26 novembre 2014 09:45

Voyage chez les Korowaïs

Le 22 novembre nous passons la nuit chez les Batus qui nous reçoivent agréablement. Notre apparition ne les étonne pas. Ils connaissent les « Esprits Blancs » car ils leur rendent visite de temps à autre. Aussi sont-ils sans crainte excessive, plutôt détendus et souriants.

         Nous atteignons le territoire des Korowaïs dans le village de Dambo. Ici les familles vivent dans des maisons construites sur les arbres. Nous ne sommes pas pour eux non plus une réelle surprise. Des Blancs, parfois, sont arrivés jusqu’ici, rarement, mais personne ne nous considère comme des esprits malfaisants.

         Chez les Korowaïs de Dambo nous approchons de notre but : les Sayots et les Chayaks situés de l’autre côté d’une frontière invisible, la fameuse « Ligne de Pacification », en pleine zone marquée sur les cartes « Cannibalism Area » ! Difficultés et émotions fortes sont pour demain ! Cette fameuse « Ligne de Pacification », personne ne l’a encore franchie, du moins pour autant que l’on sache et si quelqu’un avait réussi à le faire, il n’était jamais revenu pour le dire.

En attendant, avant d’aller plus loin, nous devons reprendre des forces, réviser notre matériel, embaucher de nouveaux porteurs, afin de se faire mieux comprendre, car ici les dialectes changent en même temps que les tribus rencontrées.

         Les contacts chez les Korowaïs sont assez faciles et je profite de ce moment de répit pour m’intégrer, autant que faire se peut, à leur vie quotidienne. Ils sont complètement nus. Mais ici, pas d’étui pénien démesuré. Il a été remplacé par une simple et modeste coquille de feuilles qui suffit à cacher le sexe viril. Les femmes portent un pagne de fibres végétales, à bourrelets chevauchants, de la taille d’une courte minijupe. Rien d’autre en dessous ! Ce qui pourrait apparaître comme une commodité, une simplification des choses de la vie.! Absence de pudeur ? On peut en douter. La pudeur n’a probablement pas grande signification dans ces populations. Il est beaucoup plus vraisemblable que la nature a imposé sa loi et que même un semblant de culotte dans un tel contexte d’humidité et d’abondance microbienne, tournerait bientôt à la catastrophe. Je constate, par exemple, que beaucoup de femmes se grattent et que leur peau se détache sur de vastes surfaces, sur les bras, le ventre, les cuisses… C’est le résultat de l’humidité provoquant l’apparition d’inguérissables mycoses.

         Je note aussi les mêmes aspirations discrètes à l’embellissement du corps, la présence de bijoux, essentiellement des colliers faits de graines ou de coquillages. Parfois une grande coquille rose en guise de pectoral relève la beauté des poitrails. Des os de chauve-souris fixés sur le nez des femmes leur confèrent un air inattendu de coquetterie entomologique. Les enfants, même très petits, portent également des colliers de cauris. Une nouveauté : de gros tuyaux de bambou traversent le lobe de l’oreille.

         Dans la hutte perchée sur un arbre, où nous avons pris place, nous découvrons les mêmes armes. Des arcs et des flèches à usage spécialisé, les unes pour les porcs, les autres pour les oiseaux, certaines réservées aux hommes. A l’entrée, sont installées des paquets de colonnes vertébrales de serpents, des crânes de cochons, de grosses coquilles d’œufs de casoars. Au milieu de la case, un feu brûle en permanence. Aux femmes l’obligation de faire la cuisine : du poisson, du serpent, du sagou grillé, des oiseaux, des larves… A cela il faut ajouter des racines, des bananes cuites dans la cendre. Le menu reste invariable et peu abondant. Les ressources alimentaires de la forêt sont clairsemées. Les femmes s’occupent des tâches ménagères, nourrissent les enfants. Les hommes fument du tabac dans de grands tuyaux de bambou à incisions géométriques. On fabrique de la ficelle et du fil avec des fibres d’écorce. On agrandit ou on reconstruit les maisons en pliant des feuilles de palmier sur des structures en bois. Les guerres entre clans mettent de temps en temps les villages en effervescence. Rapts de cochons ou de femmes en sont le plus souvent la cause. Elles se terminent aux premiers morts. Et tout se calme en attendant la prochaine attaque. De vengeance en vengeance, la guerre ne finit jamais. Mais peut-être n’avons nous pas raison de parler de guerre ? Ici règne une loi impitoyable, celle de la vie et de la survie. Cette loi impose de manger et de procréer. Elle est essentielle pour assurer la pérennité à la fois des individus et des groupes humains confrontés aux exigences des conditions naturelles.

         Les Korowaïs  sont de tradition paléolithique, ce que confirme un outillage de pierre fait d’herminettes seulement polies sur le tranchant.

         Ainsi, j’ai l’incroyable privilège de partager la vie d’hommes préhistoriques. Les Papous Korowaïs trouvent les glucides dans le sagoutier, un palmier dont le tronc contient de l’amidon. J’admire le savoir faire de ces hommes qui abattent l’arbre à l’herminette de pierre. Le tronc est ouvert sur le dessus, avec une racines de sagoutier aiguisée. On a l’impression d’assister à la fabrication d’une pirogue ! Bientôt toute la moelle de l’arbre est réduite en farine.! Riche en amidon, elle est transportée dans de longues gouttières qui ne sont autres que les longs pétioles des palmes du sagoutier. Dans ces rigoles on fait couler de l’eau, ce qui, par effet de lavage, sépare l’amidon qui s’accumule au point le plus bas, fournissant une masse blanche dans laquelle on découpe ensuite des pavés qui se conserveront pendant six mois. Avec le sagou on pétrit de grossières galettes que l’on fera cuire sur la braise.

         Les Korowaïs trouvent les graisses dans les vers blancs du sagoutier. Une fête du ver de sagoutier réunit plusieurs clans au cours de laquelle on échange des femmes.

         Ils se procurent d’autres corps gras dans les fruits du Pandanus, après cuisson. La chaleur est obtenue à partir de pierres chauffées à blanc empilées sur les aliments. Les fruits cuits sont ensuite pressés à la main pour en extraire un jus gras.

Je venais de parcourir 10 000 ans d’histoire.

< Maurice Thiney (21)

lundi, 24 novembre 2014 10:39

En voiture en Amérique du Sud

Traversant les Amériques, la “transaméricaine” ou autoroute Panaméricaine s’étend de l’Alaska jusqu’au Chili - exception faite du bouchon de Darién, entre le Panama et la Colombie. L’immense axe se déploie à travers des environnements et des conditions climatiques variés, de zones de jungle dense aux déserts arides, certains ne pouvant être empruntés qu’au cours des saisons sèches. De multiples zones y sont réputées comme particulièrement dangereuses.

Il est toutefois possible pour les voyageurs de profiter de cette impressionnante infrastructure qui rejoint le continent d’une extrémité à l’autre, et qui permet notamment de traverser l’Amérique du Sud en voiture. Goudronnée et d’une grande praticabilité, la “PanAm” sud-américaine permet de découvrir un à un les charmes du continent, sans recourir à d’autres moyens de transport que la voiture. Traversant de nombreux pays, elle permet à ceux qui n’effectuent qu’un court séjour de découvrir une variété de paysages et de cultures en peu de temps.

Pour ceux qui recherchent une expérience sauvage, mieux vaut se tourner vers les routes secondaires. En voiture, il est important de savoir que l’Amérique du Sud compte parmi les routes les plus dangereuses au monde.

Las Yungas en Bolivie, ou “Route de la Mort” certainement la plus connue, est ainsi nommée à cause de son extrême dangerosité pour les conducteurs. Aujourd’hui plus communément utilisée à des fins touristiques - notamment pour des randonnées cyclistes pour les plus aguerris - il arrive encore que la route, perchée à flanc de falaise à 5000 mètres d’altitude, soit encore empruntée par des véhicules de marchandises. Bien que praticable, elle est extrêmement périlleuse. Même si vous avez choisi de parcourir l’Amérique du Sud en voiture, il est plus judicieux de se rendre à Las Yungas à pied ou à vélo (se renseigner auprès des agences de location de La Paz) pour admirer son paysage à couper le souffle.

Plus praticable en voiture, bien que ce ne soit pas une route, le Salar d’Uyuni, ou désert de sel, toujours en Bolivie, est accessible en véhicule. Situé sur les hauts plateaux du sud Ouest, à plus de 3000 mètres d’altitude, le paysage y est spectaculaire - et sans danger.

Toujours à bord de votre voiture, vous pouvez découvrir la vie sauvage dans les vastes zones humides du Pantanal brésilien ou traverser la Ruta 40 en Argentine, la plus fameuse route Sud Américaine, déguster les vins locaux sur les bords de Mendoza, découvrir le “Lake District” d’El Bolson ou encore passer par les terres désolées de Patagonie où vous ferez peut-être la rencontre des nandus (cousins de l’autruche), des renards gris ou de troupeaux de chèvres sur votre chemin.

Retrouvez les routes dangereuses continent par continent sur le graphique ci-dessous compilé par Coolcadeau.

mercredi, 01 octobre 2014 14:04

Namibie … et les chutes Victoria (Zimbabwe)

Après un joli vol de nuit à bord du nouvel Airbus A380, nous arrivons à Windhoek, capitale de la Namibie au milieu d’un désert chaud, sec et aride. Il fait beau et chaud, environ 30°C mais dès que le soleil se couche vers 17h30, on ressent la fraicheur, la ville est à presque 1700m d’altitude.

01Ici, en ce moment c’est l’hiver. Dès le lendemain, nous prenons possession de notre petit camping car, on l’appellera Bobo Campers (c’est le nom de l’agence de location). Pour la première petite étape, nous prenons la direction du sud, 90km jusqu’à Rehobot, ça permet de s’habituer à la conduite à gauche et volant à droite. Dans le campement près du lac Oanob, chaque campeur possède son emplacement assez éloigné les uns des autres. On installe rapidement notre petit Bobo Campers. Quand la nuit tombe, on a l’impression d’être seul au monde pour contempler le ciel illuminé d’étoiles, seuls les « braii » (barbecue) donnent une petite lumière de part et d’autres dans l’obscurité.

Après Rehobot, nous quittons la route goudronnée pour de la piste caillouteuse mais assez roulante. Avant de partir, nous nous sommes bien assurés d’avoir suffisamment de carburant, d’eau et de nourriture pour cette journée car sur la piste, a part du désert, il n’y a rien, pas une ville, pas un village, pas une maison sur au moins 150km. On ne croise pas beaucoup de véhicules non plus et derrière seul un gros nuage de poussière nous suit. Au milieu de rien, si ce n’est un carrefour de quatre pistes, la localité de Solitaire porte bien son nom, on se croirait au milieu du tournage du film Bagdad Café. Des épaves de voitures des années 50 nous accueillent devant l’unique station d'essence, bureau de poste, lodges, campement, magasin et boulangerie allemande. Les 60km suivants sont toujours de la piste mais plutôt de la tôle ondulée où à 30-40km/h tout vibre dans le Bobo Campers, il faut oser passer le cap des 60-70km/h pour que les roues survolent ces petites vagues mais prudence car comme de l’aquaplaning il faut veiller à ne pas glisser.

A Sesriem, le campement est complet, on nous autorise à nous installer près de l’entrée à un point d’eau, on a accès aux sanitaires mais on n’a pas de branchement électrique, tant pis on économise les batteries en allumant une bougie et les lampes frontales. Au milieu du désert, à environ 800m d’altitude, il fait froid dès que la nuit tombe, très froid. A notre réveil, avant le lever du jour, il fait 2°C dans le Bobo Campers, évidemment dehors, c’est descendu bien en dessous de 0°C et il faut que je gratte le pare brise pour partir de bonne heure vers les dunes de Sossusvlei. Par une belle route goudronnée, nous nous enfonçons encore vers l’ouest au milieu d’une plaine aride bordée de mers de dunes. Le soleil apparaît à l’horizon dans notre dos, un renard court au bord de la route certainement attiré par la nourriture que doit leur donner les touristes. Plus loin, nous apercevons un couple d’autruches et quelques impalas. Au bout de la route de 65km, il faut prendre un 4x4 pour les 4 derniers kilomètres de sable fin jusqu’au site de Sossusvlei. Ce vaste désert de sel (salar) et d’argile apparaît au milieu des dunes rouges qui s’élèvent jusqu’à 200m au dessus du fond de la vallée blanche parsemés d’acacias ressemblant plus à des arbres morts. Par une crête, nous montons à pied sur les hautes dunes avant que le soleil ne chauffe de trop, le sable fin vole sous nos pas. Plus nous montons et plus la crête est fine, juste de quoi poser nos pieds, de chaque coté, la pente est très raide, on se demande si on y roulerait ou si on s’y enfoncerait, dans le doute, on « marche droit ».

Une grosse étape de 327 km vers l’est nous fait rejoindre la côte et l’Océan Atlantique à Walvis Bay.

Quel contraste de quitter ces étendues de déserts arides ocre et retrouver la fraîcheur et le bleu de la mer ! Au sud du port, de belles résidences secondaires bordent la plage. Une lagune de 45 000 hectares peu profonde et abritée par une baie attire un immense rassemblement de flamands et toutes sortes d’oiseaux aquatiques côtiers. Entre deux océans – l’un maritime, l’autre sablonneux - Swakopmund est considéré comme un petit bout d’Allemagne avec ses promenades le long du rivage, ses cafés bavarois, ses maisons à colombages et ses élégants bâtiments de l’époque coloniale. On se croirait dans une ville balnéaire de la Mer du Nord avec en plus quelques palmiers et les dunes de sables du désert qui entoure la ville.

Nous longeons maintenant la côte Atlantique vers le Nord qui s’appelle Skeleton Coast (la côte des squelettes). Cette côte est originellement nommée ainsi pour les carcasses de baleines laissées par les chasseurs qui jonchaient les plages mais désormais par les épaves de navires imprudents échoués sur ce littoral souvent noyé de brouillard avec des courants froids et dangereux où le sort de l’équipage était fatal au milieu de dunes et de plaines de graviers qui formaient l’un des territoires continentaux les plus inhospitaliers au monde.

Aujourd’hui, par une belle route de sel, on peut remonter jusqu’à la réserve de Cape Cross, un sanctuaire de reproduction pour les phoques, la plus importante des colonies d’otaries à fourrure de Namibie. Ici, jusqu’à 100 000 phoques sortent des eaux glacées du courant du Benguela pour venir se regrouper sur la terre ferme et se prélasser sur la plage avec une forte odeur d’excréments.

06Nous quittons la côte et revenons dans les terres ou plutôt dans les cailloux, le soleil couchant vient embraser le massif de granit du Brandberg qui signifie Montagne de feu, c’est ici que se trouve le point culminant de la Namibie à 2573m connu aussi pour ses peintures rupestres. Pour nous protéger des animaux sauvages (python, cobra, lynx, léopards) présents dans ses montagnes, un guide Damara nous accompagne sur ce superbe chemin qui remonte la ravine totalement asséchée en cette période d’hiver. Autre mystère de la nature, la forêt pétrifiée est à la fois surprenant et fascinante. Preuve de la présence d’étendues boisées jadis en Namibie, ses troncs fossilisés n’ont pas poussé sur ce site inhospitalier et aride où ils se trouvent actuellement ; ils proviennent de terres fertiles et suite à de violentes inondations il y a 200 millions d’années, ces troncs ont été déracinés et charriés par les eaux jusqu’ici. A Twyfelfontein, l’eau a toujours été un problème, quand il pleut, l’eau souterraine s’accumule dans la couche de grès poreuse ne pouvant pas pénétrer dans la couche inférieure plus dure de schiste, et elle crée alors une source. Mais dans ces conditions arides, les pluies se font rares, d’où le nom de Twyfelfontein qui signifie « source improbable ». Il y a 6000 ans, cette source attirait une faune abondante et également les chasseurs qui ont laissé une trace de leur passage sur les rochers environnants en gravant de nombreuses représentations d’animaux et d’empreintes animales.

Beaucoup de gravures représentent des espèces ayant disparu aujourd’hui de la région – éléphants, rhinocéros, girafes et lions.

Le campement de Palmwag est complet, le suivant est à plus de 80km mais comme on a envie de prendre notre temps et rester cet oasis bordé de palmiers au milieu d’austères plaines et de collines rouges où viennent boire parfois les éléphants, nous abandonnons notre Bobo Campers pour une nuit et prenons un confortable et luxueux lodge, ce sera aussi l’occasion de déguster un délicieux rôti de springbok.

En fin de journée, nous randonnons dans les environs avec un guide pour découvrir la flore et la faune, nous apercevons une dizaine de koudous et 3 zèbres. Dans le soleil couchant. Des excréments proportionnels à la taille des éléphants confirment leur présence mais nous ne verrons pas d’éléphant encore aujourd’hui.

En quittant Palmwag, nous apercevons des springboks et des impalas, des girafes, des zèbres, des autruches, un gemsbok. Sesfontein (la ville aux 6 sources) possède un ancien fort militaire transformé en lodge, quelques habitations et une précieuse station-service. Et il en faudra du carburant pour franchir le Joubert Pass un peu plus loin. Après plusieurs kilomètres de tournants et de « montagnes russes », la piste monte droit devant nous comme un tremplin vers le ciel. Le Bobo Camper est balloté dans les énormes trous, il peine, puis cale au milieu de la montée à bout de souffle. Là, je me demande si nous n’aurions pas du prendre un véhicule 4x4. J’opère une prudente et lente marche arrière qui me déporte le véhicule glissant sous les cailloux jusqu’à un terrain moins pentu.

09Il ne faut pas renoncer à ce passage délicat sinon il faut faire un détour de plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre notre étape de ce soir. A la deuxième tentative, il ne faut pas caler, mettre le maximum de puissance pour affronter la grimpette mais pas trop tout de même pour garder le contrôle au passage des trous ; Le moteur entraine bruyamment notre maison roulante, faiblit à la sortie d’une bosse, se reprend en descendant un trou et après quelques secondes de secousses dans tous les sens passe enfin l’obstacle à 1600m d’altitude, brave Bobo Campers ! Opuwo signifie « la fin » en langue herero, un nom parfaitement approprié à cet ensemble de bâtiments poussiéreux entourés de cases traditionnelles. C’est la région du peuple himba, dans les rues de la ville des femmes himba déambulent le corps enduit d’une teinture rouge réalisée à base de graisse animale et de poudre d'hématite, marchant torse nu, parmi d’autre femmes herero parées de la traditionnelle robe victorienne colorée. John, guide herero, nous accompagne pour la visite d’un village traditionnel himba à une vingtaine de kilomètre au nord de la ville. Avant tout, il demande à la chef du village (tous les hommes sont partis dans un autre village pour des funérailles) l’autorisation de les rencontrer, elle accepte.

Les femmes s’occupent à garder les enfants, confectionner des bijoux de perles, préparer le repas. Un homme pauvre a une femme tandis qu’un homme riche peut posséder jusqu’à 3 femmes ; une femme peut avoir jusqu’à 10 enfants, ce qui explique le nombre considérable d’enfants dans ce village, il en sort de partout. Une jeune femme de 22 ans, qui n’a qu’un enfant nous demande de la prendre en photo devant sa maison, une hutte conique faite de bois recouvert de terre grasse et d’excrément de vache avec un toit en chaume. A l’intérieur de la maison, elle s’embaume d’un déodorant préparé à base de cendres d'herbes et de résines aromatiques. Notre visite se termine par des danses et chants rythmés de claquements de mains.

Avant de partir, j’offre les produits alimentaires (soupes, sucre, huile, riz) achetés au supermarché de la ville sur les conseils de notre guide tandis que Annie administre quelques médicaments. Les propriétaires de la ferme Otjitotongwe avaient pris au piège des guépards qui attaquaient leur bétail. Ils espéraient les réintroduire dans le parc d’Etosha mais les autorités s’y étant opposées pour des raisons administratives, ils relâchèrent les animaux dans la nature tout en gardant une portée de petits nés en captivités. Quatre guépards sont maintenant apprivoisés et gardés comme des gros chats domestiques, on peut même les caresser mais prudence la rapidité de ces félins considérés comme l'animal terrestre le plus rapide au monde, avec une vitesse pouvant atteindre 110 km/h. reste délicate. D’autres guépards restés plus sauvages vivent dans un enclos de 40 hectares, en fin d’après-midi, en pick-up, nous accompagnons le fils du propriétaire qui va distribuer un bon morceau de viande fraiche de koudou à chacune des panthères.

Avec 300km de long, le parc national d’Etosha est parmi une des plus belles réserves naturelles de la planète. En passant la porte Anderson, nous ressentons une forte sensation d’entrer dans une nature sauvage parfaitement préservée. Maintenant, interdiction absolue de descendre du véhicule pour quoique que ce soit, ni pour une photo, ni pour aller aux toilettes, ni pour réparer une crevaison. Nous ne sommes plus chez nous, nous sommes ici chez les animaux sauvages, en totale liberté, chez eux. Toutefois, au milieu de cet immense parc, les campements Okakuejo, Halali et Namutoni protégés par de grandes barrières permettent de « vivre » normalement en toute sécurité.

17Durant 3 jours, nous roulons tout doucement à observer une quantité et une variété prodigieuse d’animaux sauvages. On aperçoit souvent des springboks au milieu de paysage inhospitaliers. L’impala se reconnait à sa robe couleur brun-rouge. Au point d’eau, les zèbres de Burchell, que l’on reconnait grâce à leur rayures ombrées ne semblent pas trop effrayés. Les éléphants, considérés comme les plus grands d’Afrique, ont de petites défenses qui sont cassées, résultant d’un manque de minéraux dans le sol et de la nécessité de creuser dans le sable et sous les rochers pour trouver de l’eau et des racines. Des koudous sortant des broussailles inspectent les alentours. Les cornes droites des oryx peuvent atteindre 1,20 mètre. Au détour d’une piste, le cou d’une girafe apparait au dessus de la végétation. Deux hyènes attendent la fin de journée pour sortir de la fraîcheur de leur trou. Une parfaite file indienne de gnous se déplace versun point d’eau. Un couple d’autruche gambade lourdement à notre venue, trop proche.

Les chacals rodent partout à l’affût d’un jeune égaré. Le plus impressionnant fut ce rhinocéros mangeant quelques broussailles tout au bord de la route, je déporte un peu le véhicule vers la droite de la piste pour garder une distance de sécurité et tandis qu’Annie prend les photos, je ne coupe pas le moteur et garde la première vitesse enclenché prêt à partir au cas où l’animal se manifeste. Il ne nous manquait plus qu’à voir le « roi » des animaux : le lion. Certains viennent ici et ne le voit pas. En consultant le registre des observations au campement qui indique à tel heure tel animal à tel endroit, nous avions des chances d’en apercevoir au point d’eau d’Okondeka. Des véhicules stationnés observaient déjà, nous nous y arrêtons aussi et coupons le moteur, observons, attendons silencieusement. Des springboks, des gnous et des oryx viennent s’abreuver ici, la plupart regarde dans notre direction et semblent sur leur garde. Aux jumelles, je scrute chaque détail de la végétation et ce que nous croyons être un rocher est en fait le dos rond d’un lion couché dans les herbes jaunes. Maintenant, il lève la tête, une belle crinière de mâle. Il se lève, s’étire, les autres animaux prennent un peu le large. Il marche vers nous, toute gueule ouverte. Annie me recommande de relever ma vitre, je continue à faire des photos, incroyable, sommes-nous en sécurité dans ce véhicule ? Il passe à une dizaine de mètres de notre véhicule sans prêter attention à nous. Je ne me sens pas du tout en danger. Ai-je raison ou tort ? Dans le rétroviseur, je le vois s’éloigner.

Le soir, près de notre campement, un point d’eau est éclairé, à la tombée de la nuit un défilé d’animaux s’opère devant des dizaines de spectateurs dans un silence respectueux. Chacun son tour, à leur rythme, un troupeau d’une trentaine d’éléphants, un rhinocéros, des zèbres, des girafes, et des chacals viennent s’abreuver. Quel spectacle, grandeur nature !

De retour à la capitale Windhoek, après 3400km, nous laissons notre infatigable Bobo Campers. La ville se trouve comme par hasard au centre du pays, au sein d’une vallée montagneuse.

De population restreinte (300 000 habitants), elle est toutefois une métropole cosmopolite où se brassent des cultures diverses : africaines et européennes, coloniales et traditionnelles. Cette ville moderne et dynamique a gardé l’atmosphère européenne de l’époque coloniale allemande. Les anciennes façades se blottissent sous de grands édifices de verre et d’acier, ce qui confère à l’avenue bordée d’arbres, un charme particulier et une atmosphère de détente. Tout un éventail de terrasses, de cafés, de musées et de marchés en font une ville attrayante.

Mais on ne s’est pas arrêté là. Nous avons repris un confortable bus pour 16 heures de route vers le nord puis vers l’est sur la bande de Caprivi coincée entre Angola au nord et Botswana au sud jusqu’au poste de frontière avec la Zambie, où nous franchissons le fleuve Zambèze et la mythique ville de Livingstone, puis nous arrivons aux extraordinaires chutes Victoria. Nous traversons la frontière entre Zambie et Zimbabwe par le pont routier parallèle à la ligne de chemin de fer qui enjambe le fleuve Zambèze où les amateurs de sensations fortes se jettent à l’élastique dans le vide. Là, la vue sur les chutes est grandiose, on marche sur plus d’un kilomètre en profitant de la perspective. Avec 108m de haut, ce sont les plus grandes chutes du monde. Nous ne sommes pourtant qu’en période sèche où il y a le moins de débit et pourtant en bas le tumulte et la force de l’eau font remonter des embruns si fort que nous avons l’impression parfois d’être éclabousser de bourrasque de pluie. En fin de journée, le soleil rasant offre des arcs-en-ciel au milieu des embruns.

Ce voyage en Namibie nous a fait ressentir irrésistiblement la grandeur majestueuse et la puissance unique de ses paysages. Rien ne nous préparait vraiment aux découvertes que réservait ce voyage: magie et mystère, magnificence et austérité, et par-dessus tout, une palette de couleurs infinies : en un mot un voyage spectaculaire.

< Un grand merci à Catherine Jeudy, Catherine Capron et Rolland Allard, Cécile et Alain Nierga, Marc Cossart pour leurs renseignements sur ce spectaculaire pays.

Denis & Annie  

vendredi, 19 septembre 2014 11:51

AVEC LES SEMI-NOMADES DANS LES « JAILOO » (Kirghizie)

< PASSAGE DE LA FRONTIERE

Ce samedi 02 Août 2014, en provenance du KAZAKHSTAN, nous envisageons de franchir la frontière pour nous rendre au KIRGHIZSTAN.
Un petit poste frontière, situé à l'extrême nord-est du pays d'accueil en permet l'accès.
Depuis KEGEN, situé à 27 km, une route défoncée difficilement praticable y conduit. Les transports publics sont inexistants. Un fermier ayant, comme à l'accoutumée, livré son lait à la bourgade, accepte de nous prendre à bord de sa veille « LADA », dont l'état nous fait douter d'une arrivée sans encombre à destination.
La vieille « Guimbarde » semble se moquer de cette situation et nous dépose à la hauteur de la ferme, soit à environ 1 km du poste frontière.

Après avoir ajusté nos sacs à dos, sacs à dos contenant le nécessaire permettant de séjourner en autonomie sur les hauts plateaux du KIRGHIZSTAN, nous nous dirigeons vers la frontière.
Les autorités présentes à la sortie du KAZAKHSTAN, surprises de voir se présenter ainsi un couple de vieux bourlingueurs, nous dévisagent d'un air interrogateur, voire même quelque peu suspicieux. Il est vrai que maintenant peu de voyageurs circulent dans ces conditions.


On s'interroge. On observe nos documents avec précision. On nous jette de temps à autre un regard appuyé, curieux. On nous prend en photo. On fouille nos sacs à dos avec minutie. Tout est en règle. Autorisation nous est enfin donnée de poursuivre notre progression.
Arrivés au poste frontière du KIRGHIZSTAN, le même scénario se reproduit. On a droit à nouveau à la fouille de nos sacs à dos !
Quelques questions nous étonnent : « un véhicule vous attend-il après la frontière ? ». La réponse est bien évidemment « non » - « 12 km de route complètement défoncée sont à parcourir, il n'y a pas de moyen de transport public et avec vos sacs sur le dos... ».

L'œil interrogateur, les autorités consentent à nous laisser pénétrer sur le territoire du KIRGHIZSTAN.
Leur regard ne se détachera de nous qu'après que nous n'ayons parcouru quelques dizaines de mètres.
D'un pas décidé, sous un soleil de plomb, nous avalons les km. Il se vérifie que la tâche n'est pas aisée, ceci, jusqu'à ce que un véhicule 4X4 s'arrête à notre hauteur. Ce sont de jeunes russes qui, aussi étonnés que les douaniers, nous proposent de monter à bord.
La partie de la route défoncée franchie, il nous sera par la suite très facile de rejoindre la ville de KARAKOL située à 70 km plus loin.

LE MARCHE AUX ANIMAUX DE KARAKOL

Incomparable marché aux animaux d'Asie centrale !
L'un des plus spectaculaires après celui de KACHGAR en CHINE.
Arrivés sur place on se retrouve face à un désordre indescriptible. Les animaux s'entassent pêle-mêle à perte de vue. On ne sait où poser les pieds, où passer, alors que pour les kirghiz tout est parfaitement ordonné, rangé, sans problème apparent, où ils retrouvent sans difficulté, l'ustensile nécessaire à la poursuite de leurs activités. Pour eux, nous sommes des gens empruntés, qui ne comprennent rien à rien.

Les animaux sont entassés dans de vieux camions, de vieilles « LADA », des remorques, tirés au bout d'une corde, attachés à un pieu, aux barreaux d'une vieille « Guimbarde », à une barre de fer, etc... Ici et là, d'immenses taureaux solidement attachés essayent d'en découdre avec leurs voisins, mais la corde tient bon. Nous sommes face à un « capharnaüm » difficilement imaginable.
Les acheteurs tâtent le flanc des animaux qui, rapidement changent de propriétaires et sont entassés à nouveau dans d'autres « LADA », d'autres camionnettes, d'autres remorques en bêlant furieusement. Les chevaux, après ruades et distributions généreuses de coups de sabots, les vaches de coups de cornes sont saisis par les pattes, la queue, l'arrière-train par 7 ou 8 hommes qui les hissent dans différents véhicules. Les animaux beuglant, hennissant se retrouvent complètement abasourdis sur le plateau des moyens de transport. Ce sont des manœuvres qui se répètent dix fois, cent fois ! Spectacle ahurissant !
A la suite de quoi, les uns après les autres, les véhicules chargés à bloc, tant pis pour les animaux, toujours ordonnés à la manière kirghiz, quittent le marché.

Thiney1DANS LES « JAILOO » AVEC LES SEMI-NOMADES

Toujours en quête d'insolite, nous décidons de nous enfoncer au cœur des grands espaces, sur les pentes de collines ondulantes se situant entre 2500 et 3000 mètres d'altitude, jouxtant les contreforts de la chaîne de montagnes des TIAN SHAN.
A cette altitude se déploient de luxuriants pâturages appelés « Jailoo » où des bergers, semi-nomades, passent l'été avec leurs troupeaux.
A l'extrême est du pays, la vallée de Karkara, pas très loin de la CHINE et longeant le KAZAKHSTAN, assure la solitude au voyageur. C'est vers cette vallée que nous conduisent nos chevaux.
Nous nous déplaçons dans un paysage de vastes collines steppiques se déroulant à perte de vue. Nous côtoyons des yourtes. Nous rencontrons des chèvres, des moutons, des vaches, des yacks et bien sûr des chevaux. Les nôtres sont plutôt capricieux, difficiles à conduire. A la moindre inattention les coups de sabots pleuvent et les ruades ponctuent notre cheminement.
Après 2 jours passés au gré de formations géologiques étagées, nous pénétrons dans la vallée de Karkara.

L'hospitalité légendaire des bergers nomadisant continuant d'effectuer la transhumance annuelle n'est pas un vain mot. Au cours de notre progression, passant devant les yourtes ponctuant le paysage, chaque famille invite les voyageurs que nous sommes à boire le koumis, lait de jument fermenté.

En milieu d'après-midi nous évoluons à près de 2500 mètres d'altitude et décidons d'établir notre campement pour quelques jours auprès d'une grosse yourte totalement isolée. Un immense troupeau de moutons, de vaches, de chevaux gravitent sur les pentes environnantes. Ces animaux appartiennent à nos hôtes. Nous avons installé notre toile de tente à proximité, mais la famille d'accueil, composée d'un couple et de 2 jeunes garçons, insiste avec vigueur pour que nous passions nos nuits à l'intérieur de la yourte. Nous obtempérons.


Après la distribution de cadeaux transportés jusqu'ici afin de satisfaire au bon usage, à savoir : thé, miel, riz, pain, etc... un grignotage en guise de bienvenue nous est offert.
Après les civilités d'usage, il nous est proposé de partir à dos de cheval derrière la crête immédiate de la colline faisant face au campement. Le spectacle naturel qui nous est offert est envoûtant. Les paysages vertigineux sont d'une beauté saisissante. A perte de vue, les collines s'évanouissent au loin sur les contreforts des TIAN SHAN. Au pied de l'une d'elles une trentaine de juments, paissent au creux de la vallée sous la surveillance d'un jeune homme demeurant sur place, ceci afin de les traire à intervalles réguliers. Après la traite le lait subit un mélange permettant l'obtention du fameux koumis devenu boisson nationale.
Nous enfourchons à nouveau nos montures, remontons sur la crête d'une colline dominante et c'est alors que nous découvrons au loin, la steppe immense du KAZAKHSTAN, ondulant à perte de vue, se confondant à l'infini avec le ciel.


A la fin de la journée, à la nuit tombante, nous rejoignons la yourte pour y passer la nuit.
En matière d'habitation nomade aucune civilisation n'a jamais inventé mieux que la yourte. Elle offre un gîte idéal, spacieux, chaud en hiver, frais en été ceci étant le résultat obtenu par le feutre constituant sa carapace, les nomades utilisant les matières premières fournies par leur propre troupeau. Elle se monte, se démonte aisément et se transporte facilement par le troupeau lui-même.

Le lendemain, ainsi que les jours qui suivront, nous visiterons à dos de cheval l'immense vallée de Karkara. Notre hôte nous propose de nous faire découvrir les endroits qu'il ne faut rater sous aucun prétexte. Un soir, il nous conduit à l'entrée de la vallée de Karkara, en quelque sorte un retour sur nos pas. Juste au pied, à l'enchevêtrement des collines, là où commence cette immensité plate, se love dans un écrin de verdure un petit village kirghiz. Nous assistons à un spectacle que nul voyageur ne devrait manquer en venant au KIRGHIZSTAN.


Des milliers d'animaux de toutes sortes dévalent les collines de velours afin de rejoindre le village et ses environs. Il y en a partout, dessus, dessous, devant, derrière, sur les côtés, sur tous les flancs des pâturages, mais aussi à perte de vue sur l'immensité plate. Ils sont rassemblés ici car c'est ici, dans un gigantesque nuage de poussière, que s'effectue la traite du soir.
Nous avons sous les yeux une animalerie dont il est impossible de définir les contours, contenue par des kirghiz installés sur des chevaux qui rétablissent le bon ordre à la moindre incartade.
Sans nous en rendre compte nous venons de changer de planète !


Ce spectacle de troupeaux, qui vont, qui viennent, qui passent et repassent en bêlant, en beuglant, en hennissant durera jusqu'à la tombée de la nuit, jusqu'à ce qu'ils se diluent lentement derrière les collines ondulantes des « Jailoo ».

« JAILOO » A PLUS DE 3000 METRES

Une semaine s'étant écoulée dans ce cadre enchanteur nous souhaitons pénétrer plus profondément dans les alpages. L'entrée de la vallée elle-même étant contrôlée par des militaires auxquels il faut montrer « patte blanche » nous est interdite.
En l'absence des documents nécessaires notre hôte, arguant qu'il n'y a jamais de contrôle plus loin, nous conduit en contournant un groupe de collines.
Il nous recommande à l'un de ses amis qui très volontiers prendra soin de nous.
Désormais, les « Jailoo » que nous foulons du pied se situent à plus de 3000 mètres d'altitude.


L'air et le ciel sont couleur azur. Le jour, la température demeure assez fraîche, il gèle la nuit. Nous nous sommes rapprochés des cimes enneigées des TIAN SHAN, barre frontalière avec la CHINE.
Nous avons sous les yeux le même spectacle inoubliable que la semaine précédente sauf que l'altitude lui confère encore plus de noblesse.
Le regard rencontre toujours et encore des troupeaux d'animaux de toutes sortes, cependant moins nombreux, conduits par des hommes à cheval. Ils vont s'abreuver dans les eaux bleu turquoise d'un petit lac de montagne facilitant ainsi leur présence à cette altitude.
Quelques yourtes sont dressées sur le pourtour du plan d'eau. A notre grande surprise, nous y côtoyons un troupeau d'une vingtaine de yacks tout noir.
Parcourant le secteur à cheval il n'est pas rare de rencontrer un animal mort qui sera, nous dit-on, dévoré par les rapaces et les loups.

FIN DE LA TRANSHUMANCE

Nous sommes à la fin du mois d'Août et déjà un soleil plus timide alterne avec les giboulées. De réelles tempêtes de neige sont assénées par des vents violents. Il se confirme qu'une autre phase de la transhumance débute. Dans le but de redescendre dans la vallée, certaines familles démontent déjà les enclos et réunissent les troupeaux. Dans la même démarche, nos hôtes décident de rejoindre le campement dans lequel nous avions précédemment séjourné.
D'abord, nous traversons ce qui s'apparente à des paysages de montagnes.
Ensuite, on s'introduit dans un labyrinthe où un soleil de fin de journée inonde les deux flancs de la montagne qui se sont transformés en d'immenses mamelons veloutés aux couleurs mordorées. Il s'y crée des jeux d'ombre, mettant en relief des dentelles soyeuses et veloutées dévalant la pente par vagues étagées, terminant leur course folle au fond de la vallée en gigantesques coulées mordorées.
Spectacle grandiose !


Thiney2CHASSE A L'AIGLE

Parvenus au fond de la vallée nous assistons à une des premières chasses à l'aigle de la saison.
Elégamment vêtu, les fauconniers se déplacent à cheval, aigle sur l'avant bras droit. L'attitude se veut cérémonieuse. Il est à préciser que ce genre de chasse est réservée à l'élite nomade.
« un fauconnier est toujours issu d'un clan noble » nous dit-on.
Quelques personnes à cheval parcourent le flanc de la colline toute proche quand, soudainement, un fauconnier décapuchonne son aigle qui immédiatement prend son envol et se dirige d'une rapidité fulgurante au pied de la colline. « Il a capturé un lapin », nous dit-on.
Il reste immobile sur sa proie, les ailes écartées et cède l'animal à son maître lorsque celui-ci arrive au galop et s'agenouille auprès de lui.

CONCLUSION

Cet épisode va clore notre séjour dans les « Jailoo » du KIRGHIZSTAN, pays profondément ancré dans ses traditions.
Ses vallées alpines, ses « Jailoo » veloutés, ses sommets perpétuellement enneigés ont valu à la petite république du KIRGHIZSTAN le surnom de « Suisse de l'Asie centrale ».
Mais les similitudes s'effacent devant les chasses à l'aigle, les yourtes, les nomades...

< Maurice Thiney (21)

mercredi, 03 septembre 2014 08:59

La Gran Sabana et la Chute Angel (Vénézuela)

Entre savane et forêt tropicale humide, une invitation à percer les mystères du Monde Perdu de Conan Doyle, des tepuis au Salto Angel, cascade la plus haute du monde.

Des paysages époustouflants qui se méritent !

Nous quittons le Brésil par le nord, soit 1 000 km de bonne route depuis Manaus pour entrer au Venezuela par Santa Helena de Uairen, seule “ville” du coin qui s’est développée, il y a une vingtaine d’années, lors du raccordement routier. Nous sommes dans La Gran Sabana. Immense territoire jouxtant la frontière avec le Guyana, préservé pour le moment dans le cadre du Parc de Canaima. Ce sont les indigènes Pemon qui occupent La Gran Sabana, vivant dans de toutes petites communautés très éparpillées.

 

Les géants du Monde Perdu Vastes horizons, solitude, nature foisonnante et originale avec ces étonnants reliefs à perte de vue : les tepuis.

Il y en aurait une centaine. Montagnes plates, tabulaires, comme autant de chapeaux hautsde- forme posés çà et là. Restes rocheux qui ont résisté à l’érosion, émergeant ainsi, isolés les uns des autres. Le plateau supérieur étonne les chercheurs ; on y observe une végétation endémique, unique en son genre. L’accès n’est pas aisé sauf pour le Roraima, l’un des plus hauts, culminant à 2 700 m. Site de référence, il est le premier à avoir été exploré par les naturalistes, il y a plus de cent ans. Le dépaysement est total dans La Gran Sabana. Les canyons, rivières et cascades sont nombreux, variés, les roches polies par l’eau sont parfois rouge vif, comme à la Quebrada de Jaspe. Les oiseaux sont aussi de la partie. Le territoire de Gran Sabana ne se laisse pas facilement découvrir, même avec son propre véhicule ! Sans doute est-ce la meilleure garantie de préservation. Pas de pistes latérales, de rares sentiers permettant d’accéder aux chutes proches de l’axe nord-sud. Mais pas question de rejoindre la chute Angel, pourtant si proche à vol d’oiseau ! Ce sera une expédition en tant que telle et nécessitant de remonter jusqu’à Ciudad Bolivar, soit 600 km depuis Santa Helena.

Sous le règne de l’humide Une envie de grandes eaux ? Voir la chute Angel ? Un must comme celles du Niagara, d’Iguazú ou de Victoria à la frontière Zimbabwe-Zambie ?

Une curiosité de la nature ? En effet ! Angel n’a rien à voir avec les Anges ! C’est le nom du pilote qui s’échoua en pleine brousse avec son petit avion de quatre places. C’était en 1937.

Jimmy Angel, sa femme et deux compères cherchaient de l’or. Sains et saufs mais perdus, sans balise ni moyens de communication, ils marchèrent onze jours pour rejoindre âme qui vive et finalement revenir “à la civilisation”.

Les chutes découvertes à proximité porteront le nom de Jimmy. Ce sont les plus hautes du monde : 979 m, presqu’un kilomètre d’eau tombée du sommet de ce tepui devenu célèbre, l’Auyantepui.

Rejoindre ces chutes requiert l’usage de plusieurs moyens de transport : un coucou décolle de Ciudad Bolivar vers Canaima, dans le parc éponyme. Pas de sentier, il faut prendre la pirogue. Une communauté indigène gère la suite du périple : quatre heures de pirogue pour remonter la rivière au fort débit. Le paysage sauvage est splendide, la végétation intense.

Les passagers sont déposés à deux reprises pour effectuer un trajet à pied évitant ainsi deux rapides dangereux. L’accès au campement nocturne se poursuit à pied. La forêt bruisse d’animation et dégoutte d’humidité.

Les arbres sont très hauts, les racines enchevêtrées et glissantes. Une vraie sensation de forêt primaire. Trois ou quatre zones sont dédiées à l’accueil des groupes. Coin cantine, coin dodo, tout est sommaire, humide, peu de lumière filtre entre les arbres. Les uns accrochent leur hamac tandis que les autres chercheront le sommeil sur les couchages en planches. Au petit matin, abandonnant le hamac ou la planche, un casse-croûte vite avalé, direction le sentier d’accès aux chutes. Le trajet n’est pas long : en moins d’une heure, il amène près des chutes, pas à leur pied. Les voir en entier nécessite du recul et un cou souple ! C’est une coulée centrale sertie d’une brume légère, une tranchée blanche dans un écrin de verdure intense, un jet continu dans l’immobilité de la forêt. Les nuages jouent à cache-cache, masquant parfois le haut de la chute, seule la base reste enflée, continue, indifférente à l’amont.

Suivre une goutte ? Observer les rebonds ? Deviner la vitesse de l’eau ainsi libérée ?

Accompagner du regard ? Fermer les yeux ? La chute ne chute pas, elle dévale en continu.

La fascination est au rendez-vous. Les lieux vous enveloppent. On se sent tout petit, accroupi au pied des arbres, faisant face à la falaise aux eaux jaillissantes. La bruine vient vous rappeler le règne de l’humide. Le bruit de l’eau semble isoler cet endroit du reste de la forêt. Est-on, ici encore, au “bout du monde” ? Difficile de repartir.

La magie de ces lieux perdus en pleine nature opère au plus profond de soi.

Abasourdis par les éléments Sur le chemin du retour, la pirogue profitera du courant descendant.

Sécurité oblige, les deux passages dangereux sont à nouveau franchis à pied. Retour à Canaima, zone déboisée, terre sèche ocre, minicabanons en guise de magasins, à proximité de la piste d’atterrissage. Plaisir de retrouver l’eau et de s’approcher de la chute El Sapo à quelques encablures du bord de la rivière.

La petite pirogue vous dépose sur les rochers bordant la chute, un sentier permet d’accéder au sommet et de passer derrière le rideau d’eau ! Ici, pas de hauteur vertigineuse mais la sensation vrombissante du volume d’eau qui déferle devant vos yeux. On reste accolé à l’abri du rocher, à chercher une posture stable ou à viser l’issue du sentier, un peu abasourdi par les éléments. Ne pas glisser, ne pas perdre ses lunettes, les basiques du moment, on se sèchera plus tard ! Ce n’est pas courant de passer derrière des chutes d’eau, alors profitons-en pleinement avant de reprendre le petit avion en direction de Ciudad Bolivar. Les quarante-cinq minutes du trajet donnent un bel aperçu de l’immensité du Parc et de la diversité des reliefs : canyons, tepuis, rivières, cascades…

Heureux d’y être allés. Cela fera partie de nos coups de coeur au Venezuela, loin, bien loin de l’agitation du Nord et de la côte Caraïbe.

< Texte et photos Élisabeth Roch (69)

mardi, 29 juillet 2014 12:37

Barcelone, une ville à découvrir

L’infographie ci-dessous vous présente les villes les plus accueillantes d’Europe en terme de rapport qualité/prix, mais également selon la période de l’année, si vous voyagez seul ou en groupe. Nous avons eu l’occasion de visiter l’une d’entre elles : Barcelone.

Nous avons effectué notre voyage pour 180 euros en juillet A/R. Départ à 7h35 le matin. Le prix dépend énormément du jour et de l’heure choisie. Bien sûr le service à bord est minimum, mais en général les vols sont ponctuels.

Parmi les endroits à visiter dans la ville, la Sagrada Familia (cathédrale) est le monument le plus connu de Barcelone. Ce qui vaut le coup c'est la montée tout en haut car la vue y est superbe. Mais, sans entrer, on peut quand même profiter des façades extérieures qui sont magnifiques. http://www.sagradafamilia.cat/

Ce que nous avons vraiment adoré aussi c'est le Parc Guell qui est une autre œuvre de Gaudi qui a fait beaucoup pour la ville. C'est un endroit à voir qui est un peu dur d'accès car il y a une bonne côte à monter. Mais après c'est le dépaysement assuré ! Sinon il y a aussi toutes les "casas" de Gaudi en plein centre-ville. Mais il faut bien compter 10 € pour chaque visite... Celle qui est vraiment bien à voir, car on a aussi accès aux toits où là il y a un vrai travail de déco, c'est la Casa Milla, "la pedrera". http://www.parkguell.cat/

Pour ce qui est de la cuisine espagnole, vous trouverez de nombreux choix de tapas à toute heure dans les bars de la ville. Vous pouvez en tester un sans modération, cela fait partie de la culture barcelonaise.

Concernant l’hébergement, le mieux lorsque que l’on reste plusieurs nuits, et particulièrement si l’on voyage en groupe, serait de louer un appartement chez l’habitant. Je me suis adressé au site http://www.housetrip.fr/ qui permet d’avoir le plus grand choix.

La visite de cette ville est a recommandé, seul ou entre amis.

Most-welcoming-cities-French gd

mercredi, 25 juin 2014 14:34

Améliorer la condition des femmes en Inde

Nettapakam, Tamil Nadu, Inde, petite ville de 25 503 âmes à 25 kilomètres de Pondichéry. Milka a choisi d’y passer un mois pour apporter son soutien à la Karunalayam Rural Welfare Society, ONG de défense des droits des femmes.

Créée en 1994, la Karunalayam Rural Welfare Society (KRWS) a  pour but d’améliorer la vie des femmes rurales à travers des formations, des programmes de sensibilisation et un projet de micro-crédit. Les locaux de l’association abritent, outre les bureaux des employés, une pièce dédiée aux cours de couture, une salle informatique et même une petite crèche. L’association développe avant tout une mission de médiation familiale.

Les couples et les adolescents viennent y exposer leurs problèmes - souvent en rapport avec l’alcoolisme et les violences conjugales – et chercher une oreille attentive auprès des deux travailleuses sociales de l’association.

Des sessions de sensibilisation pour lutter contre l’avortement sélectif

Dans les villagesenvironnants, l’association dispense égalementdes programmes de sensibilisation sur unevaste gamme de sujets : responsabilisation desfemmes, méfaits de l’alcool, prévention du suicideou de la malnutrition, importance de l’hygiènepersonnelle, etc. J’ai participé à ces programmes,aux côtés de deux autres volontairesfrançaise et belge. Nous avions pour missiond’encourager ces femmes à donner une bonneéducation et des soins de santé de qualité àleurs enfants, notamment aux petites filles.

En effet, l’un des problèmes majeurs en Inde reste l’avortement sélectif et la préférence pour les bébés de sexe masculin, les filles étant considérées comme une charge en raison de la dot que devra payer la famille au moment de son mariage.

Au cours des dernières années, de nouveaux appareils chinois permettant de réaliser des échographies à moindre coût ont fait leur apparition sur le marché indien. Ce phénomène, qui a permis de démocratiser l’accès aux soins, a entraîné dans le même temps une augmentation importante du nombre d’avortements sélectifs.

Les familles peuvent désormais connaître le sexe du foetus à l’avance... et donc choisir de poursuivre la grossesse ou de l’interrompre en toute connaissance de cause. Résultat : les hommes en Inde sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux que les femmes. Dans certaines régions, celles-ci font même l’objet de trafics car les célibataires ne trouvent plus d’épouses.

Inde 1Mariages arrangés et violences conjugales

À peine arrivées au village, nous sommes observées avec curiosité par les femmes.

Certaines rient même quand nous les saluons. Il faut dire qu’être “blanc” demeure objet de curiosité ! Ces femmes sont fascinées par notre peau claire, synonyme de beauté en Inde. Il n’y a qu’à voir toutes les publicités à la télévision où des Indiennes à la peau extrêmement pâle vantent les bienfaits de tel savon ou de tel yaourt.

Elles nous font asseoir sur des chaises, tandis qu’elles-mêmes sont assises à même le sol. Un sentiment gênant de post-colonialisme m’envahit, mais je ne peux pas aller à l’encontre de la tradition d’hospitalité indienne. Ces femmes sont belles, drapées dans leurs saris colorés et leur dignité : malgré leur vie souvent difficile, elles savent se montrer fortes et profiter de chaque bonheur de la vie.

Et pourtant, les problèmes demeurent nombreux : violence domestique et mariages arrangés sont encore le lot quotidien de beaucoup de femmes. Rani est mariée à un homme alcoolique et violent qu’elle a décidé de quitter.

Mais les choses ne sont pas si simples. Une femme indienne qui quitte le domicile conjugal est condamnée à subir l’opprobre de la société. Nous rencontrons également Barathi. À seulement 21 ans, elle vient de réussir un concours de tailleuse-couturière dans la fonction publique. Mais ses parents en ont décidé autrement : elle doit renoncer à son projet et à sa carrière pour se marier. Elle qui aspirait à une

vie différente, plus indépendante

Même les salariées de l’association, qui défend pourtant le droit des femmes, ne sont pas épargnées : un matin, l’une d’elles arrive avec une grande balafre sur le visage. Quand nous lui demandons ce lui qui est arrivé, elle nous raconte son histoire : Bouvana est mariée et mère de deux enfants - une fille et un garçon.

Son mari a quitté le domicile conjugal pour une autre femme, emmenant avec lui son fils, qu’elle ne revoit plus qu’occasionnellement au moment des vacances scolaires. La veille, son fils est allé dîner chez son oncle paternel.

Lorsque Bouvana a voulu le récupérer, l’oncle paternel et une partie de la famille s’y sont opposés et l’ont frappée à coups de bâton.

Abirami travaille elle aussi pour la KRWS, en tant que travailleuse sociale. Elle a suivi cinq années d’études supérieures, elle est indépendante, mais elle va tout de même se marier avec l’homme que ses parents ont choisi pour elle. Quand nous lui demandons pourquoi, elle nous répond simplement, dans un large sourire : “Si c’est le choix que mes parents ontfait pour moi, ce sera forcément le meilleur”.

Le mariage arrangé semble donc encore très ancré dans les esprits, malgré une évolution certaine illustrée par l’apparition récente d’un Meetic indien. Les aspirants candidats au mariage remplissent une fiche en ligne décrivant leur profession et caste à destination des… parents qui choisiront in fine le candidat idéal pour leur progéniture. Un usage symptomatique de l’Inde qui reste un pays profondément attaché à ses traditions mais malgré tout ouvert à la modernité.

< Texte et photos Milka Kahn (30)
jeudi, 05 juin 2014 10:06

No entiendo espanol.(Cuba)


Et oui, à la grande surprise des Cubains, tous les Français ne parlent pas forcément espagnol ! Si cette lacune nous a empêchés de profiter pleinement des rencontres avec les habitants, cela n'a pas été un obstacle à notre voyage sac à dos dans la plus grande île des Caraïbes.
Ces trois semaines ont été une véritable détente tant il est facile de se loger dans une des innombrables et fort correctes « casas particulares » qui accueillent le touriste étranger.

Quel plaisir de se réveiller au son du blender annonçant la préparation de notre jus de fruits frais du matin et de trouver notre petit déjeuner sur une table joliment dressée parfois dans la salle à manger familiale, le plus souvent sur une terrasse ou une courette. Et le soir, si nous le souhaitions, nos hôtes nous préparaient le dîner (poulet, porc, poisson ou langouste). Par l'intermédiaire de l'association CUBA LINDA, plusieurs possibilités sont offertes au voyageur : retenir tous les logements de son séjour à partir de France, ou bien ne retenir que la première destination (le plus souvent La Havane) et ensuite demander à son hôte de réserver pour la ville suivante. Enfin, compte-tenu du choix offert, il est toujours possible de chercher soi-même car les endroits habilités à recevoir des touristes sont signalés par un sigle particulier bien visible depuis la rue.

Cuba4MJ

Nous avons pu communiquer plus facilement avec les propriétaires des casas qui parlent généralement un peu anglais ou français, ce qui est assez rare dans le reste de la population. La gentillesse des cubains, leur joie de vivre et leur sens de la débrouillardise ne nous ont cependant pas échappé. Nous avons côtoyé un peuple dynamique et entreprenant, qui surmonte quotidiennement de nombreuses difficultés, sans rater pour autant une occasion de faire la fête, le plus souvent en musique.

Etant des inconditionnels des transports locaux, nous ne souhaitions pas louer de véhicule et avons emprunté les bus Viazul, réservés aux étrangers mais de plus en plus empruntés par les cubains qui ont un peu de moyen. Les véritables transports locaux sont si peu nombreux et les cubains s'y entassent tellement, qu'il est préférable de leur laisser la place.

Petites précisions quant à l'argent : deux monnaies circulent en parallèle : le CUC (peso convertible, aligné sur la valeur du dollar US et destiné aux étrangers) et le peso cubain appelé moneda nacional (il vaut 25 fois moins et est réservé aux locaux). Tout ce qui a rapport au tourisme utilise le CUC alors que les magasins d'Etat, les petits restos des gares routières, les marchés, les transports locaux utilisent le pesos cubain. Si d'aventure, vous avez l'occasion d'acheter quelque chose dans la seconde catégorie d'établissements, il est toujours possible de payer en CUC, on vous rendra en pesos et même si vous y perdez un peu, le commerçant, lui, sera réellement ravi de l'opération ...

D'une façon générale, nous avons trouvé que la vie n'était pas bien chère pour un européen : repas à 8 ou 10 CUC (au plus 12 CUC pour une langouste), chambre confortable pour deux à 20 ou 25 CUC la nuit, bus Viazul à 33 CUC la plus longue course (Trinidad/Santiago 600 kms) et que dire du Mojito à 2,5 ou 3 CUC !

Trois semaines dans cette agréable île des Caraïbes nous ont permis de passer un peu de temps dans chacune des villes de notre parcours : La Havane, Cienfuegos, Trinidad, Santiago de Cuba, Camagüey, Santa Clara, Vinalès, Pinar del Rio et retour à La Havane. Toutes ont leur charme particulier et il est difficile d'établir un palmarès. Le paysage de la région de Vinalès, ponctué des célébres « Mogottes », nous a permis de randonner et de voir de près les fameuses plantations de tabac, imprégnant nos chaussures de terre rouge.
Nous avons été sensibles à l'atmosphère de Trinidad, même si le centre est un peu artificiel, mais un peu plus loin on rencontre les vrais gens, toujours près à discuter et à vous accueillir chez eux.

Nous n'avons pas regretté les 12 heures de bus pour nous rendre à Santiago, ville de la musique par excellence. Nous y étions en fin de semaine et partout dans les Casas de la Trova, les Orfeons ou autres salles de musique, les musiciens se retrouvent et nous régalent de salsas, sons, rumbas ou autres reggaeton, pendant que les couples gracieux dansent sur ces rythmes tropicaux.

Au hasard de la promenade, nous avons découvert une gigantesque fête en plein air sur un boulevard extérieur avec de nombreux stands de restauration et des barbecues géants de cochon grillé, de la musique partout et nous avons assisté, un peu étonnés, à un défilé de mode « comme à la télé ».

Je terminerais naturellement par La Havane, où nous avons passé 3 jours à l'arrivée et 2 au retour. On ne se lasse pas de se balader dans les petites rues de Habana Vieja, d'admirer le patrimoine architectural du Centre historique, même si bien des bâtiments restent à restaurer, de flâner le long du Malecon en esquivant les déferlantes venues de l'Océan.

Il faut cependant aller voir plus loin et partir vers le Centro Habana plus moderne et très vivant avec ses rues piétonnes et ses magasins relativement bien achalandés, puis gagner le quartier du Vedado. C'est là que sont regroupés les grands hôtels Nacional, Habana Libre et Presidente.

Pourquoi ne pas commencer la promenade par une pause au glacier Coppelia, assez étonnant bâtiment en béton des années 70 où les havanais se pressent pour déguster une excellente coupe glacée quand vient la fin de la journée. On déambulera ensuite dans les grandes avenues bordées d'arbres et d'anciennes riches demeures de la première moitié du 20e siècle, dont certaines une fois restaurées sont aujourd'hui le sièges d'ambassades ou de musées. Et la nuit venue, la journée se terminera à la Rampa, où le club de jazz La Zorra y El Cuervo a accueilli en son temps le grand Chucho Valdès, car la musique règne partout à Cuba et l'esprit des musiciens du Buena Vista Social Club n'est jamais bien loin.

< Michèle Jarousseau (44)

Quelques casas particulares à recommander :
< La Havane : Jorge y Lisett Calle C entre 23 Y 25 Vedado (Jorge parle très bien français)
< Cienfuegos : Norma Pérez y Arcia – avenue 52 entre 25 y 27
< Santiago de Cuba : Casa de Marcela Padre Pico n°361 San Basilio y Santa Lucia

mercredi, 30 avril 2014 12:18

Vinales, hâvre de tranquillité

Toi qui, comme moi, aimes vadrouiller aux quatre coins du monde, je voudrais te donner envie de découvrir un village de la campagne cubaine. Ce n’est pas un lieu caché, il figure en effet en bonne place dans les guides de voyage. Son nom est Viñales et je t’assure que cela reste un lieu préservé.

On m’avait vanté son paysage, je n’ai pas été déçue. Imagine des buttes calcaires coiffées de végétation verdoyante et entourées de plantations de tabac et de café : on appelle ces hauts rochers les mogotes. Il est impressionnant de se balader à leurs pieds voire de se faufiler dans une crevasse pour trouver de l’eau fraîche et s’y baigner.

En rando ou à cheval, il est très facile de sillonner cette vallée. Les habitants ne manquent d’ailleurs pas de proposer leurs services pour guider les touristes sur les sentiers. Alors, pourquoi ne pas se laisser tenter ? Il est vrai que cela implique généralement une visite chez un ami campesino producteur de tabac, mais quel meilleur moyen d’apprendre comment fabriquer et rouler un authentique cigare Montecristo ? Et s’il est trop tôt pour déguster un Coco-loco (cocktail au rhum servi dans une noix de coco fraîchement coupée), il est toujours possible de se rabattre sur un jus d’ananas frais.

Nolwenn-CayoJutias2Tu rêves d’eaux couleur turquoise où te baigner ? Qu’à cela ne tienne ! Si tu n’as pas ton propre véhicule, un bus peut te conduire sur la côte nord pour la journée. Cayo Jutías et sa plage de sable fin sont l’un de ces lieux appréciés par les habitants de Viñales qui s’y rendent en famille le week-end. Après une sieste sous l’un des parasols en feuilles de palmiers, le patron du restaurant de la plage t’accueillera à bras ouverts. Avec un peu de chance, il pourrait même y avoir de la langouste flambée au rhum au menu… Moi, je n’ai pas hésité !

Après une journée de plage ou de rando, quel bonheur de se balancer à l’ombre d’un porche, dans l’un des rocking-chairs en bois qui ne semblent attendre que toi. On regarde passer les vieilles voitures américaines, rafistolées des dizaines de fois mais à la carrosserie toujours étincelante, en écoutant les indémodables chansons de Compay Segundo, Ibrahim Ferrer et leur Buena Vista Social Club. Avec la chaleur, le terrain de base-ball est désert. Mais au fond d’une boutique située l’angle de la rue, on entend des rires. Jeunes et vieux s’affrontent sur le tapis émeraude d’une table de billard. Tu sais y jouer ?

Attention, Viñales, ce n’est pas qu’un havre de tranquillité ! Vers 21h, le centre culturel de la petite communauté s’anime ! Mambo, Son et Chacha, même si on ne maîtrise pas les trois pas de la salsa, on trouvera toujours quelqu’un pour nous montrer et nous inviter à danser. De leur côté, les timides pourront rester assis à siroter leur piña colada en admirant les danseurs se déhancher jusqu’à tard dans la soirée.

Bien-sûr, à Viñales comme dans toutes les villes de l’archipel, des fresques murales rappellent que la révolution marque encore le quotidien des cubains. Le Che, Camilo Cienfuegos et Fidel Castro restent les héros nationaux et il ne viendrait à l’idée de personne de dire du mal du gouvernement qui, même s’il les contraint à l’austérité, ne leur enlève pas leur bonne humeur.

Nolwenn-Vinales4En parlant de bonne humeur, j’ai failli oublier de te parler de Joel, mon hôte pendant les quelques jours passés dans la vallée. C’est par hasard que j’ai débarqué dans la casa particular qu’il gère avec sa mère, Nenita. A son sourire, on devine immédiatement qu’il est heureux d’accueillir des touristes chez lui. Il est d’ailleurs fier de présenter les travaux de rénovation qu’il a effectué ces derniers mois, en particulier la terrasse aménagée sur le toit, idéale pour assister au coucher du soleil sur la vallée. A table, il s’assoit avec toi et te demande avec curiosité ce que tu es venu chercher dans ce coin reculé. Pour peu que tu acceptes de l’écouter, lui aussi te raconte sa vie et son pays.

Tu l’auras compris, j’ai été conquise par l’ambiance et les habitants de Viñales. J’espère donc t’avoir donné envie de découvrir ce bel endroit qui restera mon plus beau souvenir de Cuba !

< Où loger :

Casa Nenita, Viñales (derrière la clinique)



Tél. +53 48 796004

< Nolwenn Jézéquel (75)



mercredi, 12 février 2014 18:07

Le Mustang : Au pays de Lo

Au pays de Lo dans les pas de Michel Peissel
Dans les années soixante,Michel Peissel, ethnologue, explorateur et écrivain, est l'un des premiers à pouvoir sillonner les royaumes fermés de l'Himalaya. Cinquante ans plus tard, qu'est devenu le Mustang "le royaume tibétain interdit" ?

Au sommet d'un col se découvre soudain Lo Mantang, capitale du royaume du Mustang. La voilà donc enfin la fière cité fortifiée du Pays de Lo. Elle hante mes rêves depuis que j'ai lu le récit qu'en a fait
Michel Peissel, l'un des premiers Occidentaux à s'y intéresser et surtout autorisé à y séjourner. C'était en 1964, mais peu de choses semblent avoir bougé depuis ce temps-là.
Les contours de la ville sont simples : un grand rectangle de 350 mètres de long environ sur 150 mètres de large et dont on aurait coupé le coin Nord-Est, on bute sur les hauts murs blancs du palais royal et ses cinq étages. À gauche, après quelques échoppes, s'ouvre une belle place agréable et bien ensoleillée, le centre de la vie urbaine. Là se trouvent une guest-house, la poste et le bureau d'enregistrement des permis qui est notre première occupation.
"La cité ressemblait à un château-fort géant, posé par la main de quelques dieux guerriers au milieu d'un désert infernal". (Michel Peissel)

Mustang2La ville intra-muros renferme quelque 120 maisons serrées les unes contre les autres et séparées par des venelles qui ont rarement plus de deux mètres de large. Le rez-dechaussée est réservé à l'étable ou à la boutique.
Le premier étage est celui où l'on se tient en hiver. Cédant à l'invitation d'un villageois, nous montons sur son toit en terrasse pour admirer la vue sur les murs du palais du roi et des monastères ; sur les grains et crottins étalés au soleil ; sur les empilements de bois qui, en raison de l'absence presque totale d'arbres, se composent de racines noueuses et de buissons épineux. Mais le combustible ordinaire reste la bouse de yak. D'ici la vue plonge aussi sur les bâtisses qui s'étendent désormais hors les murs, hors de l'enceinte historique.

Ambiance "premier matin du monde"

Le lendemain, réveil au son des clochettes des chevaux et des meuglements des vaches. Les bergers emmènent paître les troupeaux de chèvres. Un homme conduit une paire de yaks. Il est suivi d'un autre qui porte la charrue en bois à soc unique sur l'épaule. Au sommet d'un pic voisin à 4 000 mètres est juchée une vieille forteresse : le fort de Ketcher dont il ne reste que des murailles massives, usées par le vent et la pluie. Bâtie par le grand Ame Pal (1380-1450), premier des rois du Mustang. D'ici, on jouit d'un panorama à 360° qui permet d'apercevoir toute la chaîne himalayenne avec le Nilgiri-Nord (7 060 m), le Tilicho (7 139 m), l'Annapurna I (8 091 m), le Thorung peak (6 488 m), le Chulu-Ouest (6 419 m) ; au nord, seul Nyambo, dernier village avant la frontière chinoise, reste invisible dans un repli de terrain.

Comme Peissel, je suis frappé par la quasi absence d'arbres. Les seuls que l'on voit ont été plantés, alignés le long des canaux d'irrigation.

"D'où venez-vous ?"

Jigme Dorje Tandrul, 25e roi du Mustang*, descendant d'Ame Pal en lignée directe (même "os" comme on dit ici), nous accorde une audience en son palais de Lo.
Le monarque a coutume de recevoir les visiteurs étrangers. Il suffit de prendre rendez-vous la veille et de se munir d'une kata (écharpe de soie blanche). "D'où venez-vous ?" est la seule question que pose toujours ce vieil homme de 72 ans qui parle tibétain, à peine népalais et pas du tout anglais. Non, il ne vit pas toujours ici mais dans sa maison de Katmandou.

Non, il ne se souvient pas du passage de Michel Peissel ! Quant à la piste qui désormais relie son pays à la Chine — qui un jour devrait faire la liaison avec celle de Pokhara à Muktinath, relançant un axe d'échanges ancestral — il y voit pour son peuple le risque d'une perte de sa culture. Un de ses neveux rencontré à Tsarang est plus optimiste, tout en reconnaissant que le mode de vie changera.
Il compte sur le tourisme amené à se développer, même si, pour l'heure, les habitants du Mustang en profitent très peu. L'ouverture du royaume en 1992 l'a fait connaître à l'extérieur et il reçoit de l'argent de diverses fondations, notamment américaines, employé en premier lieu à la réfection des monastères. Ce n'est pas sans émotion que nous quittons
Lo Mantang, petite cité bâtie il y a bien longtemps, à 3 200 m d'altitude, par des hommes qui ont trouvé le moyen d'y survivre. Si le modernisme commence à apparaître, rien n'a encore vraiment changé.

Loin du monde des vivants

Mustang3Le chemin du retour passe par le village de Dhakmar qui s'étire au pied d'une grande montagne rocheuse du plus bel orange, d'où son nom qui signifie "falaise rouge". L'érosion a creusé des tuyaux d'orgue et l'homme des cavités qui ont servi d'habitations troglodytiques ou de lieux de méditation pour lamas vertueux pour lesquels un isolement complet de 3 ans, 3 mois et 3 jours était la durée idéale. Peissel raconte avoir dérangé la retraite d'un de ces ermites enfermé depuis 7 ans dans une pièce du monastère de Tsarang et auquel il restait encore 5 années de retraite, loin du monde des vivants.
Un très long mur à mani nous accompagne ensuite pendant 300 mètres. C'est le plus long du Mustang. Il représenterait les entrailles d'un démon tué bien des années auparavant par le saint Urgyen Rimpoche. Il l'avait démembré, jetant son coeur au plus profond des ravins du Mustang où s'éleva plus tard le monastère de Gekar. Puis, prenant les poumons du démon, il s'en était débarrassé, formant ainsi les falaises roses et rouges qui nous encerclaient. Quant aux entrailles, il les avait jetées à terre, là où s'élève aujourd'hui le grand mur de prières.

Le vent, toujours le vent, fidèle au rendez-vous chaque après-midi, nous accompagne à coup de bourrasques parfois violentes lors du passage du col de Syangboché. Ce vent s'engouffre dans l'entonnoir formé par les massifs de l'Annapurna et du Dhaulagiri. Il souffle sur le Mustang vers midi quand l'air au-dessus du Népal s'échauffe et tombe après le coucher du soleil quand la température se refroidit.
Du col, aussi loin que porte le regard, c'est un paysage de désolation totale. Pas une tache de verdure, pas un arbre, rien que des montagnes arides et découpées par des gorges profondes.
Même après plusieurs jours passés ici, on a du mal à s'y faire. Pourtant, cela est beau, très beau même.
Arrive un cavalier qui prend le temps de descendre de sa monture pour accrocher une énième kata au grand mât planté là et qui supporte déjà une armée de drapeaux à prière.
Que pense-t-il de l'arrivée de la piste ?
Deviendra-t-il un jour motard, automobiliste ou chauffeur routier ?

Préserver l'identité du haut-Mustang

Enfin le monastère de Kagbéni apparaît, petit carré rouge dans le lointain, qui marque la limite de la restricted area du haut-Mustang, mais aussi le retour à la "civilisation", avec ses nombreux lodges sur le tour fréquenté et libre des Annapurnas.
Alors on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi le bas-Mustang est aussi développé alors que le haut-Mustang est encore arriéré.
La réponse tiendrait-elle à l'ouverture au tourisme, dont l'un profite, alors que l'autre ne fait que regarder passer les visiteurs et leurs dollars dont une grande partie reste dans les poches des agences de Katmandou. Mais quel autre moyen appliquer pour préserver l'identité du haut-Mustang ?

< Texte et photos Philippe Debard (54)

En savoir plus

Organisation d'un trek dans le haut-Mustang.


mercredi, 22 janvier 2014 17:26

Oulata : festival de villes anciennes ( Mauritanie)

Oualata, sud-est de la Mauritanie, surnommée "rivage de l'éternité" par les caravaniers au XVe siècle. C'est dans ce village classé au patrimoine mondial de l'Unesco que s'est déroulé en janvier le quatrième Festival des villes anciennes.
Durant quatre jours plusieurs centaines de personnes, bédouins et citadins ont retrouvé famille et tribus pour fêter les chants tradi-tionnels, écouter la récitation de poésies, jouer à la pétanque — sport national en Mauritanie depuis le passage des Français. Mais les courses de plusieurs dizaines de chameaux fièrement décorés dont certaines portent une affichette à l'effigie du président mauritanien — élections proches obligent —, et les tirs à l'arme étaient aussi très attendus et ont remporté du succès.

Quelque cent quatre-vingt touristes français accompagnés par une agence se sont ajoutés aux Mauritaniens venus de Nouadibhou et de Nouackchott. D'autres ont parcouru plus de 160 kilomètres à dos de chameau pour rallier cette quatrième manifestation culturelle dans le pays, dans une zone classée "rouge" par le ministère des Affaires étrangères françaises.

À quelques kilomètres de là, à la frontière avec le Mali, un camp de réfugiés maliens recueille plus de 60 000 personnes dans des conditions extrêmement difficiles. Dans ce contexte, sous surveillance de l'armée, les festivaliers mauritaniens et français ont essayé d'estomper l'actualité.

Soyez les bienvenus L'hospitalité mauritanienne s'est confirmée. Tout au long de nos balades dans la petite ville encadrée de montagnes rocheuses aux couleurs chocolat et brun, les habitants nous ont proposé de visiter leur maison, d'admirer les décorations réalisées par les femmes sur les encadrements des portes et les murs en boue séchée avec de la chaux blanche ou colorée. Si les dessins ne revêtent pas de signification particulière, ils témoignent de la créativité des femmes qui peignent tout à la main pour embellir ces maisons simples mais belles, au confort spartiate. La ville est encore enclavée, à deux jours de voiture de la capitale, sur un terrain poussiéreux, sablonneux avec des herbes jaunes.

Un riche passé Il y a longtemps de cela, Oualata était un lieu de passages des caravanes. De vieux manuscrits, des textes islamiques religieux sont rassemblés dans de petites armoires métalliques à tiroir protégées plus ou moins du sable au centre du musée. Ces précieux documents écrits sur de beaux papiers beiges écornés, abîmés par le temps ressemblent aux manuscrits de Chinguetti, calligraphie et enluminures en moins. On remarque le Journal officiel français datant du début du XXe siècle, relié dans un livre en cuir marron, et plusieurs exemplaires du journal Le Monde de 1991, avec à la Une des articles sur Gorbatchev. Un air décalé dans cet endroit au bout du monde.

Tout au long de notre séjour, des "soyez les bienvenus" ont résonné à nos oreilles, qui pour faire visiter une maison, qui pour boire le traditionnel thé préparé avec soin et goûter au bon pain sorti du four ! Attirée par l'odeur de pain chaud, la queue se forme rapidement au pied du fournil au point que, lorsque le boulanger sort les pains par paquet de cinq collés les uns aux autres telles des mini-baguettes, la petite troupe s'apostrophe pour savoir qui sera servi avant l'autre.

Élégance de mise Dès le premier jour des festivités, des dizaines de chameaux aux selles décorées, soutenues par des tapis colorés font la course d'un bout à l'autre des campements. Les hommes, fiers dans leur boubou (draa) bleu, blanc et leur chèche bleu turquoise, bleu ciel, blanc ou noir s'alignent pour la course. Certaines femmes, de leur côté, réunies sous des tentes avec des enfants en bas âge, entonnent des chants dans une joyeuse ambiance. Habillées de couleurs orange, violet, rouge, vert, drapées dans leur melhafa, les femmes sont gracieuses. Le soir, pour assister aux spectacles de chants, de poésie, elles revêtent des melhafa plus beaux encore, dans des tissus qui ressemblent à de l'organza, légèrement transparent, laissant deviner des cheveux retroussés, un bras nu, avec beaucoup d'élégance. Les hommes ne sont pas en reste, qui portent eux aussi leurs beaux boubous, contents de venir se distraire. Et souvent, quand hommes et femmes se déplacent, un instant fugace on sent la fragrance de leur parfum.

Et puis, bien sûr, traditionnellement, les hommes tirent. Ils se sont préparés depuis plusieurs mois pour participer et assister à la compétition d'une activité dans laquelle ils voient le symbole de leur puissance et de leur masculinité : le tir au FM belge et au mauser. Quelque 35 équipes de dix personnes sont présélectionnées dans tout le pays. Chaque parti-cipant tire trois coups et, s'il réussit à détruire des bouteilles vides à 200 mètres, gagne des bouteilles... de mangue. En cas de victoire, c'est un déferlement de louanges chantées par le griot à qui l'heureux élu glisse un billet dans la main pour qu'il continue à vanter ses qualités. Et, bien sûr, les amis se congratulent pendant que l'assistance masculine boit du thé et commente à qui mieux mieux ou conteste les décisions du jury.

C’est dans cette ambiance que s’est tenu ce quatrième festival, qui n’était pas totalement sous le signe de la détente mais que les autorités mauritaniennes et agences françaises et mauritaniennes souhaitent utiliser comme faire-valoir pour faire revenir les voyageurs dans un pays qui recevait 14 000 visiteurs par an, avant la mort de touristes Français fin 2007 et la situation au Mali.

. La chute du tourisme est dramatique, c'est incontestable, pour la survie, y compris économique, des familles mauritaniennes mais la situation géopolitique n'est pas des plus incitatives pour que les touristes reviennent.

< Texte et photos Anne Lohéac (92)
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