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Bretagne : Iles contre "Ils".

Ou quand les touristes perturbent gravement la vie des îles bretonnes.
En tant que professionnel du développement économique du tourisme en Bretagne, j'en mesure aussi les retombées néfastes. Bien qu'il m'ait été plus souvent demandé d'exprimer les aspects positifs du tourisme que ses effets pervers, je ne me dérobe pas à la réflexion en prenant l'exemple des îles bretonnes autour desquelles je navigue régulièrement.
Sauvées du dépérissement par l'essor du tourisme estival, les îles du Ponant (d'Aix à l'archipel de Chausey) risquent aujourd'hui de sombrer corps et biens sous la pression des spéculateurs et des excursionnistes de tous bords !
Nécessairement concentrée sur un espace limité et stupidement restreinte dans le temps, la fréquentation touristique de nos îles engendre à peu près toutes les nuisances qu'on trouve ailleurs sur le monde.
Faudra-t'il instaurer un numerus clausus comme à l'université ? Va-t'on sélectionner (par l'argent ?) l'invité sur l'île ? Faudra-t'il aussi un visa de débarquement ? Que sais-je encore... Les îles bretonnes ont perdu presque complètement leur activité agricole et de pêche. L'explosion du tourisme a tellement dopé le marché foncier et immobilier que les îliens ne peuvent plus construire ni se loger à un prix raisonnable. Le coût de la vie, au large, se trouve majoré de 10 à 20 % selon les produits.
Voilà des conséquences néfastes du tourisme qui accélèrent encore l'exode insulaire. Le travail saisonnier perturbe l'économie et l'équilibre social des îles et l'on spécule sur tout : le climat, la main-d'oeuvre, les stocks de marchandises
L'élimination des déchets ménagers, comme l'alimentation en eau potable posent des problèmes graves. Il faut surdimensionner les équipements publics : poste, transformateurs électriques, etc. Certes les îliens s'accommodent assez facilement de la fréquentation des baigneuses en culotte ficelle portée même au marché le dimanche matin... Les rues étroites de Palais à Belle-île, laissent tout juste passer les grosses berlines allemandes... Nos crêperies ouessantines garnissent les galettes de sarrasin avec une "jelly" made in England... Si tel est le goût de l'estivant....
Justement, parlons-en des relations entre l'autochtone et le visiteur : certains se comportent en fieffés colonialistes qui appliquent sans vergogne le précepte des navigateurs arabes qui bourlinguaient entre la Négritie et la Chine : voyager, c'est vaincre !
Or, c'est oublier un peu vite que si la civilisation des îles bretonnes remonte au moins à l'âge de pierre, leur population engendre aussi des ingénieurs et des agrégés, comme ailleurs. Aussi se fatigue-t'elle vite de la désinvolture ostentatoire des excursionnistes d'un jour, vêtus d'un tricot marin pour faire couleur locale.
La pollution morale, directe ou réactive, me semble plus grave encore que l'inflation qui pèse sur la bouteille d'eau minérale.
Les îliens que je connais et que j'aime finissent par demander de conduire chez eux des voyageurs éveillés et donc respectueux. Pas des masses de tou-tou-ristes profanateurs.
Bien que le tourisme ait été désiré par les îliens et ait sauvé l'économie locale chancelante, aujourd'hui la réalité fait basculer cet essor économique en crise culturelle et morale dont personne ne voit l'issue.
Pour nous, tourisme de masse et tourisme de qualité sont antinomiques. Une fois de plus c'est l'excès qui est nuisible tant du côté de l'offre que de la demande.
- F. M. -





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