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vendredi, 08 août 2014 17:14

Mathieu Le Lay invité au festival des Globe-Trotters

 

"La Quête d'Inspiration - Alexandre Deschaumes Photographies Éthérées" est un film documentaire d’auteur dont l’approche se veut intimiste et que j'ai réalisé en collaboration avec Alexandre Deschaumes.

En tant que réalisateur, je me suis efforcé de comprendre la démarche et la personnalité d’Alexandre pour que le public puisse au mieux entrer en immersion dans son univers qu'il qualifie d'éthéré. Mon travail a été de retranscrire en vidéo les ambiances que l’on peut retrouver dans son travail photo, des ambiances sombres, dramatiques, parfois mélancoliques. Le film s’articule autour de la quête de l’image éthérée, cette recherche constante d’inspiration, en évoquant aussi les pertes d’énergie dues à l’épuisement, aux remises en question, à la nécessité de renouveler son art. C’est tout ce travail autour de l'image en nature dans des conditions parfois difficiles (températures très basses, vents violents) que j'ai souhaité restranscrire au mieux au travers du film.

Tous mes sujets de film émanent de fascinations personnelles. J’ai moi-même été séduit pas le travail et l’univers de ce photographe que j’ai découvert en 2011. Alexandre ne fait pas seulement de belles images, il sait aussi y mettre de sa personne dans son travail. C’est un être solitaire qui se connaît intérieurement, s’est découvert très jeune. Un artiste dans l'âme. Il s’inspire de musiques et autres artistes comme des peintres qui nourrissent ses visions pour composer et sublimer les scènes de paysage dans la nature.

Dans l’élaboration de ce projet, il a fallu dès le début mettre par écrit l’idée du film et mes intentions au travers de sa réalisation. Il était en revanche plus difficile de développer un réel séquencier précisant le déroulement des événements en fonction des lieux que nous allions explorer. En documentaire, la part d’inattendu intervient toujours avec force et constance; le hasard et l’incontrôlable font partie intégrale du scénario et c’est aussi, selon moi, ce qui en fait toute la magie.

Les principales scènes du film se déroulent dans les Alpes (près de chez Alexandre en Haute-Savoie) et en Patagonie car nous avons vécu une immersion d’un mois dans ces contrées lointaines d’Amérique du Sud. D’autres scènes ont été filmées à l’occasion d’un voyage photo en Islande et en Bretagne sur un tournage plus ponctuel sur l'île d'Ouessant, une île que j’affectionne particulièrement (je suis originaire de Bretagne). Mise à part la Bretagne, les destinations et lieux spécifiques ont été choisi par Alexandre car lui-même les avait déjà grandement exploré. Dans les Alpes, ce sont des endroits qu’il connaissait parfaitement à la suite de ses nombreuses explorations solitaires. Pour la Patagonie et l’Islande, Alexandre avait déjà réalisé des séjours photogra- phiques auparavant. Pour les tournages, la Patagonie faisait notamment l’objet d’une expédition inédite de 8 jours, qu’il avait longtemps réfléchi auparavant, autour du Mont Fitz Roy, une montagne mythique située dans le parc national Los Glaciares côté argentin.

Ce projet a été l’occasion de tester du nouveau matériel dans lequel j’avais investi : le glidecam HD 2000, un steadycam qui permet de réaliser des images stabilisées tout en mouvement. C’était l’outil idéal et indispensable pour suivre un personnage évoluant dans les grands espaces sauvages. J’ai aussi expérimenté les rails de travelling aussi bien en vidéo qu’en photo. Enfin, à l'occasion de ce tournage, j'ai pu cadrer mes premières images aériennes avec le pilote de drone Yoann Périé, un bel outil pour rechercher des angles nouveaux depuis le ciel. Cela apporte un plus au niveau du dynamisme et de grandeur aux paysages traversés.

Au niveau des conditions de tournage, nous avons porté des charges de plus de 30 kg pendant l'immersion d'un mois en Patagonie. C'est trop. Beaucoup trop. Les lanières des sacs cisaillaient nos épaules, on boitait à la fin de chaque journée. C’était assez fou de notre part de penser que nous pourrions amener tout ce matériel sur les hauteurs, en traversant pierrier et glacier. De ces expériences, nous en avons tiré les leçons par la suite.

J’ai travaillé de nombreuses heures pour trier la quantité d’images ramenées des tournages, puis pour prendre certaines décisions que nous avions l’habitude de prendre à deux devant le banc de montage. Le film monté comme il nous convenait durait 55 minutes, soit trois minutes de trop pour la livraison d’un 52 minutes aux diffuseurs télé. Enlever trois minutes à ce moment-là fut très difficile... L’enregistrement de la voix-off par Alexandre était aussi un exercice peu évident pour quelqu’un qui n’est pas habitué à poser sa voix en studio.

Il me semble aussi important de préciser que la réalisation de ce film s’est effectuée avec très peu de moyens en production. Il y a une part d’investissement personnel qui n’est pas négligeable pour pouvoir réaliser ce film.

Les nombreux retours autour du film que nous avons reçu sont très agréables. On sent que le public est transporté dans l'univers éthéré du photographe, dans sa quête de l'image, avec toutes les difficultés rencontrées, et que cette notion d'inspiration parle à chacun d'entre nous, peu importe finalement si nous sommes photographes ou pas.

Carnet de terrain dans les contrées sauvages d'Amérique du Sud.

Nombreuses sont les personnes à s'imaginer la Patagonie comme étant de vastes contrées sauvages aux couleurs éclatantes et resplendissantes, notamment à l'automne lorsque les feuilles des arbres virent du vert au rouge avant de faner. Ces paysages, nous avons eu la chance de les côtoyer pendant un mois. Au cours de ce voyage à l'autre bout du monde, la Patagonie aura toujours suscité en moi de vives émotions... J'en ressors encore bouleversé.

Nous avons ainsi choisi l'automne pour explorer la Patagonie, avec ses terres de tous les extrêmes. Un mois pour se donner le temps d'errer sur les sentiers autour du Mont Fitz Roy (Argentine) et ceux des Cuernos à Torres del Paine (Chili), deux lieux stratégiques dans la quête d'Inspiration d'Alexandre Deschaumes. J'espérais un déclic pour le photographe pendant ce séjour dans le renouvellement de son art et ses récentes remises en question. Je pense qu'à plusieurs reprises, il a pu être inspiré comme je l'imaginais, malgré parfois aussi des passages plus délicats à vivre qui font partis de l'aventure.

Du côté d'El Chalten (Argentine), nous envisagions le tour du Fitz Roy en se donnant 8 jours, notre objectif numéro 1 car ce tour est très engagé et nous permettrait de découvrir des lieux insolites pour les prises de vue vers cette montagne géante qu'est le Fitz Roy. Nous sommes partis chargés, trop chargés. Pas moins de 30 kg répartis sur le dos et autour de la taille dans les sacoches photo. Dès la première étape, nous ressentons la douleur provoquée par cette charge irraisonnable, les bretelles des sacs nous cisaillent les épaules... Les pauses sont courtes mais agréables. Nous essayons au mieux de contempler le paysage que nous traversons mais les charges trop importantes gâchent un peu ce plaisir. Dès la seconde étape, le tour s'avère décisif puisque nous devons franchir le col du Paso Marconi, terrible glacier avec un total de 1200m de dénivelé sur l'étape. Nous pensons arriver en fin de journée...

Alors que nous avons entamé l'ascension sur le glacier, un des crampons d'Alexandre cède et vient nous stopper net dans la montée alors que nous approchons enfin du col à franchir. Le franchissement du col est redoutable et François, notre guide, parti en repérage ne peut que constater l'impossibilité d'assurer un total de 5 personnes à lui seul. Le constat est dur à encaisser : un crampon brisé en deux, des charges trop lourdes, un seul guide pour un passage aussi délicat... C'est déjà la fin de l'expédition. Depuis des mois que nous y pensions... nous devons déjà faire demi-tour et retourné au camp précédent avant que la nuit tombe et que nous restions coincé au milieu de cette nature extrême qui ne cesse de se déchaîner par ces vents violents qui soufflent en rafales. Dans la noirceur extrême de la Playita, Alexandre parle dans son dictaphone, se confie et raconte l'échec du tour du Fitz Roy; il essaye de comprendre ce qu'il s'est réellement passé et surtout pourquoi les événements ont tourné ainsi.

Malgré cet échec sur le tour du Fitz Roy, nous avons planifié d'autres treks, moins engagés, mais tout de même... De longues heures de marche nous attendaient à nouveau, un peu moins chargés que sur le tour. C'est donc l'esprit plus léger et avec des fourmis dans les jambes que nous avons repris la marche dans ces immensités désolés. Je ressens très vite l'excitation d'explorer des endroits hostiles et impressionnants, même si dans un coin de la tête je redoute un retour précoce d'une douleur au genou gauche survenue dès les premiers jours de l'aventure. J'essaye de ne pas y penser pour profiter pleinement de ces instants qui s'offrent à nous.

Les forêts et couleurs d'automne sont merveilleuses. Les paysages devant nous sont d'une extrême beauté. Aussi bien les Cuernos que le Mont Fitz Roy se dressent au-dessus de nous tout long du parcours et nous marquons quelques pauses pour contempler ces montagnes agressives et oppressantes. Drôle de sensations et de sentiments lorsqu'on se retrouve seul, juste en-dessous de ces montagnes. Des nuages les recouvrent très souvent entièrement, mais lorsque le ciel se dégage, le spectacle est grandiose. A l'aube et au crépuscule, nous avons pu vivre des moments où la lumière était magique, presque irréelle. Je crois que c'est ce retour à l'essentiel au cours de ces tournages qui m'aura le plus marqué.

Tout au long de cette aventure d'un mois en Patagonie, mon travail consistait à tourner des séquences pour le film. Je me suis donc focalisé sur Alexandre et son interaction avec la force des éléments. Nul doute, la Patagonie est l'un des endroits rêvés pour évoquer l'homme face à la puissance des éléments naturels. Des rafales de vent soufflaient en permanence accompagnées de pluies quasi torrentielles.

On a souvent vécu des moments magiques, presque irréels, où la stimulation qui entraîne la création prenait de plus en plus d'ampleur. Depuis le mode Live View de mon boîtier, je me laisse souvent guidé par la lumière, attiré par la force des éléments, bercé par le moindre mouvement, fasciné par l'homme évoluant dans ces environnements hostiles.

On a aussi frôlé des images rêvées. Il ne manquait parfois pas grand chose et un rien nous échappait. Le soleil se lève sur les Cuernos. C'est l'excitation de part et d'autre avec Alexandre. Il a fallu faire vite, surtout ne pas traîner. Assurer au moins une prise de vue, une séquence filmée, au moins un plan de cet instant où la lumière fut magique. Alors on se dépêche, la magie des lumières ne dure jamais bien longtemps. Nous savions éperdument qu'à cet instant précis du voyage, nous étions en train de vivre un des moments les plus marquants,

Chaos.
Tout élément terrifiant est, au plus profond, une chose impuissante qui réclame notre aide. Source de vie, le chaos est rempli d'espoir parce qu'il annonce une renaissance. On dit aussi paraît-il que du chaos naît une étoile...

Mais imaginez-vous, un instant, plongé dans ce néant tumultueux, un espèce de vortex incompréhensible, le désordre général au point de perdre tout repère, affrontant les vents tempétueux soufflant à plus de 100km/h, avoisinant même les 150km/h... Constamment déséquilibré et balancé de plein fouet, chaque pas devient alors un effort considérable pour lutter et avancer face à ce déchaînement. 

Nous sommes dans la montée vers le Lago de Los Très (Patagonie, Argentine) où nous espérons passer la nuit juste devant le Mont Fitz Roy. Mais ici, dans la montée vers le lac, les quarantièmes rugissants se faisaient de plus en plus violents, s'abattant sur nous avec force et constance. Quasi surnaturel... Parfois même, cette effroyable sensation de lâcher prise avec le sol... Il arrive que les pierres se mettent à rouler, la neige se soulève avec furie, les visages s'engourdissent... C'est assez terrifiant.

Dans cette montée inoubliable, je voulais surtout à tout prix filmer Alexandre dans des conditions chaotiques. Il arrive heureusement que les rafales se calment. A l'abri derrière un rocher, j'ai pu sortir le matériel vidéo, puis tourner quelques images... trop rapidement, voilà déjà la prochaine déferlante de vent et de neige qui arrive droit sur nous....... C'est le chaos.

Alexandre est un artiste, aussi bien bon musicien, qu'excellent photographe. Il dépeint les paysages du monde avec une vision onirique et artistique.

On découvre dans ce documentaire son travail et sa personnalité atypique. Ce qui m'a touché et ce que j'ai trouvé le plus frappant de ce qu'il en ressort de ses images, c'est l'atmosphère et l'ambiance que chacune d'entre elles révèlent. La composition, la lumière, l'angle de prise de vue, tout a été réfléchi avec minutie. L'image est sublimée à sa manière. Et pourtant, une fois qu'on l'observe sur le terrain, le temps d'exécution d'une photo est parfois très rapide. On le voit courir partout, dans tous les sens, les lacets défaits, sur les crêtes des sommets, à la recherche de la belle lumière qui, on le sait tous quand nous faisons un peu de photographie de paysage, ne dure jamais longtemps.

Une vraie collaboration avec un photographe

L'avantage dans les tournages de ce film, c'est que nous avons tous les deux utilisé exactement le même matériel pour filmer (boîtiers photo Canon 5D Mark II & III). Alexandre a activement participé au cadrage des images sur le terrain, travaillant ensemble sur les ambiances obscures et la lumière. L'idée était d'obtenir le rendu photo de ses images en vidéo. Pour cela, il a fallu que j'adapte certains procédés techniques pour parvenir à ce rendu d'images propre à Alexandre. Il fallait prendre le temps de concevoir quelques mises en scène, il était très sollicité et disposait en conséquence de moins de temps pour photographier. Si ce film est aujourd'hui ainsi, c'est grâce à cette collaboration entreprise tout au long d'une année intense de travail. C'est sans doute cette alliance qui fait aujourd'hui toute la force de ce projet.

"La Quête d'Inspiration" offre ainsi un mélange de nos deux regards sur la nature et particulièrement la montagne, notre terre de prédilection. Une année intense de passion et de dévouement, un travail quasi-quotidien pour que ce film puisse enfin aboutir et voir le jour. De la Bretagne, ma région natale, à la Patagonie, en passant par l'Islande et les Alpes, on aimerait toujours aller encore plus loin, plus haut, poursuivre encore un peu plus l'aventure… mais… comme tout, il a bien fallu s'arrêter. Nous nous sommes consacrés corps et âme à celui-ci et espérons ainsi à l'avenir renouveler cette expérience depuis nos évolutions respectives. Les idées nouvelles d'explorations ne manquent pas…

< Un DVD et un téléchargement HD du film
Un coffret double-DVD est en vente sur nos sites Internet respectifs (rubrique films). Le contenu est relativement important (près de 300 minutes de vidéo). On a souhaité montrer tous les à-côtés avec les coulisses de la réalisation du film, les moments de galères, les chutes, les moments de partage en équipe et bien d’autres aspects encore.
http://www.mathieulelay.com/films/alexandre-deschaumes-quete-inspiration/

 

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