Le parc national Los Alerces est magnifique. Sur une soixantaine de kilomètres, la piste longe des lacs et des forêts de feuillus. Ce sont de véritables montagnes russes, et comme je le découvrirai ensuite, ce type de relief ne me quittera plus jusqu´à la fin de la carraterra austral, soit 1200 kilomètres plus loin.
Après avoir campé dans un camping désert à l´entrée sud du parc, avec pour seule compagnie un cheval, j´ai roulé vers la frontière chilienne à Futaleufu où j´ai rencontré Mario mon premier camarade cyclotouriste. Roulant vers le nord, il m´a dressé un topo de tous les cyclistes que j´allais croiser ou dépasser dans les prochains jours ! Le troisième soir, j´ai dressé ma tente sous un préau, à côté du stade de foot de tout petit village de Villa Santa Lucia. Peu de temps après est arrivé Heinz, cycliste allemand de 48 ans. Alors que je lui demandais des informations sur les temps de parcours, il m´a clairement expliqué que nous ne jouions pas dans la même catégorie : lui faisait tout cela pour le sport, moi pour le voyage. Il roule en moyenne 120 kilomètres chaque jour. Il parcourt 2700 kilomètres par mois, alors que moi, j´en fait rarement plus de 1800. Puis il m´a demandé, ou presque ordonné, de lui faire à manger. Il ne possédait ni réchaud ni popotte. De toute façon m´a-t-il dit, "je ne sais pas cuisiner". Comme je lui ai demandé comment il faisait chez lui, en Allemagne, il m´a juste répondu : "Maman cuisine".
Cependant, il a tout de même proposé d´acheter les ingrédients. J´ai cuit du riz et des saucisses pendant qu´il s´attaquait à ses premières canettes de bière. Puis il a attaqué une bouteille de vin. Il m´a expliqué qu´il détestait le camping et qu´il dormirait mal. Il n´avait donc rien à faire de mieux´selon lui, que de boire un maximum. La première bouteille terminée, il s´attaqua à du vin en brique. Et je peux vous garantir que ce soir là il dormait plus vite que moi et ronflait toute la nuit dans son sac de couchage, sans même avoir monté sa tente. Le lendemain matin, il partait pour faire sa performance quotidienne.
J´étais heureux de donner mes premiers coups de pédales sur la carraterra australe à Villa Santa Lucia. Elle est mythique chez les cyclistes car cette piste traverse des paysages vierges et peu peuplés. Elle a été construite par Pinochet mais n´a atteint son terminus, Villa O´Higgins, qu´en 1999. Il me reste encore 600 kilomètres aujourd´hui pour arriver au bout de cette route. Lors des migrations des oiseaux, les ornithologues se postent dans des couloirs stratégiques où passent tous les oiseaux migrateurs. Des cols par exemple, qui sont des passages obligés. La carraterra austral représente la même chose pour les cyclistes migrateurs. Certains voyagent depuis des mois voir des années, parcourt des milliers de kilomètres de routes variés, mais ils se retrouvent tous finalement sur cette piste chilienne, la seule alternative à la pampa argentine ennuyeuse.
En une seule journée sur cette route australe, j´ai rencontré plus de cyclo-voyageurs qu´en presque trois mois de voyage en Argentine et en Bolivie. Pour commencer, j´ai rencontré Alexandra et Juan. Elle est allemande et lui espagnol, ayant vécu une année à Strasbourg. Très sympathiques, nous roulerons trois jours ensemble. Rouler ensemble ne signifie pas rester collés les uns aux autres. Chacun va à son rythme et on se retrouve pour les pauses, on se croise, on se dépasse, on se redepasse, pour finalement finir l´étape, camper et manger ensemble le soir. Et cela est très sympathique, cela rend les derniers kilomètres moins éprouvants.
Sur la piste, nous avons aussi rattrapé un couple de Strasbourg. Nous étions alors 5 alsaciens sur cette piste perdu du Chili. Un peu plus loin, nous avons fait une pause avec un couple d´allemand. On était en fin de journée et le soleil avait tapé fort. Dans ses sacoches, l´homme transportait deux packs de six bières. Ah, le savoir vivre allemand ! Après une journée de vélo, 90 kilomètres sous le soleil, une petite bière, c´est de l´eau bénite. Nous étions donc là à sept cyclistes partageant un apéritif au pied d´un glacier, dialoguant sur les voyages mais aussi sur la meilleure manière d´exterminer les taons qui nous harcelaient (surtout dans les montées, les lâches).
J´ai revu aussi Ursula et Alain, déjà croisé un mois plus tôt à Villarica. Voilà un jeune couple de retraité qui sont parti pour trois ans de vélo quelques jours seulement après la fin de leur vie "active". Terme complètement faux car leur vie est encore très active. Après ces trois ans de voyage en Europe et en Asie, et un petit retour chez eux, ils sont repartis pour plusieurs mois en Amérique du sud. Leur énergie et leur fraîcheur rayonne : la curiosité et l´envie ne diminue pas fatalement avec le temps. Je vous conseille de faire un tour sur leur blog : http://ursalain.blogspot.com/
Vous devez remarquer que je parle peu des Chiliens que je rencontre en chemin. C´est très simple : j´en croise peu. Je traverse en moyenne un petit village par jour. Les gens n´y sont pas très bavard et les commerçants rarement sympathiques. Pour exemple, avant hier soir, une famille a refusé que je plante ma petite tente sur le pré de plusieurs hectares entourant leur ferme. Je leur ai expliqué que j´avais déjà roulé presque 90 kilomètres, qu´il se faisait tard et qu´il commençait à pleuvoir. Mais rien à faire, ils m´ont dit d´aller voir ailleurs, en acceptant de me donner comme eau, uniquement de l´eau croupie ! J´ai donc poursuivi ma route, route longée de barrières, pour finalement camper à côté d´un restaurant où le propriétaire m´a accueilli.
Ce matin j´ai changé d´hôtel car la femme restait en permanence sur mon dos. Pour utiliser la cuisine commune, il fallait payer 4 euros en plus du prix de la chambre. Pourquoi pas... Mais payer en plus 1 euros pour l´utilisation des couverts, et payer pour remplir une bouteille d´eau froide, non, je ne peux pas accepter ça. Sacré hostel Maria Ester à Coihaique, où l´on dit de payer avant de dire bienvenue.
Peut être est-ce le climat rude ou l´esprit pionnier qui rend les gens un peu fermés. Bien sûr, ce n´est pas une généralité et certains sont chaleureux et accueillants. J´ai pris mon repas de midi sur une place de village au moment de la sortie de l ´école. J´ai été aussitôt entouré de dizaines d´enfants. Une belle occasion pour les faire chanter... Malheureusement, eux n´étaient pas de cet avis. Ils préféraient toucher voir même ouvrir les sacoches que donner de la voix. L´un d´eux a tout de même esquissé une mélodie. Enfin, pour mélodie, une imitation de boîte rythmique, que l´on entend dans le rap américain.
Les vacances d´été débutant aujourd´hui, je crains qu´il ne sera difficile de glaner des chansons. On verra bien quelles surprises me réserve la route. A défaut de comptines, j´écouterai le chant des oiseaux qui s´ébattent dans les prés immenses couverts de fleurs jaune, violettes ou blanches....
Raoul Jehl
Cuando voy por la Quebrada
L’Atacama est essentiellement connu pour sa partie chilienne, son désert parmi les plus arides du monde, son salar, ses lagunes et ses flamants roses, son ciel d’une pureté absolue attirant les astronomes du monde entier. Justement ce matin au lever, nous avons pu observer une dernière fois la Cintura Cosmica del Sur, ce ciel tellement rempli d’étoiles qu’il en est presque blanc tandis que l’absence d’humidité empêche le paysage de se couvrir du blanc de la gelée nocturne quand la température avoisine les -10° C.
Blanc et bleu profond du ciel, ocre foncé des roches, couleurs dominantes de l’Atacama chilien que nous venons de quitter pour gagner la partie argentine et la Quebrada de Humahuaca où les couleurs dominantes seront plutôt le rouge, l’ocre havane et le bleu. Avant de verser vers la vallée de Humahuaca, la route est encore longue et descend doucement depuis le col de l’Abra de Pacana à 4 750 m d’altitude, point culminant du franchissement des Andes dans la région de la Puna de Atacama, terme employé au pays du Che et des gauchos.
Puis vers 3 400 mètres la route semble flotter dans les airs, pourtant nous n’avons pas abusé de chicha ni de feuilles de coca, est-ce le vent hurlant sur l’Altiplano qui ferait voler le mince ruban de bitume ? Non, tout simplement nous approchons des Salinas
Grandes, immense salar que nous allons traverser.
Certes les Salinas n’atteignent pas la taille du Salar d’Uyuni en Bolivie mais elles y ressemblent grandement. Ici tout est blanc, tout est sel. Le sol, composé de damiers bordés d’une fine croûte de sel, est d’une blancheur immaculée. Seuls les petits tas, amassés de loin en loin par les travailleurs exploitant ces ressources depuis l’époque inca, rompent la planéité absolue du paysage. Paysage qui bien vite retrouve son aspect tourmenté à la Cuesta de Lipan, où après un nouveau passage à plus de 4 000 m sous les yeux de nombreux troupeaux de vigognes et de lamas, la route plonge… non vers l’enfer mais vers la vallée multicolore de la Quebrada de Humahuaca où le rouge va dominer sous le ciel azur. Bien d’autres couleurs vont s’inviter à Purmamarca, petit village touristique au pied de la célèbre Montagne aux sept Couleurs. Trop touristique d’ailleurs, il semblerait que tous les vacanciers argentins de Buenos Aires s’y soient donné rendez-vous !
La Quebrada de Humahuaca. Aucune place d’hôtel pour nous… “dis Papa où va-t-on dormir ?”… un peu plus loin et tant mieux, car nous découvrirons ainsi le tranquille petit village de Maimara au pied de la Palette du Peintre, merveille minérale multicolore à dominante rouge marquant l’entrée dans la Quebrada de Humahuaca. Maimara où dans un petit restaurant vient se produire ce soir-là un groupe amateur nommé Tarpuy, “semer” en langue quechua.
Nous allons très vite nous lier d’amitié avec Humberto et Wilfredo, fiers de nous faire découvrir la musique andine de la Quebrada, leur vie simple tournée vers la musique et les traditions, amoureux de leur vallée chantée dans leur premier CD, Omahüaca Soy. Les jours suivants nous converserons longtemps dans leur modeste atelier où ils fabriquent et réparent charangos, quenas ou zampoñas, rêvant d’ouvrir une école de musique pour les enfants du village où Tarpuy pourrait ainsi semer les graines musicales indispensables à la préservation de la culture andine remplie de traditions de cette région reculée. Lorena et Mayana vont être des élèves attentives d’Humberto, recevant une initiation à l’art de souffler le juste son dans différents types de flûtes de Pan, instruments dont la musique est en parfaite harmonie avec les paysages majestueux de la Quebrada de Humahuaca. Plus tard, en descendant la Ruta 40 vers le sud, tournant le dos à la Quebrada, nous penserons souvent à nos amis musiciens, si chaleureux, si humanistes, nous remémorant la musique de Cuando voy por la Quebrada…
Jean Marc Fiton.
Croisière dans les canaux de Patagonie
Une échappée belle aux confins du continent sud-américain, dans un dédale de fjords et glaciers, au coeur du royaume des vents.
Une région mythique pour les voyageurs et les navigateurs.
Parti du coin de ma rue à Saint-Laurent-du-Var, quelques heures d’avion me projettent en Tierra del Fuego, “el fin del mundo” ainsi que l’appellent les habitants d’Ushuaia.
Peuplée d’environ 64 000 habitants, c’est la ville la plus australe du monde.
Ushuaia, la bien nommée, tire son nom d’un mot yamana qui signifie “au fond d’une baie ouverte à l’ouest” (ushu = au fond, waia = baie ouverte à l’ouest). Une ville qui a vite grandi depuis l’essor des croisières touristiques en Antarctique. Les passagers arrivent directement en avion et prennent le bateau pour le grand Sud.
Les sommets environnants, encapuchonnés de quelques centimètres de neige fraîche, gardent la ville et nous rappellent que l’hiver elle se transforme en station de ski reconnue dans le monde entier.
Dans cette région, le climat est identique à celui de Reykjavík en Islande, et c’est sous une immuable pluie fine et froide qu’un taxi me conduit au ponton Afasyn où nous attend le voilier.
C’est le point de départ de notre croisière d’expédition sur les mers australes. Passage du cap Horn et découverte des glaciers de la cordillère Darwin dans les canaux de Patagonie chilienne. Après nous être acquittés des formalités administratives de sortie du territoire argentin, nous appareillons pour Puerto Williams.
Les cales du voilier sont remplies à ras-bord. Les réservoirs d’eau douce et de fuel sont pleins, les équipés sont saturés de nourriture pour un mois de complète autonomie. Dès le canal de Beagle, nous sommes cueillis par des vents d’ouest de 30 noeuds.
Ici, le vent souffle avec violence presque inlassablement. Le voilier tangue d’un bord sur l’autre, les moments passés à la barre créent nos premières émotions. C’est dans une crique de Puerto Williams réservée aux voiliers que les oiseaux viennent saluer les nouveaux arrivants.
Le ponton du yacht club de Puerto Williams n’est autre que le Micalvi, ce petit cargo allemand qui débuta sa carrière sur le Rhin dans les années 1920. Vendu au Chili, il finira sa route en 1962, transformé en bar du bout du monde.
Certains soirs le vieux bateau se remplit de grands rêveurs des confins fuégiens, et l’ambiance vaut le détour. Les équipages, qui ne l’ont pas connu à flot et qui rentrent d’Antarctique, racontent avec force détails leur retour dans le Drake. Quant à ceux qui partent, ils parlent de leurs angoisses de ce passage tant redouté des marins.
Ces soirées sont copieusement arrosées de Pisco, eau-de-vie de raisin, accompagnée de glace, citron et sucre. Dehors, il pleut.
Le lendemain, soleil généreux, ciel bleu, mer plate et calme absolu. Seuls des albatros, profitant d’un léger souffle de vent, planent en un vol silencieux autour du bateau. De nature curieuse, ils viennent fêter notre passage du cap Horn. Grand moment d’émotion que de contempler cet austère rocher du bout du monde, haut de 425 m, là où se rencontrent les océans Pacifique, Atlantique et Austral, lieu de tant de récits et de légendes.
Nous faisons halte à Puerto Toro avant notre retour dans le canal de Beagle, en direction de la cordillère Darwin. Petit port de pêche chilien situé sur l’île Navarino, Puerto Toro est le peuplement continu le plus austral du monde. Lors de la saison de la pêche de la centolla, une espèce locale de crabe royal (Lithodes santolla), la population culmine à une centaine de personnes.
Sa capilla San Pedro Pescador, aux murs jaunes et au toit bleu, est considérée comme l’église la plus sud au monde. Nous continuons notre échappée aux confins de la terre par la remontée vers l’ouest du canal de Beagle. Le temps est très changeant dans la journée. Le ciel est noir de nuages, les vagues recouvrent le pont, les embruns nous giflent le visage, le froid cingle nos mains mouillées. Nous tirons des bords dans le canal et passons d’un côté à l’autre de la frontière Argentine- Chili.
Direction le fjord de Yendegaya, où vivent José et Anémie entourés de leurs chevaux. Étape atypique dans ce circuit des glaciers pour les passionnés et les amateurs d’équitation. Alors que le voilier reste ancré face aux maisons rustiques de l’estancia, José le gaucho chilien et Anémie, d’origine belge, sont nos guides pour remonter la vallée jusqu’au glacier Yendegaya.
Une journée de cheval est nécessaire pour faire l’aller-retour dans ce vaste territoire parsemé de rivières glaciaires. Ce matin, le vent est quasiment nul. Une étape de navigation motorisée nous emmène calmement vers le fjord Pia.
Commence pour nous la chasse aux belles images des fleuves de glace bleutée. Dévalant sur plus de 1 000 m les monts Français et Italien, les glaciers terminent leur vie dans les eaux tumultueuses du Beagle. La passe d’entrée est animée par des dauphins qui nous guident au travers des falaises titanesques du fjord. Nous nous frayons un passage entre les blocs de glace à la dérive. La glace vient frapper la coque en aluminium du voilier. On ne peut venir ici, ni par la terre, ni par les airs, seulement par la mer, via le Beagle et le labyrinthe de ses fjords.
Sous un soleil de midi éblouissant apparaît enfin la montagne de glace aux centaines de tonalités de bleu irréelles. Un bloc de glace vêle dans un vacarme étourdissant. Tout au long de ces journées, nous découvrons les superbes sites de la cordillère Darwin et de l’île Gordon, coeur d’une nature insolite et hostile frappée par les vents. Nous enchaînons les Caleta Beaulieu, Bahia Tres Brazos, Caleta Cinco Estrellas, Estero Fouque et bien d’autres merveilles de cette partie occidentale du Beagle.
Nous pénétrons dans cette nature encore préservée, sous les couleurs chaudes du crépuscule, alors que les glaciers de la Terre de Feu s’embrasent sous les derniers rayons du soleil. Le mouillage forain dans les eaux calmes de la Caleta Coloane, sur l’île Hoste, nous offre une nuit sereine. Sacs à dos légers, nous atteignons, par une sente à guanaco, un petit lac glaciaire situé sur les hauteurs de la Caleta. Merveilleux point de vue panoramique sur la cordillère. À chaque pas, nous nous enfonçons dans un sol de mousse spongieuse.
Nous traversons une forêt de hêtres Evergreen recouverts de lichen épais. Dans les cieux peuplés de multiples espèces d’oiseaux et de rapaces, le vol majestueux des condors ravit nos yeux. Je profite de notre dernier passage à Puerto Williams pour partir à la découverte de la Villa Ukika, dernier village yamana, situé sur l’île Navarino.
Les Yamana, nomades amérindiens qui peuplaient la Grande Île de Terre de Feu ainsi que les îles situées au sud du canal Beagle, disparurent au seuil du XXe siècle. Ils furent massacrés par les estancieros (fermiers) chiliens et argentins, qui voulaient étendre leurs terres, ou condamnés par les maladies des colonisateurs occidentaux que leurs défenses immunitaires ne pouvaient combattre. Aujourd’hui, Christina, la dernière descendante de cette communauté, habite à la Villa Ukika.
Je n’aurai malheureusement pas eu la chance de la rencontrer. Ushuaia, Puerto Williams, Puerto Toro, cap Horn, cordillère Darwin, indiens Yamana... autant de noms qui résonnent au coeur des tempêtes, autant de terres lointaines balayées par les vents, cernées par les glaces. Qui plus est, une expérience rendue authentique par le voilier, seul moyen d’accès à ce Bout du
Monde.
Texte et photos Jean-Bernard Pioppa.