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Carnet de route

Arménie orientale

Rêve d'adolescent attiré par le Caucase, région de la Toison d'or... Voyage agrémenté de belles rencontres..

Adolescent, j'ai souvent rêvé devant les cartes du Caucase. J'imaginais les hautes montagnes vertes et les gorges arides, je voulais visiter les austères monastères de pierre et entendre le chant de la Chrétienté antique...
En cette fin d'août 2012, il fait encore 31° C sur les pistes de l'aéroport et il est plus de 20 h.
Erevan brûle encore du feu de l'été.

Armenie4Qu'allons-nous trouver dans ce minuscule État d'Arménie, lambeau du royaume prestigieux qui s'est érigé lorsque l'Empire romain dominait l'Occident et qui fut le premier à devenir chrétien ? La République d'Arménie (Hayastan) enclavée dans ses étroites frontières, contemple sa montagne tutélaire, le Mont Ararat qui atteint presque 5 200 m. L'Arménie historique se situe en Turquie, laquelle n'a de cesse d'en supprimer les traces. Le confetti qui survit appartenait autrefois à la Perse, puis à la Russie, avant de devenir après une brève indépendance, la République soviétique d'Arménie en 1920.

Ce pays, qui fut construit par l'URSS, a failli périr avec cette dernière. Mais l'Arménie est bien vivante malgré les immenses difficultés de l'ère post-soviétique. La vitalité arménienne, après le tremblement de terre de 1988, l'effondrement de l'industrie, la guerre avec le voisin azéri, les déplacements de population, l'a fait renaître. Son coeur palpite au travers des gorges profondes, dans les steppes où paissent les troupeaux, dans ses montagnes de vertige, ses villages poussiéreux et ses monastères grandioses.

Une capitale soviétique agréable.

Armenie5L'Arménie orientale, territoire de la République actuelle, a vu sa population s'accroître avec la fuite devant le génocide organisé en 1915-1916 par "le mouvement des Jeunes Turcs" au pouvoir dans l'empire ottoman finissant. La diaspora constituée des Arméniens ayant pu rejoindre l'Europe et l'Amérique, à l'époque, dépasse cinq millions de personnes très attachées à cette petite république. Son aide indispensable finance les infrastructures. En 1920, les Soviétiques font d'Erevan une capitale.

Les grands travaux dirigés par un architecte du cru formé à l'école soviétique et chantre de l'ère nouvelle, font naître une ville unique en son genre. De grands boulevards arborés dissimulent des immeubles au style soviétique.
De l'art Déco stalinien. Mais le climat, les espaces verts, la vie intense de cette capitale qui rassemble 40 % de la population, la couleur de la pierre volcanique sous le soleil, la rendent agréable. Elle bénéficie d'une vie culturelle intense et ses innombrables cafés offrent des terrasses accueillantes.

Un riche héritage culturel.

Arménie3Situés dans des lieux impressionnants, les monastères valent à eux seuls le voyage. Des églises datant du VIIe s. ont survécu aux tremblements de terre qui éreintent le pays. Noravank conserve mes faveurs : il se dresse depuis plus de mille ans dans un cadre de montagnes orangées. Ses pierres de couleur crème ont tenu vaillamment le coup, mais les moines s'en sont allés. Malgré quelques variantes, au fil des siècles, le style a peu évolué et ces prestigieux monuments ont pu survivre aux hordes mongoles ainsi qu'aux troupes conquérantes de Tamerlan. La spiritualité chrétienne s'y exprime intensément, en pleine renaissance depuis l'indépendance.

De nombreuses cérémonies s'y déroulent dans un faste et une soumission des fidèles surprenants.
Mais les chants, qui datent parfois des origines de la Chrétienté, invitent à comprendre l'âme de cette nation. L'Église arménienne, totalement autonome du reste de la Chrétienté, est omnipotente.

Les rencontres, piment du voyage.

Armenie1C'est sans inquiétude, en dépit de l'état horrible du réseau routier que nous entamons notre périple avec une petite Lada 4x4, louée à Erevan. L'accueil est partout généreux. Victoria, qui rêve souvent de la France, nous a invités chez elle, à deux pas de la citadelle antique d'Erébouni.

La douce Naïra, à Vardénis près du lac Sevan, fait partie du réseau "accueil paysan". Elle loue quelques chambres et prépare de délicieux repas pour ses hôtes. Son mari nous fait traverser la frontière pour une excursion dans les terres occupées du Haut-Karabagh, région reprise par la nature et où les ours sont presque plus nombreux que les humains ! Cette région est bien arménienne, mais Staline l'a donnée à l'Azerbaïdjan.

D'autres rencontres surprenantes se font au gré du périple. La plus étonnante fut celle de quatre Arméniens originaires d'Ispahan à Méghri, le pays des grenades. Ils nous ont raconté leur vie en Iran et Ispahan, merveille des merveilles, où ont vécu des générations d'Arméniens. Seuls les Yézidis, vivant avec leurs immenses troupeaux sur les pentes du mont Aragats pendant la période d'estive, se sont montrés réservés. Ils constituent presque la seule minorité dans cette Arménie et il est vrai qu'avec notre Lada, de loin, nous pouvions passer pour des Arméniens.

Une Arménie rurale. À la chute de l'URSS, l'Arménie prospère grâce à l'industrie d'armement, a presque tout perdu. Les anciens combinats de l'époque soviétique gisent dans la décrépitude au creux des vallées. Alors, 40 % du peuple arménien est revenu à la terre pour survivre.

Certains n'ont qu'un lopin, d'autres possèdent de grands espaces où paissent d'immenses troupeaux de bovins et d'ovins gardés par des bergers à cheval. L'Arménie, c'est déjà l'Asie. La vallée de l'Ararat, inondée de soleil, nourrit de ses légumes et de ses fruits une grande partie de la population. Les maraîchers essaient de les vendre le long de la route.

Ce petit pays n'a pas de débouchés, seules les frontières géorgienne et iranienne sont ouvertes.

Ses voisins sont tous bien plus riches sauf la Géorgie, aux prises avec d'énormes difficultés.

S'il fallait un autre motif pour venir en Arménie, ces légumes, ces fruits, le lait, les fromages constitueraient une bonne raison.
Le plus souvent, la nourriture est "biologique" et la cuisine est bonne.

Aux pieds du mont Ararat, Noé, après le déluge, découvrait un nouvel Éden. Mais l'Arménie ne sera un paradis terrestre qu'une fois débarrassée de ses démons d'aujourd'hui — un nationalisme exacerbé, une élite politico-économique à tendance maffieuse et autoritaire comme dans beaucoup de pays de l'ex-Union soviétique — et l'omnipotence de l'Église devra être contenue. Il y a là-bas des gens et des paysages que je souhaite revoir.

Texte et photos Jean-Michel Loizeau (85)
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