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voyage en Biélorussie

Entre l’Ukraine et le Belarus, le contraste est saisissant. Le pays de nos amis est encore fermé. Loukachenko est le dernier dictateur communiste en Europe, ami de Chavez et en très grand froid avec Poutine à ce moment. Après une embellie, le pays replonge dans la crise.

Depuis quelques années, l’accord entre la Russie et la Biélorussie permettait à cette dernière l’achat de pétrole et de gaz à bas prix, ce qui facilitait son développement, mais cette entente est terminée, suite à un désaccord profond entre les deux chefs d’état. Les conséquences sur l’économie du pays sont sérieuses, sur les entreprises et sur les particuliers. Les prix vont repartir à la hausse. Pourtant, de grands changements ont eu lieu depuis notre dernier voyage, il y a 9 ans : Des magasins privés plus nombreux, des produits en quantité, l’occident présent par ses voitures, ses marques. Dans la rue, un peu plus de gaité, des vêtements plus fun, un début de minijupe. Dans la ville de nos amis, 400 000 habitants, nous découvrons un début de vie nocturne, un quartier jeune avec bars et boîtes de nuit. Et les biélorusses semblent vouloir se réapproprier leur histoire et leur culture, leur passé.

Développement de façade

On a parlé du miracle économique biélorusse. Dimitri avait créé sa petite entreprise et gagné pas mal d’argent pendant plus de 5 ans. Mais aujourd’hui, à cause du différend Poutine Loukachenko, la crise est revenue, et seule la débrouillardise de notre ami lui offre encore quelques rentrées d’argent. Il a investi, notamment dans une superbe maison avec un grand terrain, devenu jardin et potager, qu’il a retapée progressivement et qu’il continue d’améliorer (garage, sauna,…)

« En fait, sur le plan économique, rien n’a changé » nous explique-t-il. « Loukachenko s’est appuyé sur l’accord avec la Russie qui lui a permis d’avoir le gaz et le pétrole à très bas prix, mais il n’a pas ouvert le marché biélorusse à des entreprises nouvelles, et a pratiqué une politique de contrôle et de taxations très élevées. Cela décourage les bonnes volontés, et le niveau de vie des biélorusses n’avance pas » (salaire moyen : 150 euros en 2010). Tous les produits maintenant accessibles restent chers (parfois le même prix qu’en France, voire plus). Qui peut acheter ? Et puis la corruption est présente, dans  la santé, normalement gratuite mais réellement pas, dans les transports… 

Liberté de se taire

Et la parole n’est toujours pas libre. Dans le jardin de nos amis, nous devons parler plus bas si nous abordons des sujets « qui fâchent » ! Dictature du quotidien, dont Dimitri arrive à rire par une pirouette : « l’avantage de la dictature d’Etat, c’est qu’on est sûr que l’alcool vendu en Biélorussie, sous contrôle du gouvernement, est de bonne qualité et pas trafiqué comme il peut l’être ailleurs ». Nos amis ne se plaignent pas, et ne quitteraient pour rien au monde leur pays. Ils savent ce qui se passe à l’ouest, ils ont voyagé pour leurs études, ont été dans les jeunesses communistes quand l’URSS existait encore.

Datcha parentale ou étatique

binary commentAujourd’hui, ils nous emmènent à la campagne, là où les parents de Svetlana ont une datcha, loin de tout, au bout d’un chemin. La datcha appartient en fait à l’Etat, mais ils peuvent en jouir, un reste sans doute de l’époque soviétique. Dans la famille réunie pour l’occasion, les sujets de conversation sont les mêmes que chez nous : Travail, chômage, étude des enfants, santé des proches, et cette année c’est difficile.

En effet les yeux de la mère de Svetlana trahissent son décrochage de la vie, comme si elle partait ailleurs, et revenait sans comprendre où elle revenait. Quelques mouvements de tête, de gauche à droite, rapides et cadencés. Alzheimer,  ce n’est pas seulement la mémoire qui fiche le camp, c’est aussi la cohérence des actions, des pensées, des réactions. Quelque chose qui s’éloigne peu à peu du rivage de la raison, qui se fane comme les fleurs de sa robe, qui se ternissent en même temps que ses yeux si bleus, qui peu à peu deviennent transparents. Et qui s’occupera d’elle quand le père de Svetlana sera hospitalisé, en septembre prochain ? Elle n’est plus autonome, et se met en danger quand elle est seule. Et elle ne sait pas rester en place, toujours à bouger ! « C’est la vie » est l’expression qui revient souvent, pour exprimer que c’est difficile en ce moment.

La Datcha est au milieu d’un petit village, large maison de bois surmontée d’un toit de tôle. L’étage est peint en vert, et de petites cabanes de couleur jaune sont disséminées dans la cour, l’une pour les toilettes, l’autre pour l’eau qu’il faut aller chercher à la pompe. Le jardin déborde de légumes frais. Un cochon circule librement sur le terrain. En contrebas, la rivière, havre de paix et de tranquillité. La température est idéale cette année pour se baigner, mais en faisant attention au courant qui nous emporte si on se laisse faire. Et bien sûr le  bania, sauna commun à tout le village. C’est l’endroit de la sollicitude. Nos amis vérifient à chaque instant que tout va bien au moment de nous fouetter avec une branche de bouleau, car avec la chaleur l’effet est suffocant. Il faut ensuite plonger dans la rivière, revenir se reposer, se laver, se rincer dehors avec de grands seaux d’eau froide sur la tête. Avec la canicule, c’est Byzance !

Voyage culinaire

Le frère de Svetlana vit en Ouzbékistan, et il est de passage à la datcha quelques jours. Pour l’occasion, il nous prépare un plov ouzbek, à base de riz sauté, de légumes et de viande de mouton. En entrée bien sûr, c’est le bortsch froid qui trône dans nos assiettes, préparé par Svetlana en personne, à base de betterave qui lui donne sa couleur rose foncé.

La fin de notre voyage est ponctuée de rencontres avec des amis de nos amis, dans cette grande ville qui sent encore l’URSS et l’ennui car il y a peu à y faire. Des Lada circulent, le temps s’écoule lentement, sous le regard de Lénine, bien présent au centre de la place principale.  

Philippe Masse (76)
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