Dans les steppes kirghizes
En quête d’aventures et de temps forts vécus en famille, nous sommes partis au Kirghizistan avec nos trois enfants de 12, 10 et 7 ans pour une itinérance à vélo de quatresemaines. Une aventure familiale en autonomie, à la rencontre d'une population accueillante, de la culture nomade et des paysages grandioses des steppes d’Asie centrale.
< Retrouvez la famille Lacombe, le film d'aventure sera diffusé au 36e festival des Globe-Trotters, dimanche 29 septembre au Théâtre de Longjumeau (91)
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1. La descente de la rivière Kokomeren : une itinérance au milieu de superbes paysages sauvages et minéraux
Après une visite éclair de Bishkek, nous débutons notre aventure dans la vallée de Suusamyr, avant de rejoindre la rivière Kokomeren. A peine arrivés, nous sommes saisis par l'immensité des montagnes environnantes, dont les formes ondulées et harmonieuses contrastent avec l'aridité des paysages.
Nous nous faufilons rapidement dans l'étroite vallée de la Kokomeren, sur la piste encaissée au milieu de falaises parfois menaçantes mais d'une esthétique qui nous laisse souvent contemplatifs. Les bivouacs se succèdent, et nous apportent un repos bien mérité après des journées à affronter la tôle ondulée qui recouvre intégralement cette piste rugueuse. Ces haltes sont l'occasion de se reposer et de se laver dans une eau de montagne fraîche et vivifiante !
La vallée s'élargit par instant. Les différents plans de montagnes qui se succèdent à l'horizon offrent un panorama à couper le souffle, et nous ne pouvons pas nous empêcher de nous arrêter à de nombreuses reprises pour admirer ce superbe décor. Falaises ocres, montagnes d'une blancheur étonnantes et, au loin, de superbes 4000 m qui nous dominent, imposant leur masse sombre à l'horizon.
La piste met à rude épreuve la mécanique, et un porte bagage finit par nous lâcher, l'acier n'ayant pas résisté au poids des sacoches et aux secousses incessantes liées au revêtement chaotique. Heureusement, grâce aux précieux outils stockés dans nos sacoches, une réparation de fortune nous permettra de rependre la route jusqu'au prochain village, à 2 ou 3 jours de là. Nous rejoignons la vallée de Jumgal, où les paysages somptueux nous accompagnent toujours : vertes prairies cultivées au premier plan, relief ondulé au deuxième, et sommets enneigés au loin. Le superbe panorama ne nous lasse pas : chaque coup de pédale nous offre de nouvelles perspectives et de nouvelles surprises !
Dans ce secteur plus fréquenté, nous rencontrons de nombreux locaux. L'hospitalité légendaire kirghize ne tarde pas à se manifester : nous sommes accueillis un soir chez une famille très sympathique dans le village de Kaiyrma, et les enfants sont ravis de se faire des petits camarades ! Nous en profitons aussi pour découvrir la succulente cuisine kirghize, synthèse des traditions culinaires du Kazakhstan, de la Russie et de la Chine voisine : le résultat est riche et varié pour les papilles ! Ces moments de partage correspondent à ce que nous sommes venu chercher : une culture différente, des modes de vie parfois opposés mais tellement enrichissants.
2. L’ascension et le tour du lac Song Kul : une déambulation au cœur des troupeaux de chevaux et des steppes d'altitudes, à la rencontre de la culture nomade
La suite du voyage nous conduit vers le col de Karakeche, pour atteindre le lac Song Kul. Plus de 1500 mètres de dénivelés nous attendent ! Mais il faut avant tout commencer par nous approvisionner en vivres : nous prévoyons en effet une itinérance en autonomie totale de 6 jours d'affilés avant de retrouver la civilisation de l'autre côté du lac. Nous trouvons une petite épicerie pas très pourvue mais qui fera l'affaire. Nous la dévalisons et chargeons les sacoches : 6 petit-déjeuners, 6 déjeuners, 6 gouters, 6 diners, le tout pour 5 personnes. Cela fait du volume, et nous quittons les lieux les sacoches bien pleines. Il est temps de commencer l’ascension !
Nous trouvons rapidement un kirghize capable de nous emmener à mi chemin jusqu'à la mine de charbon de Karakeche et nous finirons de gravir le col à vélo dans sa partie la plus pentue : la récompense du sommet n'en sera que plus grande ! Le col est là, ça y est ! Après une journée à pousser les vélos, c’est un moment magique qui s’offre à nous !
Nous poursuivons notre route pour descendre dans la cuvette de Song Kul. Les troupeaux de chevaux se prélassent dans les immenses steppes qui nous entourent, l'herbe rase est entièrement recouverte d'Edelweiss, et les sommets enneigés qui nous encerclent rendent la scène féérique. Par moment, un troupeau de chevaux partant au galop ajoute encore à la féérie du moment. Et au loin, le lac Song-kol apparait progressivement, immense ombre tapie au cœur du cirque formé par les montagnes environnantes.
Nous sommes accueillis par Timour, berger nomade dont les troupeaux paissent paisiblement au bord du lac. Nous passons dans sa yourte deux mémorables nuits et nous nous immergeons dans la culture nomade. Conviés à cuisiner avec sa famille, nous confectionnons toutes sortes de pains
kirghizes, participons à la traite des juments et, en soirée, écoutons les chants mélancoliques hérités de la tradition orale kirghize. Un moment inoubliable.
Nous reprenons la route pour gravir le col de Kalmak Ashu et nous extraire de la cuvette de Song Kol. Arrivés à quelques kilomètres du sommet à 3500 mètres d'altitude, une tempête de neige s'abat sur nous et vient blanchir le paysage. La température chute brutalement et nous finissons par trouver refuge dans la tente montée en catastrophe en pleine journée. Tout le monde est sain et sauf, au chaud - l'aventure continue !
Nous dévalons les pistes qui nous mènent jusqu'à Kochkor entre deux averses. Les montagnes ondulées se succèdent, barrant l'horizon de leurs tons ocres, et tandis que nous retrouvons habitations et cultures, nous réalisons que nous revenons peu à peu à la "civilisation" après cette itinérance sauvage.
3. La descente de la vallée de la Tuura Suu jusqu'au lac d'Issyk Kul : immensité sauvage et accueil chaleureux de la population
Depuis Kochkor nous rejoignons le col de Semiz Bel. Nous débouchons dans la vallée de Tuura Suu, superbe corridor sauvage entre les chaines de Tegerek Too et de Terskey Alaa Tuu, formant une vallée parallèle à la rive sud du lac Issyk Kul. Prairies d'altitude à perte de vue, monts enneigés et quelques immenses troupeaux de mouton sont croisés sur la route. Mais pas une habitation pendant plusieurs jours ! La piste très roulante est un régal pour les avants bras et nous ne nous lassons pas de contempler le panorama.
Nous profitons des lieux pour trouver de superbes spot pour bivouaquer et nous rencontrons des familles bien accueillantes. Décidément, cet itinéraire a bien des merveilles à nous faire découvrir. Nous rejoignons la vallée de Kongur Ölöng puis dévalons la pente qui nous ramène progressivement à portée du lac Issyk kul. Quelques fameux cols et routes dégradées nous compliquent bien la tâche, mais la cohésion familiale se forge dans ces instants passés à pousser nos montures !
Nous arrivons un soir dans un petit village auprès duquel nous plantons la tente. Comme notre arrivée tardive ne manquera pas d'être relayée et d'intriguer toutes les âmes du village, je prends les devants en allant me présenter à la sortie de la mosquée. Alors que la nuit est déjà tombée, une nuée d'hommes à longue barbe et djellaba en sortent aussitôt et m'encerclent en quelques secondes ; je leur présente notre aventure familiale. Les regards interrogateurs s’apaisent et se transforment aussitôt en grands sourires, les uns me parlent, les autres courent me chercher des victuailles, et je m'en retourne au bivouac le sourire jusqu'aux oreilles !
4. Itinérance sur la rive sud du lac Issyk Kul : des paysages à couper le souffle et des eaux turquoises pour terminer en beauté notre périple familial
Nous retrouvons la civilisation après quelques jours à parcourir les vallées de Tuura Suu et de Kongur Ölöng. Le lac d'Issy kul nous apparait dans toute sa splendeur et nous accompagnera jusqu'à la fin de notre périple à Karakol. Encadré par deux chaînes de montagnes culminant à près de 4000 m au nord comme au sud, le lac est dominé par des pics enneigés qui contrastent avec ses eaux turquoises invitant à la baignade. Expérience unique.
Nous débutons ce tronçon en longeant le lac sur quelques dizaines de kilomètres d'une piste sableuse totalement épargnée par l'urbanisation. Les nombreuses plages aux eaux cristallines sont un appel au bivouac et à la baignade. L'ambiance est tout autre qu'au bord du lac Song Kol, mais tout aussi attrayante ! Le sable nous impose bien souvent de pousser les vélos, mais après quelques kilomètres, la piste devient à nouveau aisée et praticable pour notre plus grande joie !
Nous explorons en long, large et travers le canyon de Skazka, surnommé canyon de "Fairy tale". Ses tons ocres et ses strates de terre ondulées sont un régal pour les yeux et pour les enfants (petits et grands !) qui explorent et escaladent le site. Les reliefs torturés aux tons ocres au premier plan et la vue sur le lac suivie des montagnes enneigées en arrière plan forment un panorama à couper le souffle.
Notre route se termine à Karakol, ex-ville coloniale sous l'empire de Russie. Ses maisons de bois aux motifs sculptés et colorés, sa cathédrale orthodoxe et sa mosquée chinoise apportent un nouvel exotisme dans ce voyage déjà haut en couleurs.
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Dans les steppes kirghizes, notre petite famille a trouvé ce qu’elle est venue chercher : la découverte de nouvelles cultures, des paysages somptueux et le légendaire accueil kirghize. Mais surtout, nous avons renforcé là-bas la cohésion familiale bâtie autour de souvenirs mémorables, de dépassement de soi et de temps passé ensemble. Un voyage qui restera pour toujours gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs !
Emmanuel Lacombe
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