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Le film Bouzkachi, sera diffusé au 36e festival des Globe-Trotters

< Retrouvez Anne et Pascal avec  le film Bouzkachi qui sera diffusé au 36e festival des Globe-Trotters, samedi 28 septembre au Théâtre de Longjumeau (91) 

Ce qui nous pousse à aller là-bas ? On était certains que l’on finirait par aller en Afghanistan.

Après une semaine passée à sauter d’avion, en 4x4, en bateau, puis en marchant, nous atteignons les portes du Pamir.

Mais tout commence ici, la poussière envahit le 4x4 par les moindres brèches des lambeaux de tôle qui en composent encore la carrosserie, l’atmosphère surchauffée qui règne à l’intérieur nous fait suffoquer, mais nous n’avons pas eu d’autre choix. Cette année les véhicules se sont fait rares , un tremblement de terre ayant coupé le seul axe routier permettant de s’y rendre et créant du coup un nouveau lac.

La négociation avec le chauffeur s’est avérée coriace : il demande le double du prix habituel. Personne ne le comprend, même les locaux prennent notre parti. Après un jour et demi de négociations, il accepte enfin notre offre, mais veut charger sont 4x4 de gros futs de carburant, espérant surement pouvoir les revendre le double sur place. Malgré son insistance nous ne payons que la moitié de la course, on s’acquittera du reste une fois arrivés à destination.

La route est défoncée, les vapeurs d’essence rendent le trajet insupportable, les cols de haute altitude n’arrangent rien. Notre seul souhait : que le 4x4 ne quitte pas la piste, cela ferait un beau feu d’artifice d’autant que nos pneus sont complètement lisses ; ici tout peut se payer cher, même le simple fait de se déplacer.

Le chauffeur, yeux hagards fixés sur la route, essaye d’en déjouer les moindres pièges ; à tour de rôle, on essaie de maintenir un semblant de conversation pour qu’il ne sombre pas dans le sommeil. Nous sommes tous conscients de vivre dangereusement après ces trop nombreuses heures de route. De plus en plus souvent, le chauffeur stoppe devant les ruisseaux descendant les ravines, le temps de s’asperger le visage, pour tenter de laver sa fatigue, avant de repartir de plus belle. Au bout de vingt heures de piste, nous voyons se profiler les faubourgs de Murgab, héritage de l’air soviétique seulement créé pour maintenir une position dans cette zone stratégique, proche des frontières chinoise et afghane.

Le lendemain nous n’en finissons plus de longer les alignements de poteaux électriques sur la Pamir Highway, aujourd’hui de simples pieux hérissés vers le ciel dépourvus de leurs fils électrique, jadis érigés par les militaires soviétiques pour acheminer un peu de lumière dans ce coin reculé ; des milliers d’arbres acheminés ici, une hérésie, aucune forêt digne de ce nom ne poussant à moins de plusieurs centaines de kilomètres.

Encore quelques heures et nous atteignons enfin ce nouveau lac créé par le glissement de terrain. Il scintille d’un magnifique bleu à nos pieds mais, sur ses bords, émergent les toitures des maisons qui se tenaient encore ici il y a quelques jours. Heureusement aucune victime à déplorer. La vie semble même y reprendre de plus belle. Tout un système parallèle est déjà mis en place. Un zodiac de l’Armée nous prend en charge pour traverser le lac, nous laisse un peu plus loin, sur ce qui n’était que des escarpements il y a peu. Nous débarquons au milieu de colonnes d’hommes et de femmes portant enfants, ballots… surtout de quoi maintenir le lien vital entre les deux berges. En contrebas les pelles mécaniques chinoises arrivées la veille tentent déjà d’ouvrir une nouvelle route, et oui, les nouvelles lois de la géopolitique et de l’expansion commerciale n’attendent pas ici non plus.

Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres de Khorog aux portes de l’Afghanistan. Kasim qui était dans le 4x4 avec nous, veut nous chercher un autre véhicule pour passer la frontière. Exténués, nous lui expliquons vouloir camper par ici pour cette nuit. Il nous donne rendez-vous plus tard car il faut qu’il aille chercher de l’eau pour sa famille. Je lui propose mon aide. Chemin faisant, il voudrait savoir pourquoi nous sommes venus ici. Je réponds qu’aujourd’hui nous sommes venus ainsi l’aider à transporter son eau. Il éclate de rire, puis me tend la main et nous invite alors à entrer chez lui.

Quelques jours plus tard, nous quittons la ville de Khorog afin d’aller rejoindre 100 km plus loin le poste frontière d’Ishkashim. Sur notre droite, défile la rivière démontée de l’Oxus avec, sur l’autre rive, les premiers villages afghans qui donnent l’impression de remonter le temps, d’appartenir à un autre siècle. Nous filons toujours et encore sur ces pistes poussiéreuses d’Asie centrale, baignées par une lumière irréelle émanant des sommets enneigés de l’Hindou-Kouch.

Lemonnier 2Ishkashim, poste frontière : deux ponts jetés sur la rivière l’Amou Daria, quelques cahutes. S’il est facile d’imaginer aller en Afghanistan, c’est tout autre chose d’en franchir les portes. C’est la troisième fois pour nous, mais le frisson que l’on peut ressentir reste intact : ce mélange d’incertitude, de crainte, mais aussi d’espoir et d’attente et notre soif d’inconnu qui nous guide.

On se revoit il y a déjà dix ans, assis sur ce même pont, attendant pendant cinq jours le sésame qui nous permettra de rentrer chez nous, après que des heurts sur un fond de trafic de drogue, de règlements de compte et de géopolitique aient verrouillé toutes les frontières juste après que nous soyons entrés sur le territoire Aghan réaliser notre premier périple.

Cette envie d’aller voir de l’autre côté, était née l’année précédente, alors que nous traversions le Pamir tadjik  et longions la frontière afghane à pied durant plus de six jours. Du côté tadjik la route est partiellement goudronnée, les véhicules qui y circulent apportent ce qu’il faut pour améliorer l’ordinaire, et tout y est calme et paisible. Sur l’autre rive, il y a uniquement des chemins de terre, dont la poussière est soulevée  sous le passage des sabots des mules, lourdement bâtées, et des troupeaux de moutons ; nulle trace de voiture, ni d’aucun véhicule. À la nuit tombante, notre rive s’illumine d’éclats dorés aux fenêtres de chaque logis, l’autre berge reste, elle, dans le noir absolu.

Tout au long de ces 300 km, une question n’a cessé de nous bousculer. Comment se pouvait-il que tout soit tranquille de notre côté et que, dans le même temps, sur l’autre berge, règnent le chaos et l’insécurité, décrites par toute les ambassades du monde. Depuis le Tadjikistan, l’Afghanistan paraissait pourtant tout aussi calme et sa population paisible, les enfants que nous apercevions nous faisant même, toujours, des gestes amicaux.

Pour nous, dès lors, il faudrait, un jour allez voir ce pays de plus près. Ce que nous ferons pour la première fois, l’année suivante. S’en suivra un périple de plus de 750 km à pied, une traversée intégrale de ce fameux corridor, qui se révélera être bien plus qu’une remontée de vallées, qui nous donnera l’occasion de nouer des amitiés, de revenir à l’essentiel, et de constater qu’ici les portes s’ouvrent toujours devant l’étranger. « Ici ils donnaient tout, faisant d’eux des hommes d’une grande richesse, parce qu’ils ne possédaient presque rien, et ne désiraient pas davantage. Joseph KESSEL. « Les cavaliers ».

Influencé par ce roman, cette fois, nous sommes repartis  avec l’espoir de pouvoir assister à un de ces Bouzkachi,  ces joutes cavalières célèbres dans toute l’Asie centrale que Joseph Kessel a si bien décrites.

Parcourir ces vallées afghanes se révèlera une immersion pleine d’émotions, de celles qui nous  conforteront au fait que les sens sont de précieux outils, qui servent à nous construire, et qu’il nous appartient de les forger, en allant au-delà de nos préjugés pour pouvoir connaître l’autre, et comprendre et accepter ses différences.

Non, nous le constaterons, un taliban ne se cache pas derrière chaque Afghan.

Anne et Pascal Lemonnier

 

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