You have no items in your shopping cart.

Vous êtes iciAccueil|La vie de l'association|Récits de voyage|La Gran Sabana et la Chute Angel (Vénézuela)
mercredi, 03 septembre 2014 08:59

La Gran Sabana et la Chute Angel (Vénézuela)

Entre savane et forêt tropicale humide, une invitation à percer les mystères du Monde Perdu de Conan Doyle, des tepuis au Salto Angel, cascade la plus haute du monde.

Des paysages époustouflants qui se méritent !

Nous quittons le Brésil par le nord, soit 1 000 km de bonne route depuis Manaus pour entrer au Venezuela par Santa Helena de Uairen, seule “ville” du coin qui s’est développée, il y a une vingtaine d’années, lors du raccordement routier. Nous sommes dans La Gran Sabana. Immense territoire jouxtant la frontière avec le Guyana, préservé pour le moment dans le cadre du Parc de Canaima. Ce sont les indigènes Pemon qui occupent La Gran Sabana, vivant dans de toutes petites communautés très éparpillées.

 

Les géants du Monde Perdu Vastes horizons, solitude, nature foisonnante et originale avec ces étonnants reliefs à perte de vue : les tepuis.

Il y en aurait une centaine. Montagnes plates, tabulaires, comme autant de chapeaux hautsde- forme posés çà et là. Restes rocheux qui ont résisté à l’érosion, émergeant ainsi, isolés les uns des autres. Le plateau supérieur étonne les chercheurs ; on y observe une végétation endémique, unique en son genre. L’accès n’est pas aisé sauf pour le Roraima, l’un des plus hauts, culminant à 2 700 m. Site de référence, il est le premier à avoir été exploré par les naturalistes, il y a plus de cent ans. Le dépaysement est total dans La Gran Sabana. Les canyons, rivières et cascades sont nombreux, variés, les roches polies par l’eau sont parfois rouge vif, comme à la Quebrada de Jaspe. Les oiseaux sont aussi de la partie. Le territoire de Gran Sabana ne se laisse pas facilement découvrir, même avec son propre véhicule ! Sans doute est-ce la meilleure garantie de préservation. Pas de pistes latérales, de rares sentiers permettant d’accéder aux chutes proches de l’axe nord-sud. Mais pas question de rejoindre la chute Angel, pourtant si proche à vol d’oiseau ! Ce sera une expédition en tant que telle et nécessitant de remonter jusqu’à Ciudad Bolivar, soit 600 km depuis Santa Helena.

Sous le règne de l’humide Une envie de grandes eaux ? Voir la chute Angel ? Un must comme celles du Niagara, d’Iguazú ou de Victoria à la frontière Zimbabwe-Zambie ?

Une curiosité de la nature ? En effet ! Angel n’a rien à voir avec les Anges ! C’est le nom du pilote qui s’échoua en pleine brousse avec son petit avion de quatre places. C’était en 1937.

Jimmy Angel, sa femme et deux compères cherchaient de l’or. Sains et saufs mais perdus, sans balise ni moyens de communication, ils marchèrent onze jours pour rejoindre âme qui vive et finalement revenir “à la civilisation”.

Les chutes découvertes à proximité porteront le nom de Jimmy. Ce sont les plus hautes du monde : 979 m, presqu’un kilomètre d’eau tombée du sommet de ce tepui devenu célèbre, l’Auyantepui.

Rejoindre ces chutes requiert l’usage de plusieurs moyens de transport : un coucou décolle de Ciudad Bolivar vers Canaima, dans le parc éponyme. Pas de sentier, il faut prendre la pirogue. Une communauté indigène gère la suite du périple : quatre heures de pirogue pour remonter la rivière au fort débit. Le paysage sauvage est splendide, la végétation intense.

Les passagers sont déposés à deux reprises pour effectuer un trajet à pied évitant ainsi deux rapides dangereux. L’accès au campement nocturne se poursuit à pied. La forêt bruisse d’animation et dégoutte d’humidité.

Les arbres sont très hauts, les racines enchevêtrées et glissantes. Une vraie sensation de forêt primaire. Trois ou quatre zones sont dédiées à l’accueil des groupes. Coin cantine, coin dodo, tout est sommaire, humide, peu de lumière filtre entre les arbres. Les uns accrochent leur hamac tandis que les autres chercheront le sommeil sur les couchages en planches. Au petit matin, abandonnant le hamac ou la planche, un casse-croûte vite avalé, direction le sentier d’accès aux chutes. Le trajet n’est pas long : en moins d’une heure, il amène près des chutes, pas à leur pied. Les voir en entier nécessite du recul et un cou souple ! C’est une coulée centrale sertie d’une brume légère, une tranchée blanche dans un écrin de verdure intense, un jet continu dans l’immobilité de la forêt. Les nuages jouent à cache-cache, masquant parfois le haut de la chute, seule la base reste enflée, continue, indifférente à l’amont.

Suivre une goutte ? Observer les rebonds ? Deviner la vitesse de l’eau ainsi libérée ?

Accompagner du regard ? Fermer les yeux ? La chute ne chute pas, elle dévale en continu.

La fascination est au rendez-vous. Les lieux vous enveloppent. On se sent tout petit, accroupi au pied des arbres, faisant face à la falaise aux eaux jaillissantes. La bruine vient vous rappeler le règne de l’humide. Le bruit de l’eau semble isoler cet endroit du reste de la forêt. Est-on, ici encore, au “bout du monde” ? Difficile de repartir.

La magie de ces lieux perdus en pleine nature opère au plus profond de soi.

Abasourdis par les éléments Sur le chemin du retour, la pirogue profitera du courant descendant.

Sécurité oblige, les deux passages dangereux sont à nouveau franchis à pied. Retour à Canaima, zone déboisée, terre sèche ocre, minicabanons en guise de magasins, à proximité de la piste d’atterrissage. Plaisir de retrouver l’eau et de s’approcher de la chute El Sapo à quelques encablures du bord de la rivière.

La petite pirogue vous dépose sur les rochers bordant la chute, un sentier permet d’accéder au sommet et de passer derrière le rideau d’eau ! Ici, pas de hauteur vertigineuse mais la sensation vrombissante du volume d’eau qui déferle devant vos yeux. On reste accolé à l’abri du rocher, à chercher une posture stable ou à viser l’issue du sentier, un peu abasourdi par les éléments. Ne pas glisser, ne pas perdre ses lunettes, les basiques du moment, on se sèchera plus tard ! Ce n’est pas courant de passer derrière des chutes d’eau, alors profitons-en pleinement avant de reprendre le petit avion en direction de Ciudad Bolivar. Les quarante-cinq minutes du trajet donnent un bel aperçu de l’immensité du Parc et de la diversité des reliefs : canyons, tepuis, rivières, cascades…

Heureux d’y être allés. Cela fera partie de nos coups de coeur au Venezuela, loin, bien loin de l’agitation du Nord et de la côte Caraïbe.

< Texte et photos Élisabeth Roch (69)

Lu 2399 fois

Derniers adhérents en ligne

vkhripouchine   adhabm   limansouria   digrain   pemeriau   jydoyard   admin-cvd   jenivet   pmartin   elpierre   pseveque   opaugam   mabretheau   begouhot   jcdufresnes  
Copyright © 2024 Aventure du Bout du Monde - Tous droits réservés
Joomla! est un Logiciel Libre diffusé sous licence GNU General Public