You have no items in your shopping cart.

Vous êtes iciAccueil|La vie de l'association|Récits de voyage|Les semi-nomades dans les Jailoo (Khirghizie)
lundi, 16 mars 2015 10:45

Les semi-nomades dans les Jailoo (Khirghizie)

PASSAGE DE LA FRONTIERE

Ce samedi 02 Août 2014, en provenance du KAZAKHSTAN, nous envisageons de franchir la frontière pour nous rendre au KIRGHIZSTAN.
Un petit poste frontière, situé à l’extrême nord-est du pays d’accueil en permet l’accès.
Depuis KEGEN, situé à 27 km, une route défoncée difficilement praticable y conduit. Les transports publics sont inexistants. Un fermier ayant, comme à l’accoutumée, livré son lait à la bourgade, accepte de nous prendre à bord de sa veille « LADA », dont l’état nous fait douter d’une arrivée sans encombre à destination.
La vieille « Guimbarde » semble se moquer de cette situation et nous dépose à la hauteur de la ferme, soit à environ 1 km du poste frontière.

Après avoir ajusté nos sacs à dos, sacs à dos contenant le nécessaire permettant de séjourner en autonomie sur les hauts plateaux du KIRGHIZSTAN, nous nous dirigeons vers la frontière.

Les autorités présentes à la sortie du KAZAKHSTAN, surprises de voir se présenter ainsi un couple de vieux bourlingueurs, nous dévisagent d’un air interrogateur, voire même quelque peu suspicieux. Il est vrai que maintenant peu de voyageurs circulent dans ces conditions.

On s’interroge. On observe nos documents avec précision. On nous jette de temps à autre un regard appuyé, curieux. On nous prend en photo. On fouille nos sacs à dos avec minutie. Tout est en règle. Autorisation nous est enfin donnée de poursuivre notre progression.
Arrivés au poste frontière du KIRGHIZSTAN, le même scénario se reproduit. On a droit à nouveau à la fouille de nos sacs à dos !

Quelques questions nous étonnent : « un véhicule vous attend-il après la frontière ? ». La réponse est bien évidemment « non » - « 12 km de route complètement défoncée sont à parcourir, il n’y a pas de moyen de transport public et avec vos sacs sur le dos… ».

L’œil interrogateur, les autorités consentent à nous laisser pénétrer sur le territoire du KIRGHIZSTAN.

Leur regard ne se détachera de nous qu’après que nous n’ayons parcouru quelques dizaines de mètres.

D’un pas décidé, sous un soleil de plomb, nous avalons les km. Il se vérifie que la tâche n’est pas aisée, ceci, jusqu’à ce que un véhicule 4X4 s’arrête à notre hauteur. Ce sont de jeunes russes qui, aussi étonnés que les douaniers, nous proposent de monter à bord.

La partie de la route défoncée franchie, il nous sera par la suite très facile de rejoindre la ville de KARAKOL située à 70 km plus loin.

< LE MARCHE AUX ANIMAUX DE KARAKOL

Incomparable marché aux animaux d’Asie centrale !

L’un des plus spectaculaires après celui de KACHGAR en CHINE.

Arrivés sur place on se retrouve face à un désordre indescriptible. Les animaux s’entassent pêle-mêle à perte de vue. On ne sait où poser les pieds, où passer, alors que pour les kirghiz tout est parfaitement ordonné, rangé, sans problème apparent, où ils retrouvent sans difficulté, l’ustensile nécessaire à la poursuite de leurs activités. Pour eux, nous sommes des gens empruntés, qui ne comprennent rien à rien.

Les animaux sont entassés dans de vieux camions, de vieilles « LADA », des remorques, tirés au bout d’une corde, attachés à un pieu, aux barreaux d’une vieille « Guimbarde », à une barre de fer, etc… Ici et là, d’immenses taureaux solidement attachés essayent d’en découdre avec leurs voisins, mais la corde tient bon. Nous sommes face à un « capharnaüm » difficilement imaginable.

Les acheteurs tâtent le flanc des animaux qui, rapidement changent de propriétaires et sont entassés à nouveau dans d’autres « LADA », d’autres camionnettes, d’autres remorques en bêlant furieusement. Les chevaux, après ruades et distributions généreuses de coups de sabots, les vaches de coups de cornes sont saisis par les pattes, la queue, l’arrière-train par 7 ou 8 hommes qui les hissent dans différents véhicules. Les animaux beuglant, hennissant se retrouvent complètement abasourdis sur le plateau des moyens de transport. Ce sont des manœuvres qui se répètent dix fois, cent fois ! Spectacle ahurissant !

A la suite de quoi, les uns après les autres, les véhicules chargés à bloc, tant pis pour les animaux, toujours ordonnés à la manière kirghiz, quittent le marché.




kirghi2

Toujours en quête d’insolite, nous décidons de nous enfoncer au cœur des grands espaces, sur les pentes de collines ondulantes se situant entre 2500 et 3000 mètres d’altitude, jouxtant les contreforts de la chaîne de montagnes des TIAN SHAN.

A cette altitude se déploient de luxuriants pâturages appelés « Jailoo » où des bergers, semi-nomades, passent l’été avec leurs troupeaux.

A l’extrême est du pays, la vallée de Karkara, pas très loin de la CHINE et longeant le KAZAKHSTAN, assure la solitude au voyageur. C’est vers cette vallée que nous conduisent nos chevaux.

Nous nous déplaçons dans un paysage de vastes collines steppiques se déroulant à perte de vue. Nous côtoyons des yourtes. Nous rencontrons des chèvres, des moutons, des vaches, des yacks et bien sûr des chevaux. Les nôtres sont plutôt capricieux, difficiles à conduire. A la moindre inattention les coups de sabots pleuvent et les ruades ponctuent notre cheminement.

 Après 2 jours passés au gré de formations géologiques étagées, nous pénétrons dans la vallée de Karkara.

L’hospitalité légendaire des bergers nomadisant continuant d’effectuer la transhumance annuelle n’est pas un vain mot. Au cours de notre progression, passant devant les yourtes ponctuant le paysage, chaque famille invite les voyageurs que nous sommes à boire le koumis, lait de jument fermenté.

En milieu d’après-midi nous évoluons à près de 2500 mètres d’altitude et décidons d’établir notre campement pour quelques jours auprès d’une grosse yourte totalement isolée. Un immense troupeau de moutons, de vaches, de chevaux gravitent sur les pentes environnantes. Ces animaux appartiennent à nos hôtes. Nous avons installé notre toile de tente à proximité, mais la famille d’accueil, composée d’un couple et de 2 jeunes garçons, insiste avec vigueur pour que nous passions nos nuits à l’intérieur de la yourte. Nous obtempérons.

 Après la distribution de cadeaux transportés jusqu’ici afin de satisfaire au bon usage, à savoir : thé, miel, riz, pain, etc… un grignotage en guise de bienvenue nous est offert.

Après les civilités d’usage, il nous est proposé de partir à dos de cheval derrière la crête immédiate de la colline faisant face au campement. Le spectacle naturel qui nous est offert est envoûtant. Les paysages vertigineux sont d’une beauté saisissante. A perte de vue, les collines s’évanouissent au loin sur les contreforts des TIAN SHAN. Au pied de l’une d’elles une trentaine de juments, paissent au creux de la vallée sous la surveillance d’un jeune homme demeurant sur place, ceci afin de les traire à intervalles réguliers. Après la traite le lait subit un mélange permettant l’obtention du fameux koumis devenu boisson nationale.

Nous enfourchons à nouveau nos montures, remontons sur la crête d’une colline dominante et c’est alors que nous découvrons au loin, la steppe immense du KAZAKHSTAN, ondulant à perte de vue, se confondant à l’infini avec le ciel.

A la fin de la journée, à la nuit tombante, nous rejoignons la yourte pour y passer la nuit.

En matière d’habitation nomade aucune civilisation n’a jamais inventé mieux que la yourte. Elle offre un gîte idéal, spacieux, chaud en hiver, frais en été ceci étant le résultat obtenu par le feutre constituant sa carapace, les nomades utilisant les matières premières fournies par leur propre troupeau. Elle se monte, se démonte aisément et se transporte facilement par le troupeau lui-même.

Le lendemain, ainsi que les jours qui suivront, nous visiterons à dos de cheval l’immense vallée de Karkara. Notre hôte nous propose de nous faire découvrir les endroits qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. Un soir, il nous conduit à l’entrée de la vallée de Karkara, en quelque sorte un retour sur nos pas. Juste au pied, à l’enchevêtrement des collines, là où commence cette immensité plate, se love dans un écrin de verdure un petit village kirghiz. Nous assistons à un spectacle que nul voyageur ne devrait manquer en venant au KIRGHIZSTAN.

Des milliers d’animaux de toutes sortes dévalent les collines de velours afin de rejoindre le village et ses environs. Il y en a partout, dessus, dessous, devant, derrière, sur les côtés, sur tous les flancs des pâturages, mais aussi à perte de vue sur l’immensité plate. Ils sont rassemblés ici car c’est ici, dans un gigantesque nuage de poussière, que s’effectue la traite du soir.

Nous avons sous les yeux une animalerie dont il est impossible de définir les contours, contenue par des kirghiz installés sur des chevaux qui rétablissent le bon ordre à la moindre incartade.

Sans nous en rendre compte nous venons de changer de planète !

Ce spectacle de troupeaux, qui vont, qui viennent, qui passent et repassent en bêlant, en beuglant, en hennissant durera jusqu’à la tombée de la nuit, jusqu’à ce qu’ils se diluent lentement derrière les collines ondulantes des « Jailoo ».

« JAILOO » A PLUS DE 3000 METRES

Une semaine s’étant écoulée dans ce cadre enchanteur nous souhaitons pénétrer plus profondément dans les alpages. L’entrée de la vallée elle-même étant contrôlée par des militaires auxquels il faut montrer « patte blanche » nous est interdite.
En l’absence des documents nécessaires notre hôte, arguant qu’il n’y a jamais de contrôle plus loin, nous conduit en contournant un groupe de collines.

Il nous recommande à l’un de ses amis qui très volontiers prendra soin de nous.

Désormais, les « Jailoo » que nous foulons du pied se situent à plus de 3000 mètres d’altitude.

L’air et le ciel sont couleur azur. Le jour, la température demeure assez fraîche, il gèle la nuit. Nous nous sommes rapprochés des cimes enneigées des TIAN SHAN, barre frontalière avec la CHINE.

Nous avons sous les yeux le même spectacle inoubliable que la semaine précédente sauf que l’altitude lui confère encore plus de noblesse.

Le regard rencontre toujours et encore des troupeaux d’animaux de toutes sortes, cependant moins nombreux, conduits par des hommes à cheval. Ils vont s’abreuver dans les eaux bleu turquoise d’un petit lac de montagne facilitant ainsi leur présence à cette altitude.

Quelques yourtes sont dressées sur le pourtour du plan d’eau. A notre grande surprise, nous y côtoyons un troupeau d’une vingtaine de yacks tout noir.

Parcourant le secteur à cheval il n’est pas rare de rencontrer un animal mort qui sera, nous dit-on, dévoré par les rapaces et les loups.

FIN DE LA TRANSHUMANCE

Nous sommes à la fin du mois d’Août et déjà un soleil plus timide alterne avec les giboulées. De réelles tempêtes de neige sont assénées par des vents violents. Il se confirme qu’une autre phase de la transhumance débute. Dans le but de redescendre dans la vallée, certaines familles démontent déjà les enclos et réunissent les troupeaux. Dans la même démarche, nos hôtes décident de rejoindre le campement dans lequel nous avions précédemment séjourné.

D’abord, nous traversons ce qui s’apparente à des paysages de montagnes.

Ensuite, on s’introduit dans un labyrinthe où un soleil de fin de journée inonde les deux flancs de la montagne qui se sont transformés en d’immenses mamelons veloutés aux couleurs mordorées. Il s’y crée des jeux d’ombre, mettant en relief des dentelles soyeuses et veloutées dévalant la pente par vagues étagées, terminant leur course folle au fond de la vallée en gigantesques coulées mordorées.

Spectacle grandi



kirghi3

Parvenus au fond de la vallée nous assistons à une des premières chasses à l’aigle de la saison.

Elégamment vêtu, les fauconniers se déplacent à cheval, aigle sur l’avant bras droit. L’attitude se veut cérémonieuse. Il est à préciser que ce genre de chasse est réservée à l’élite nomade.

« un fauconnier est toujours issu d’un clan noble » nous dit-on.

Quelques personnes à cheval parcourent le flanc de la colline toute proche quand, soudainement, un fauconnier décapuchonne son aigle qui immédiatement prend son envol et se dirige d’une rapidité fulgurante au pied de la colline. « Il a capturé un lapin », nous dit-on.

Il reste immobile sur sa proie, les ailes écartées et cède l’animal à son maître lorsque celui-ci arrive au galop et s’agenouille auprès de lui.

CONCLUSION

Cet épisode va clore notre séjour dans les « Jailoo » du KIRGHIZSTAN, pays profondément ancré dans ses traditions.

Ses vallées alpines, ses « Jailoo » veloutés, ses sommets perpétuellement enneigés ont valu à la petite république du KIRGHIZSTAN le surnom de « Suisse de l’Asie centrale ».

Mais les similitudes s’effacent devant les chasses à l’aigle, les yourtes, les nomades…

< MAURICE THINEY

MEMBRE :
- DE LA SOCIETE DES EXPLORATEURS FRANÇAIS
- DE LA GUILDE EUROPEENNE DU RAID
- DU CLUB INTERNATIONAL DES GRANDS VOYAGEURS
- D'AVENTURE DU BOUT DU MONDE
- DE L'ORGANISATION MONDIALE DE LA PRESSE PERIODIQUE


Lu 4048 fois

Derniers adhérents en ligne

vpoyade   pgoossens   cpruvel   anpoisson   phumbert   adhabm   cherveau   digrain   fseitz   jpdevey   opaugam   bebauthamy   venedellec   mabertheney   chlouis  
Copyright © 2024 Aventure du Bout du Monde - Tous droits réservés
Joomla! est un Logiciel Libre diffusé sous licence GNU General Public