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mercredi, 22 janvier 2014 17:26

Oulata : festival de villes anciennes ( Mauritanie)

Oualata, sud-est de la Mauritanie, surnommée "rivage de l'éternité" par les caravaniers au XVe siècle. C'est dans ce village classé au patrimoine mondial de l'Unesco que s'est déroulé en janvier le quatrième Festival des villes anciennes.
Durant quatre jours plusieurs centaines de personnes, bédouins et citadins ont retrouvé famille et tribus pour fêter les chants tradi-tionnels, écouter la récitation de poésies, jouer à la pétanque — sport national en Mauritanie depuis le passage des Français. Mais les courses de plusieurs dizaines de chameaux fièrement décorés dont certaines portent une affichette à l'effigie du président mauritanien — élections proches obligent —, et les tirs à l'arme étaient aussi très attendus et ont remporté du succès.

Quelque cent quatre-vingt touristes français accompagnés par une agence se sont ajoutés aux Mauritaniens venus de Nouadibhou et de Nouackchott. D'autres ont parcouru plus de 160 kilomètres à dos de chameau pour rallier cette quatrième manifestation culturelle dans le pays, dans une zone classée "rouge" par le ministère des Affaires étrangères françaises.

À quelques kilomètres de là, à la frontière avec le Mali, un camp de réfugiés maliens recueille plus de 60 000 personnes dans des conditions extrêmement difficiles. Dans ce contexte, sous surveillance de l'armée, les festivaliers mauritaniens et français ont essayé d'estomper l'actualité.

Soyez les bienvenus L'hospitalité mauritanienne s'est confirmée. Tout au long de nos balades dans la petite ville encadrée de montagnes rocheuses aux couleurs chocolat et brun, les habitants nous ont proposé de visiter leur maison, d'admirer les décorations réalisées par les femmes sur les encadrements des portes et les murs en boue séchée avec de la chaux blanche ou colorée. Si les dessins ne revêtent pas de signification particulière, ils témoignent de la créativité des femmes qui peignent tout à la main pour embellir ces maisons simples mais belles, au confort spartiate. La ville est encore enclavée, à deux jours de voiture de la capitale, sur un terrain poussiéreux, sablonneux avec des herbes jaunes.

Un riche passé Il y a longtemps de cela, Oualata était un lieu de passages des caravanes. De vieux manuscrits, des textes islamiques religieux sont rassemblés dans de petites armoires métalliques à tiroir protégées plus ou moins du sable au centre du musée. Ces précieux documents écrits sur de beaux papiers beiges écornés, abîmés par le temps ressemblent aux manuscrits de Chinguetti, calligraphie et enluminures en moins. On remarque le Journal officiel français datant du début du XXe siècle, relié dans un livre en cuir marron, et plusieurs exemplaires du journal Le Monde de 1991, avec à la Une des articles sur Gorbatchev. Un air décalé dans cet endroit au bout du monde.

Tout au long de notre séjour, des "soyez les bienvenus" ont résonné à nos oreilles, qui pour faire visiter une maison, qui pour boire le traditionnel thé préparé avec soin et goûter au bon pain sorti du four ! Attirée par l'odeur de pain chaud, la queue se forme rapidement au pied du fournil au point que, lorsque le boulanger sort les pains par paquet de cinq collés les uns aux autres telles des mini-baguettes, la petite troupe s'apostrophe pour savoir qui sera servi avant l'autre.

Élégance de mise Dès le premier jour des festivités, des dizaines de chameaux aux selles décorées, soutenues par des tapis colorés font la course d'un bout à l'autre des campements. Les hommes, fiers dans leur boubou (draa) bleu, blanc et leur chèche bleu turquoise, bleu ciel, blanc ou noir s'alignent pour la course. Certaines femmes, de leur côté, réunies sous des tentes avec des enfants en bas âge, entonnent des chants dans une joyeuse ambiance. Habillées de couleurs orange, violet, rouge, vert, drapées dans leur melhafa, les femmes sont gracieuses. Le soir, pour assister aux spectacles de chants, de poésie, elles revêtent des melhafa plus beaux encore, dans des tissus qui ressemblent à de l'organza, légèrement transparent, laissant deviner des cheveux retroussés, un bras nu, avec beaucoup d'élégance. Les hommes ne sont pas en reste, qui portent eux aussi leurs beaux boubous, contents de venir se distraire. Et souvent, quand hommes et femmes se déplacent, un instant fugace on sent la fragrance de leur parfum.

Et puis, bien sûr, traditionnellement, les hommes tirent. Ils se sont préparés depuis plusieurs mois pour participer et assister à la compétition d'une activité dans laquelle ils voient le symbole de leur puissance et de leur masculinité : le tir au FM belge et au mauser. Quelque 35 équipes de dix personnes sont présélectionnées dans tout le pays. Chaque parti-cipant tire trois coups et, s'il réussit à détruire des bouteilles vides à 200 mètres, gagne des bouteilles... de mangue. En cas de victoire, c'est un déferlement de louanges chantées par le griot à qui l'heureux élu glisse un billet dans la main pour qu'il continue à vanter ses qualités. Et, bien sûr, les amis se congratulent pendant que l'assistance masculine boit du thé et commente à qui mieux mieux ou conteste les décisions du jury.

C’est dans cette ambiance que s’est tenu ce quatrième festival, qui n’était pas totalement sous le signe de la détente mais que les autorités mauritaniennes et agences françaises et mauritaniennes souhaitent utiliser comme faire-valoir pour faire revenir les voyageurs dans un pays qui recevait 14 000 visiteurs par an, avant la mort de touristes Français fin 2007 et la situation au Mali.

. La chute du tourisme est dramatique, c'est incontestable, pour la survie, y compris économique, des familles mauritaniennes mais la situation géopolitique n'est pas des plus incitatives pour que les touristes reviennent.

< Texte et photos Anne Lohéac (92)
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