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mercredi, 25 juin 2014 14:34

Améliorer la condition des femmes en Inde

Nettapakam, Tamil Nadu, Inde, petite ville de 25 503 âmes à 25 kilomètres de Pondichéry. Milka a choisi d’y passer un mois pour apporter son soutien à la Karunalayam Rural Welfare Society, ONG de défense des droits des femmes.

Créée en 1994, la Karunalayam Rural Welfare Society (KRWS) a  pour but d’améliorer la vie des femmes rurales à travers des formations, des programmes de sensibilisation et un projet de micro-crédit. Les locaux de l’association abritent, outre les bureaux des employés, une pièce dédiée aux cours de couture, une salle informatique et même une petite crèche. L’association développe avant tout une mission de médiation familiale.

Les couples et les adolescents viennent y exposer leurs problèmes - souvent en rapport avec l’alcoolisme et les violences conjugales – et chercher une oreille attentive auprès des deux travailleuses sociales de l’association.

Des sessions de sensibilisation pour lutter contre l’avortement sélectif

Dans les villagesenvironnants, l’association dispense égalementdes programmes de sensibilisation sur unevaste gamme de sujets : responsabilisation desfemmes, méfaits de l’alcool, prévention du suicideou de la malnutrition, importance de l’hygiènepersonnelle, etc. J’ai participé à ces programmes,aux côtés de deux autres volontairesfrançaise et belge. Nous avions pour missiond’encourager ces femmes à donner une bonneéducation et des soins de santé de qualité àleurs enfants, notamment aux petites filles.

En effet, l’un des problèmes majeurs en Inde reste l’avortement sélectif et la préférence pour les bébés de sexe masculin, les filles étant considérées comme une charge en raison de la dot que devra payer la famille au moment de son mariage.

Au cours des dernières années, de nouveaux appareils chinois permettant de réaliser des échographies à moindre coût ont fait leur apparition sur le marché indien. Ce phénomène, qui a permis de démocratiser l’accès aux soins, a entraîné dans le même temps une augmentation importante du nombre d’avortements sélectifs.

Les familles peuvent désormais connaître le sexe du foetus à l’avance... et donc choisir de poursuivre la grossesse ou de l’interrompre en toute connaissance de cause. Résultat : les hommes en Inde sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux que les femmes. Dans certaines régions, celles-ci font même l’objet de trafics car les célibataires ne trouvent plus d’épouses.

Inde 1Mariages arrangés et violences conjugales

À peine arrivées au village, nous sommes observées avec curiosité par les femmes.

Certaines rient même quand nous les saluons. Il faut dire qu’être “blanc” demeure objet de curiosité ! Ces femmes sont fascinées par notre peau claire, synonyme de beauté en Inde. Il n’y a qu’à voir toutes les publicités à la télévision où des Indiennes à la peau extrêmement pâle vantent les bienfaits de tel savon ou de tel yaourt.

Elles nous font asseoir sur des chaises, tandis qu’elles-mêmes sont assises à même le sol. Un sentiment gênant de post-colonialisme m’envahit, mais je ne peux pas aller à l’encontre de la tradition d’hospitalité indienne. Ces femmes sont belles, drapées dans leurs saris colorés et leur dignité : malgré leur vie souvent difficile, elles savent se montrer fortes et profiter de chaque bonheur de la vie.

Et pourtant, les problèmes demeurent nombreux : violence domestique et mariages arrangés sont encore le lot quotidien de beaucoup de femmes. Rani est mariée à un homme alcoolique et violent qu’elle a décidé de quitter.

Mais les choses ne sont pas si simples. Une femme indienne qui quitte le domicile conjugal est condamnée à subir l’opprobre de la société. Nous rencontrons également Barathi. À seulement 21 ans, elle vient de réussir un concours de tailleuse-couturière dans la fonction publique. Mais ses parents en ont décidé autrement : elle doit renoncer à son projet et à sa carrière pour se marier. Elle qui aspirait à une

vie différente, plus indépendante

Même les salariées de l’association, qui défend pourtant le droit des femmes, ne sont pas épargnées : un matin, l’une d’elles arrive avec une grande balafre sur le visage. Quand nous lui demandons ce lui qui est arrivé, elle nous raconte son histoire : Bouvana est mariée et mère de deux enfants - une fille et un garçon.

Son mari a quitté le domicile conjugal pour une autre femme, emmenant avec lui son fils, qu’elle ne revoit plus qu’occasionnellement au moment des vacances scolaires. La veille, son fils est allé dîner chez son oncle paternel.

Lorsque Bouvana a voulu le récupérer, l’oncle paternel et une partie de la famille s’y sont opposés et l’ont frappée à coups de bâton.

Abirami travaille elle aussi pour la KRWS, en tant que travailleuse sociale. Elle a suivi cinq années d’études supérieures, elle est indépendante, mais elle va tout de même se marier avec l’homme que ses parents ont choisi pour elle. Quand nous lui demandons pourquoi, elle nous répond simplement, dans un large sourire : “Si c’est le choix que mes parents ontfait pour moi, ce sera forcément le meilleur”.

Le mariage arrangé semble donc encore très ancré dans les esprits, malgré une évolution certaine illustrée par l’apparition récente d’un Meetic indien. Les aspirants candidats au mariage remplissent une fiche en ligne décrivant leur profession et caste à destination des… parents qui choisiront in fine le candidat idéal pour leur progéniture. Un usage symptomatique de l’Inde qui reste un pays profondément attaché à ses traditions mais malgré tout ouvert à la modernité.

< Texte et photos Milka Kahn (30)
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