You have no items in your shopping cart.

Vous êtes iciAccueil|La vie de l'association|Récits de voyage|Une semaine à Luang Prabang
jeudi, 11 décembre 2014 15:07

Une semaine à Luang Prabang

Seule ville du Laos inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Luang Prabang ne manque pas d’atouts.

La couleur est le premier élément qui frappe le visiteur à son arrivée à Luang Prabang : floraison écarlate des arbres qui longent les berges du fleuve, festival de couchers de soleil sur le Mékong, vats resplendissants de tons rouges et or, robes safran des centaines de moines et novices, couleurs méridionales des maisons, palette multicolore de fruits parfois inconnus.

Viennent ensuite les odeurs : du fleuve, du café fraîchement torréfié, des marchés et de la cuisine épicée. Enfin, on remarque la beauté tranquille du lieu, les décors patinés d’une époque révolue et une certaine douceur de vivre un peu surannée vous envahit tout doucement.

Entourée de montagnes, à 700 mètres d’altitude et au confluant de la Nam Khan et du

Mékong, Luang Prabang est aujourd’hui le premier site touristique du pays et ça se voit.

Restaurants, bars de nuit, location de vélos et scooters, groupes photographiant à tout va sans même descendre de leur bus climatisé, routards modernes ou soixante-huitards attardés, tous les ingrédients d’un tourisme presque de masse sont réunis. Il faut avouer que les choses à voir et à faire ne manquent pas.



Le Laos est placé depuis 1489 sous la protection d’une statue du Bouddha, en or fin, dont le nom se traduit par luang pour grand et prabang pour statue d’or sacré, d’où le nom de la ville. Il trône au Palais Royal. Le centre historique vient d’être entièrement réhabilité par la France : création d’un réseau d’eaux usées, dallage des venelles, éclairage nocturne, font de ce vieux quartier qui partait en ruine un lieu de résidence prisé où la flambée des prix de l’immobilier chasse les habitants traditionnels au profit des hôtels. Dans cette restauration, l’écologie n’a pas été oubliée avec la mise en valeur des zones humides. À la fois bassins de devers à la saison des pluies et jardins aquatiques, certains de ces étangs au coeur de la ville ont aussi un rôle de système d’épuration100 % naturel.

Tous les matins se tiennent des marchés non loin du Mékong. Encore authentiques, c’est un vrai plaisir d’y flâner. Les spécialités sont parfois déroutantes : rats, serpents, sabots de boeufs… Tous les légumes proposés proviennent essentiellement des jardins sur les rives du fleuve. Avec la saison sèche, son niveau baisse, offrant des berges riches en limon fertile.

 
Si Luang Prabang n’est plus la capitale du pays depuis 1564, elle en est restée la capitale religieuse avec ses 16 temples rutilant d’or et de tuiles vernissées presque tous en activité. N’appelle-t-on pas Luang Prabang la ville aux mille pagodes ? La plupart accueillent des centaines de moines, novices et enfants qui suivent là leur scolarité, non pas que l’État n’assure pas l’éducation scolaire de la jeunesse, mais c’est un choix comme en France nos écoles privées.

Mais ce qui fait, hélas, courir les foules, c’est la cérémonie du Tak Bat ou procession des moines allant quérir leur nourriture. Perpétuant un rite millénaire, tous les matins dans l’aube naissante, fraîche et teintée de bleu, les moines sortent de leur monastère au son de cloches en bois pour s’en aller mendier leur nourriture dans les rues de la ville. Cortèges silencieux de robes safran en files indiennes, portant au côté un bol en métal recouvert d’un couvercle qui s’entrouvre pour laisser les fidèles y glisser une boulette de riz gluant ou des fruits. Le long du trottoir, les femmes restent accroupies sur de petits bancs alors que les hommes se tiennent debout mais sans jamais être plus haut que les moines ni croiser leur regard. Ce rituel, présent dans toute l’Asie bouddhiste, a un double but : fournir aux moines leur nourriture et offrir aux fidèles l’occasion d’accomplir un acte méritoire.

Tous les matins de notre séjour, nous avons pu suivre le Tak Bat. Oserais-je dire que parfois la présence irrespectueuse de certains voyageurs transforme les pauvres moines en “bêtes de foire” ? Alors qu’il suffit de peu de chose pour inverser le processus : le deuxième matin, un jeune moine me reconnaissant de la veille, m’a discrètement demandé mon nom et donné rendez-vous devant son monastère où nous avons échangé adresse mail et petits cadeaux. Heureusement, le tourisme voyeur est concentré sur la rue principale. Dès que l’on suit les cortèges dans les ruelles, on se retrouve dans un autre monde où seuls le bruit des pas nus et le tintement des bols à aumône troublent la sérénité matinale. Et on peut observer l’amusant manège de moinillons s’échappant discrètement du cortège pour aller chercher chez maman une nourriture plus consistante que les boulettes de riz traditionnelles.

Le Mékong, fleuve mythique s’il en est, fait partie du décor de Luang Prabang. Une petite balade à bord d’une barque pour aller visiter les grottes de Pak Ou et se terminant par un inévitable coucher de soleil, s’impose. Mais pour qui veut découvrir le fleuve de façon authentique, il suffit de s’embarquer sur un bateau traditionnel pour deux jours de navigation vers la Thaïlande. Mieux vaut effectuer le voyage en remontant le fleuve, les barques sont bien moins chargées et le voyage gagne en confort.

Il faut dire que les bancs de bois étroits et les rangées serrées ne sont pas aux gabarits occidentaux.

Ce lent voyage permet d’admirer les magnifiques paysages de montagnes bleuissant en fin de journée, les petits villages cachés sur les berges, la vie au bord du fleuve avec ses orpailleurs ici, ses enfants là.

< Texte et photos Francis Bourguer (88)

Lu 4024 fois

Derniers adhérents en ligne

parousset   mserres   lamand   jcdufresnes   jpavageau   brguillaume   maquernez   chlouis   miricher   masaguet   phkouater   gepotier   vpoyade   fmaignan   gcorsaletti  
Copyright © 2024 Aventure du Bout du Monde - Tous droits réservés
Joomla! est un Logiciel Libre diffusé sous licence GNU General Public