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mercredi, 06 avril 2016 11:00

Amazonie colombienne

En cette fin de matinée du 1er Février 2016, nous volons en direction de la Colombie, pays s’étalant sur 1,14 million de km2.

Pendant de longues années, la Colombie a été évitée par les voyageurs en raison d’un conflit intérieur complexe et d’une guerre de la drogue internationale qui ont compliqués à outrance la vie quotidienne des habitants.

Malgré des efforts importants pour corriger son image, la Colombie présente encore bon nombre de zones dangereuses. Même à Bogota certains quartiers restent non fréquentables. Le quartier Barrio Egypto est à éviter. Les agressions au couteau et le trafic de drogue sont courants à l’extrémité nord du Parque de los Periodistas. Il est préférable d’éviter la route entre l’Universidad de Los Andes et Montserrate. La liste n’est pas exhaustive.

Nous ne serons pas concernés par les problèmes de sécurité de Bogota, notre destination se situant tout au sud du pays, au cœur du bassin amazonien. A cette pensée, immédiatement surgissent des visions de forêt vierge, de vie sauvage exubérante, de l’immense fleuve Amazone.

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VOL POUR LA FORET AMAZONIENNE

Pour avoir le privilège de s’y introduire, en flirtant avec le fleuve Amazone, une seule solution : emprunter l’avion pour se rendre à Leticia, trônant au confluent amazonien de la Colombie, du Brésil et du Pérou. Il n’y a pas de route pour s’y rendre. Leticia est distante de quelque 800 Km. de la route colombienne la plus proche. Il faut savoir que la région amazonienne couvre tout le sud-est de la Colombie et s’étale sur un tiers du pays.Le 03 Février, nous quittons Bogota.

L’avion s’élève lentement.

La végétation, d’abord clairsemée, devient plus dense, puis la forêt entre en scène, épaisse, sans route, sans village, sans signe de vie, sans faille, écrasante. Nous avons sous les ailes de l’avion un océan de verdure, cette forêt mythique fournissant la moitié de l’oxygène de la planète. Elle s’étale à perte de vue. L’image que notre esprit s’en était forgé correspond presque à la réalité. L’idée que nous allons fouler du pied le sol de cette mer perpétuellement verte nous impressionne.

L’annonce d’un atterrissage tout proche coupe court à notre imagination vagabonde. Le train d’atterrissage touche le sol, la porte s’ouvre, une chaleur accablante nous enveloppe.

Nous sommes à pied d’œuvre.

Naviguer sur le fleuve Amazone procure un étrange sentiment d’euphorie difficilement descriptible. Savoir que l’humanité n’a pas encore domestiqué le plus grand fleuve du continent est enivrant.

Il prend naissance dans les andes péruviennes et se déverse, au terme d’un périple de 6570 km, par un immense delta de 330 km. de large dans l’Atlantique à Macapa au Brésil, infiltrant l’eau de la mer jusqu’à 100 km au large.

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Au terme de 2 heures de navigation en direction du nord, sur un fleuve couleur ocre charriant une quantité inimaginable d’arbres entiers arrachés à la forêt, sur lesquels, à proximité de la rive ralentissant considérablement le courant, des enfants se laissent lentement dériver, nous pénétrons sur les eaux de la rivière Matamata dans le village de Macasua.

C’est à cet endroit que nous avons envisagé de rencontrer plusieurs communautés d’amérindiens. Nous sommes accueillis par le chef du village nommé Rapito. Cette communauté, aux manières douces et agréables, s’avère très accueillante. Nous sommes chez les Huitotos. Pendant tout notre séjour nous serons aux bons soins de la population.

Nous avons à notre disposition un guide et quasiment en permanence une embarcation à moteur nous permettant de remonter la rivière Matamata, mais aussi de faire quelques incursions au Pérou, sur l’autre rive de l’Amazone. Si du côté Colombie nous n’avons rien remarqué, au Pérou on nous parle avec aisance de trafic en tout genre, y compris de la prostitution et de la cocaïne.

Pour l’heure, on nous parle surtout du cacao.

Le trafic à cours surtout la nuit, tous phares éteints. La valeur de l’argent étant 5 à 6 fois plus forte du côté colombien, ce trafic s’avère très lucratif pour les péruviens.

< LES HUITOTOS

La communauté Huitoto, très tolérante, nous permet de participer à toutes leurs activités. La chasse aux caïmans se pratique la nuit. On nous aménage une petite place sur l’embarcation. Notre canot quitte la rivière Matamata pour s’engager sur l’un de ses affluents, la rivière Caliga. C’est un cours d’eau étroit au faible courant. Une épaisse végétation aquatique dissimule ses rives. Les caïmans y sont nombreux et très facilement repérables. A l’aide d’une lampe frontale, dont le faisceau de lumière balaie les rives, les yeux rouges des caïmans brillent dans l’obscurité. A l’extrémité d’une grande perche en bois pend un fil de nylon au bout duquel un nœud coulant est aménagé. Il est délicatement passé autour de la gueule du caïman. De la même manière qu’un pêcheur ferre le poisson, le même geste permet de capturer le caïman qui se débat avec force, difficilement contrôlable, au bout de la ligne.

Le piège est imparable !

J’ai souvent entendu parler les membres de la communauté d’un chamane et de sa Maloca. Aussi je brûlais, sans vouloir griller les étapes, de le rencontrer. Ce qui me fût accordé.

La Maloca, immense bâtisse en bois dans laquelle ont lieu diverses manifestations, se situe à quelques km. du village.

Trois personnes se trouvent à l’intérieur, dont le chamane Hitoma Sofiama. On perçoit le respect manifesté à son égard. C’est un homme grand mais aussi, semble-t-il, un Grand Homme, dégageant une prestance certaine qui, après les présentations d’usage, se réinstalla dans son hamac afin d’y trouver le repos. L’entrevue se résuma à ces présentations. Je suis cependant satisfait car, sans y être introduit, il ne m’aurait pas été permis de le rencontrer.

Les 2 autres personnes s’affairent autour d’une activité dont je ne perçois pas immédiatement la portée. En réalité, ils préparaient de la poudre de coca nécessaire à leur consommation. Dans un grand plateau de fer incurvé posé à même un foyer embrasé, les feuilles de coca sont remuées de manière permanente de façon à ce qu’elles ne se consument pas. Ensuite, elles sont émiettées à l’aide d’un pilon dans un cylindre en bois, pour être enfin mélangée à de la cendre de bois. La coca, ainsi préparée, est destinée à la consommation. Les Huitotos en ingurgitent tellement qu’ils sont surnommés : le peuple de la coca.

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SUR LE LIEU DES ANCETRES HUITOTOS

D’après quelques récits quelque peu nostalgiques de la part de nos hôtes, il semblerait qu’ils auraient été attirés, il y a quelques années, sur le bord de l’Amazone sans avoir manifesté de résistance. Parce qu’il leur était promis une vie plus facile, ils seraient venus s’installer sur le bord du fleuve. D’après eux, tous les améridiens situés à plusieurs dizaines de km. à la ronde, voire des centaines, auraient réagi de manière semblable. J’ai souhaité m’enfoncer dans la forêt afin de me rendre compte de la réalité de ces paroles.

Nous nous engageons pour plusieurs jours en pirogue à moteur sur la rivière Matamata et par la suite sur son affluent Bacaba. Au cœur de la forêt amazonienne, l’enfer vert à des allures de paradis oublié. Nous naviguons entre 2 rives d’où jaillit une végétation dense de laquelle s’échappent à grandes envolées de nombreux oiseaux. Nous nous introduisons dans une pénombre étrange, où, sous la voûte des branches la rivière se mélange à la végétation et regorge de piranhas avec leur fameux sourire carnassier, et autres poissons.

A un moment du voyage, je perçois une attitude très particulière de l’améridien qui conduit la pirogue. Il scrute avec insistance quelque chose sur la rive.

Le moteur arrêté, il laisse glisser l’embarcation dans son élan jusqu’à approcher à quelques mètres un énorme anaconda.

A cet instant, comme notre compagnon de voyage, la jungle amazonienne semble retenir son souffle.

Lové sur la rive, l’animal digère une proie récemment engloutie. Il ne semble pas se soucier de notre présence quand, soudain, il se dresse sur 2 à 3 mètres de hauteur pour plonger très rapidement entre la rive et notre pirogue, provoquant une vague inquiétante pour notre embarcation.

Impressionnant, quand on sait qu’un anaconda peut mesurer 8 mètres et peser 230 kg.

Notre progression reprend. Le soir, nous installons notre campement au cœur de la forêt.

Dès que la nuit tombe, la jungle s’éveille. Tout une symphonie musicale se met en place. Des crissements, des croassements, des hululements, des hurlements, des beuglements, des froissements de la végétation, tout cela contribue au tintamarre de la vie nocturne de la jungle. C’est enivrant, envoûtant. C’est un émerveillement.

Au loin, un groupe de singes hurleurs mêlent leurs cris à cette symphonie.

Très tard dans la nuit le silence revient, tout aussi envoûtant que la symphonie qui le précédait et je finis par m’endormir.

Le temps s’écoule au rythme de la navigation sur la rivière et, de temps à autre, des incursions dans la jungle.

En forêt, m’explique mon guide amérindien, le risque ce ne sont pas les jaguars, les serpents, les araignées, c’est de se perdre.

Au cours de cette incursion au cœur de l’Amazonie colombienne force est de constater, qu’en dehors de quelques mygales rencontrées et des traces laissées par les jaguars, ne subsistent que les vestiges d’anciens villages amérindiens. Ceci semble confirmer les paroles des Huitotos affirmant que les amérindiens ont tous été aspirés, par différents artifices, au bord de l’Amazone. Cette migration a débuté il y a une quinzaine d’années. Au regard de tous les amérindiens que j’ai côtoyé au cours de ce séjour, doux, accueillants, dociles, il ne semble pas que la tâche ait pu être compliquée.

Ils sont maintenant installés au bord de l’Amazone, mais ici, il n’y a ni bûcherons, ni paramilitaires, ni orpailleurs à la gâchette facile, ce qui est loin d’être le cas en d’autres endroits préoccupants de la Colombie.

< Maurice Thiney (21)







 

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